Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 517

16 jun 1849 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Des sujets pour l’oeuvre – Quelques cas de choléra et menace de guerre civile – Sr M.-Vincent et Sr M.-Madeleine – La perfection d’amour que N.-S. demande de vous – Le Saint-Sacrement.

Informations générales
  • PM_XIV_517
  • 0+623 a|DCXXIII a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 517
  • Orig.ms. ACR, AD 655; D'A., T.D. 20, pp. 98-99.
Informations détaillées
  • 1 MALADIES
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 ACHARD, MARIE-MADELEINE
    2 CARBONNEL, ISAURE
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 GRIOLET, JOSEPH-AUGUSTE
    2 HAY, MARIE-BERNARD
    2 HENNINGSEN, MARIE-GERTRUDE DE
    2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 16 juin 1849.
  • 16 jun 1849
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
La lettre

Ma chère fille,

Je remercie mille fois Soeur M.-Gertrude de s’être occupée de me procurer des sujets. Il faut, en effet, en préparer, avec l’aide de Dieu, pour le moment qu’il connaît et où nous pourrons faire un peu plus de bien, si telle est sa volonté. J’accepte le jeune homme, dont vous m’avez parlé de sa part, je pourrai lui faire poursuivre ses études en particulier. S’il a réellement la vocation religieuse, il pourra fort aisément étudier en faisant son noviciat, qui devra être assez long, à cause de son âge. Seulement, je ne pense pas l’aller chercher de si tôt, car voilà quelques cas de choléra qui se montrent dans nos pays et vous comprenez que, tant que nous serons sous le coup d’une pareille menace, je ne puis quitter ma maison au moment du danger. Il est encore un motif qui m’oblige à attendre quelque temps, c’est cette attente d’une guerre civile, que tout le monde prédit et que l’on s’attend d’un moment à l’autre à voir éclater. Les journaux de toutes les couleurs sont en ce moment tellement alarmants qu’il faut bien qu’il y ait quelque chose de vrai là-dedans. Or, je ne puis songer à ce que rien de semblable arrivât, lorsque je serais bien loin de mes enfants. Il faut donc attendre jusqu’aux vacances, époque à laquelle j’espère bien ne plus retarder.

J’ai lu la lettre que vous adressez à Soeur Marie-Vincent par M. Griolet; je la trouve parfaite. Il me paraît que cette bonne fille, ainsi que M. Griolet lui-même, se fait une étrange illusion, si elle espère que d’attendre arrangera les choses. M Griolet pré tendait qu’il y avait de considérables modifications chez Mlle Isaure. Je me contentai de lui répondre que je croyais qu’elle jouait au plus fin. Il paraît qu’il comprit fort bien et [il] n’insista pas davantage. Quoi qu’il en soit, M. Griolet ira passer la journée de demain à la campagne, et, par conséquent, examinera encore cette affaire, à laquelle, il faut le dire, il met bien plus d’intérêt qu’une foule d’autres personnes qui sembleraient pourtant devoir soutenir cette pauvre fille. Quant à Soeur Marie-Madeleine, elle est perdue. Il n’y a plus aucun espoir. Sa tante voulait la conduire à la campagne, mais elle n’a pu s’y faire transporter. Je lui ferai faire des voeux simples, sans l’engager à quoi que ce soit pour votre Ordre. Je pense, en effet, que c’est là le meilleur parti à prendre.

Je suis peiné que ma lettre vous ait produit une fâcheuse impression. Il ne faut pas trop s’en étonner; pourtant cela pourra bien avoir lieu quelque temps encore. Mais ce sera, comme je vous l’ai écrit, probablement pour un bien que Dieu connaît. Vous avez à prendre encore beaucoup sur vous, ma chère fille, pour arriver avec Notre-Seigneur à cette perfection d’amour qu’il demande de votre âme. Tournez-vous beaucoup vers lui et appuyez-vous beaucoup sur lui. Je suis bien aise de voir que vous avez passé longtemps devant le Saint-Sacrement exposé. La communion, les visites au Saint-Sacrement, en un mot tout ce qui vous sera un moyen de vous rapprocher de Notre-Seigneur vous fera le plus grand bien pour vous apaiser. Restez donc beaucoup, comme Marie, auprès de notre bon Maître et dites-lui, du fond du coeur, qu’il doit être votre tout. Nous ne nous convainquons pas assez de toute la place que doit occuper Notre-Seigneur en nous.

On m’appelle pour un conseil à l’évêché. Je vais donc vous laisser plus tôt que je ne le pensais. Adieu, chère fille. Aujourd’hui, dix-septième anniversaire de ma tonsure, j’ai bien prié pour que Notre-Seigneur fût votre partage et le mien. Dites, de ma part, à Soeur M.-Gonzague combien je suis heureux de son rétablissement. Je n’ai pu prier à temps pour Soeur M.-Bernard; votre lettre m’est parvenue le lendemain de sa profession.

Notes et post-scriptum