Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 522.

7 jul 1849 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Si je ne réponds pas sur tous les articles de vos lettres, c’est que je me soucie surtout de ce qui peut vous être le plus utile et qui en ce moment est de vous pousser à l’union à Dieu.

Informations générales
  • PM_XIV_522
  • 0+626 a|DCXXVI a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 522.
  • Orig.ms. ACR, AD 658; D'A., T.D. 20, pp. 104-105.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 VOIE UNITIVE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 7 juillet 1849.
  • 7 jul 1849
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
La lettre

J’avais voulu vous consacrer une partie de ma matinée, ma chère fille, j’en ai été empêché et pourtant je tenais à vous dire que, si je comprends bien votre lettre du 3, il nous sera bien facile et bien aisé de nous entendre. Vous me reprochez de ne pas vous répondre sur certains articles de vos lettres. C’est que je ne le veux pas. Mais voici pourquoi. J’ai la conviction profonde, depuis un certain temps, que je dois vous pousser le plus possible à l’union à Dieu. C’est, autant que je puisse juger votre état, le point essentiel pour vous. Vous semblez en conclure que, si je tiens un pareil langage, c’est que je ne trouve rien dans mon coeur qui réponde à votre affection. Votre erreur est très grande, ma chère fille. Je puis vous assurer que, chez moi, il n’y a pas le moindre changement entre ce que je suis aujourd’hui et ce que j’ai pu être aux époques où vous avez pu être le plus contente de moi. Seulement, je me préoccupe davantage de ce qui peut vous être le plus utile et je vous juge par moi. Peut-être ai-je tort. Pour ce qui me concerne, il est sûr qu’il y aurait quelque chose de trop bon, il me le semble du moins, et dès lors, de trop amollissant. Ma nature n’est peut-être pas aussi énergique que la vôtre, et c’est pour cela que j’ai besoin de lui conserver toute sa vigueur pour accomplir ce que Dieu lui demande, et il est des temps surtout, où j’ai le plus grand besoin de me tenir en garde et de m’exposer au reproche de rester trop en-deçà, afin de ne pas dépasser ce qui ne doit jamais être franchi. Il me semblait vous avoir déjà fait cette observation, et, dans un sens, je suis bien aise que vous ne l’ayez pas comprise. Si je vous vois, comme je l’espère dans cinq ou six semaines je pourrai vous expliquer tout ceci plus au long. Mais il me semble qu’en voilà bien assez pour me faire comprendre. J’ai un très grand malheur, c’est d’être sans mesure, et j’aime bien mieux ne pas l’atteindre, au moins dans mes expressions, que de la dépasser surtout avec les personnes que je dois le plus respecter, si je veux que mon affection leur soit bonne et soit dans l’ordre de la gloire de Dieu.

Je suis forcé de m’arrêter, si je veux que ma lettre parte ce soir. Ou je ne vous comprends pas, ou je crois vous avoir répondu. Quant aux autres questions, dès que j’aurai une minute, j’essaierai de vous répondre. Pour aujourd’hui, adieu. Tout vôtre avec une affection bien plus grande que vous ne paraissez le croire.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum