Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 501.

30 apr 1849 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Sr M.-Madeleine – Profession des cinq premières Soeurs du Tiers-Ordre – Au Refuge – Vous n’êtes pas parfaite mais le plus ardent désir de J.-C. sur votre âme est que vous le deveniez.

Informations générales
  • PM_XIV_501
  • 0+612 a|DCXII a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 501.
  • Orig.ms. ACR, AD 640; D'A., T.D. 20, pp. 83-85.
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 ACTION DU CHRIST DANS L'AME
    1 DEVOTION A LA SAINTE VIERGE
    1 FAUTE D'HABITUDE
    1 OEUVRES MISSIONNAIRES
    1 OUBLI DE SOI
    1 POSTULAT
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REFUGE LE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SUPERIEURE
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    1 VERTU DE FORCE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOEUX DU TIERS-ORDRE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 ACHARD
    2 ACHARD, MARIE-MADELEINE
    2 BOLZE, MADAME SIMEON
    2 BRUNO, SOEUR
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 CATHERINE DE SIENNE, SAINTE
    2 COIRARD, MIRRA
    2 GAUDE, MARIE-RODRIGUEZ
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 RIGOT, MADAME
    2 ROCHER, MADAME
    2 VARIN D'AINVELLE, JEANNE-EMMANUEL
    3 BEAUCAIRE
    3 NIMES
    3 TOULON
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 30 avril 1849.
  • 30 apr 1849
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
  • *Madame*
    *Madame la Supérieure de l'Assomption*
    *n° 94, rue de Chaillot*
    *Paris.*
La lettre

Ma chère fille,

J’ai reçu hier au moment de partir pour Beaucaire, votre lettre où vous me parlez de Soeur Marie-Madeleine; je vais y répondre de mon mieux. Je n’ai absolument rien de positif sur cette pauvre Soeur, sinon que je crains bien qu’il n’y ait quelque regret chez elle de se voir forcée à rentrer au couvent. N’est-ce qu’une tentation ? C’est ce que je ne puis décider. Il me semble qu’elle s’était faite à l’idée de succéder à son oncle et de vivre ainsi de ses rentes. C+a été pour elle une grande déception de voir que M. Achard tenait plus à sa femme qu’à elle. Si quelque chose de mal a eu lieu de sa part, ce ne peut être que ses petites menées pour détruire l’influence de sa tante. Je ne crois pas qu’il y ait eu autre chose; je crois que Mme Achard me l’aurait dit. Je n’ai absolument entendu parler de rien, à moins que Mlle Isaure n’ait pu découvrir quelque chose du passé de cette pauvre fille et n’en ait fait part à Soeur Marie-Vincent. Devant moi, dans les rues, lorsque je l’ai rencontrée, sa tenue a toujours été parfaitement régulière et modeste. Maintenant sa tante ne peut plus la supporter, et il lui a été fort douloureux de se voir exposée à ne pouvoir rester dans la maison de son oncle. Elle a pu en faire quelques plaintes. Je l’ai vue encore avant-hier et je dois la voir aujourd’hui. Je n’avais pas voulu y aller, parce que je connais la jalousie de sa tante et qu’il faut ménager toutes choses. La première fois que j’y ai mis les pieds, je trouvai cette pauvre enfant un peu mécontente, mais la seconde fois elle était toute tranquillisée et apaisée. Je crois que vous ferez bien de lui faire garder quelque temps l’habit séculier, avant de lui permettre de reprendre le vôtre. Je ne me fie pas trop, je vous l’avoue, à Soeur Marie-Vincent, ni même à Madame Durand, qui, par son caractère un peu enthousiaste, passe un peu trop aisément d’un excès d’admiration à un excès de blâme. Je viens de faire demander si cette dernière a reçu votre lettre; on n’a pu encore me répondre.

Ce matin, jour de sainte Catherine de Sienne, a eu lieu la profession des cinq premières Soeurs : Mme Durand, Mme Bolze, Mme Rocher, Mme Rigot et Mlle Coirard. Mlle Gaude y assistait. Cette dernière ne vous a pas écrit, parce que Mme Durand l’en a empêchée, je ne sais trop pourquoi. J’ai dit la messe à une chapelle de la cathédrale, parce que, après y avoir réfléchi, j’ai préféré que le public ne pût absolument rien savoir encore. Maintenant faut-il faire quelques nouvelles réceptions, faut-il fortifier ce petit noyau ? J’ai envie de garder le statu quo, jusqu’à ce que j’aie pu en causer avec vous. C’est une question renvoyée à notre prochaine entrevue.

Vous ai-je écrit que Soeur Bruno, cette religieuse que vous aviez remarquée au Refuge, en est maintenant supérieure ? Si c’est à Toulon que vos Soeurs s’embarquent et que vous fassiez un détour par Nîmes, vous pourrez recevoir une moins triste hospitalité que la première fois. Vos 4.000 francs seront parfaitement reçus, dès que vous jugerez à propos de les envoyer.

Et maintenant parlons un peu de vous, ma chère fille. La pensée qui vous a relevée est bien bonne, en effet, puisque le Saint-Esprit lui-même la fait germer dans votre âme. Servez-vous en pour prendre courage et force et ne pas vous laisser décourager. Il faut bien vous persuader que vous n’êtes pas parfaite sans doute, mais que le plus ardent désir de J.-C. sur votre âme, c’est que vous le deveniez. Il est Même impossible de concevoir, de la part de Notre-Seigneur, une autre disposition envers une âme, et c’est ce qui fait notre mal; nous ne savons pas, nous, vouloir tout le bien que Dieu nous veut. Dire que vous avez trop abusé des grâces n’est pas chose admissible. Il ne faut donc que se préoccuper de l’obligation de vous déprendre de vous-même et de vous donner toute à Notre-Seigneur, pour qu’il fasse de vous sa chose, son instrument pour l’accomplissement de l’oeuvre. Oh ! si nous pouvions bien l’aimer ! Je crois que vous devez, de plus en plus, unir l’idée de votre sanctification à celle de la perfection de l’oeuvre et aller toujours en avant, malgré toutes vos répugnances. C’est pourquoi la prière vous est indispensable et vous voyez, en effet, quel bien elle vous procure. Nous allons commencer le mois de mai. J’en espère du bien pour nos enfants, mais aussi pour moi; j’y prierai beaucoup pour vous, je vous le promets.

Adieu, ma chère fille. Il faut vous quitter. Tout vôtre avec le coeur le plus dévoué.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum