Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 497.

11 apr 1849 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

De bien longtemps je ne vous permettrai pas de sortir de votre supériorat – L’union à Dieu et les moyens d’y parvenir – Mon voyage à Paris – Varia.

Informations générales
  • PM_XIV_497
  • 0+609 a|DCIX a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 497.
  • Orig.ms. ACR, AD 636; D'A., T.D. 20, pp. 79-81.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 AMOUR DES ELEVES
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 ENFANTEMENT DES AMES
    1 EXAMENS SCOLAIRES
    1 FAUTE D'HABITUDE
    1 GRACES
    1 HUMILITE
    1 PATIENCE DE JESUS-CHRIST
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SUPERIEURE GENERALE
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VOIE UNITIVE
    1 VOLONTE DE DIEU
    1 VOYAGES
    2 ACHARD, MARIE-MADELEINE
    2 BAILLY, EMMANUEL SENIOR
    2 BALINCOURT, MARIE-ELISABETH DE
    2 GAUDE, MARIE-RODRIGUEZ
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    3 PARIS
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 11 avril 1849.
  • 11 apr 1849
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
  • *Madame*
    *Madame la Supérieure de l'Assomption*
    *n° 94, rue de Chaillot*
    *Paris.*
La lettre

Enfin ma chère fille on me laissera un moment libre pour pouvoir causer avec vous. Les examens qui ont commencé Immédiatement après Pâques et qui durent pour moi du matin au soir ne me laissent pas le temps de me retourner, et voilà que je suis encore dérangé par une affaire un peu ennuyeuse, dont on vient de me parler depuis une heure. Cependant je veux vous entretenir de quelques questions assez graves. Premièrement de vous. Quoique vous ne m’ayez pas envoyé, à proprement parler, de compte rendu dans votre dernière lettre, il y a assez de choses sur votre intérieur, pour que je puisse causer avec vous de cette pauvre âme qui se relève si difficilement. Souvenez-vous bien, en premier lieu, que de bien longtemps je ne vous permettrai pas de sortir de votre supériorat; c’est une question tranchée pour moi de la manière la plus formelle. IL m’est impossible d’avoir une hésitation à cet égard, c’est un point réglé. Je vous laisse me faire toutes les observations que vous voudrez, je ne nie laisserai pas ébranler. Je crois que Dieu vous veut là. Je crois qu’il veut que vous donniez votre esprit à l’oeuvre fondée par vous. Voilà ce qui m’est parfaitement évident et trop évident, pour que je sorte de cette idée, à moins d’une révélation sur laquelle je ne compte pas.

Mais ce à quoi je crois aussi devoir travailler, c’est l’union avec Dieu. Vous êtes encore bien mauvaise, bien faible, bien indépendante et bien orgueilleuse; cela perce, non pas seulement dans vos aveux, mais à chaque blessure que reçoit votre âme et qui laisse couler vos mauvaises dispositions. Mais ce n’est pas une raison pour que Notre-Seigneur dans son infatigable patience, ne vous aime beaucoup et renonce à faire de vous une sainte. Voulez-vous bien le devenir ? Les vertus auxquelles vous vous sentez attirée sont excellentes; il faut les cultiver : l’obéissance envers moi et envers la règle que je vous prie de rendre de plus en plus exacte, l’humilité également, mais au-dessus de toutes choses la charité. C’est par la charité que Dieu donne au supérieur d’enfanter les âmes, et c’est là notre grand travail. Je ne puis vous dissimuler que, si j’espère vous faire du bien et que si je vous retiens sous ma direction, ce n’est pas parce que je me crois capable de vous bien conduire, mais parce que j’ai la conviction de toute mon affection pour vous et que j’espère obtenir de Dieu, à cause même de cette profonde et paternelle tendresse, les grâces qui vous feront plus de bien que toutes mes paroles. Ce que je suis, ce que je veux être davantage chaque jour à votre égard, soyez-le de votre côté pour toutes vos filles; mais avant tout soyez-le pour Dieu, et pour cela unissez-vous à lui d’une présence continuelle. Dieu, soyez-en sûre, vous attirera, à mesure que vous le chercherez davantage.

Quant à mon voyage de Paris, voyez si je puis le faire. Le carême a fait baisser le niveau moral de la maison; il me faut absolument le remonter ou nous allons tomber dans quelque chose de déplorable, non pas qu’il y ait du mal, mais parce que maîtres et élèves se ressentent des distractions que ma station a causées. Puis, si le choléra vient de nos côtés, ma place n’est-elle pas au milieu de mes enfants ? Cependant, j’ai besoin de vous voir avant six mois. Une dernière raison, je voudrais aller à Paris quand Mme de Puységur n’y serait plus, afin de n’avoir à m’occuper que de vous et de l’oeuvre. Tout fatigué que je suis du carême, je ne suis pas allé voir ma mère, qui est à deux heures de Nîmes, pour surveiller ma maison. Tous les jours je me concentre un peu plus. Il y a beaucoup de choses à dire sur cette maison, qui gagne tous les jours par le nombre et par le bon esprit des élèves, mais qui a besoin de gagner du côté de certains maîtres. Oh ! quand pourrons-nous avoir un certain nombre de religieux ?

Adieu, ma chère fille. Le temps me manque, mais si demain, jeudi, je le puis, je vous écrirai encore.

Tout vôtre en Notre-Seigneur. J’ai confessé mon avocat et je n’ai pu lui parler de l’affaire Bailly. Ce pauvre homme est à la veille de perdre sa jeune femme. Adieu encore une fois.

12 avril.

Hier, je voulus attendre pour fermer ma lettre, et puis le temps me manqua. Aujourd’hui, mes examens m’absorbent encore, et l’on me demande des rendez-vous en si grand nombre que je ne sais où j’en suis. Je ne vous en dis pas plus long; seulement la tourière et Soeur Marie-Madeleine sont prêtes. Faut-il renoncer à vous envoyer Mlle Gaude ? Il me semble que vous en serez contente; il y a bien de la générosité dans cette âme. Mlle de B[alincourt] me semble bien prête à vous venir.

Notes et post-scriptum