Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 523.

8 jul 1849 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Ce qui m’empêche de venir – Envois pour la mission – Croyez que j’agis avec affection – Le voyage des missionnaires – Mort de Sr M.-Madeleine – Sr M.-Vincent – A propos de diverses personnes.

Informations générales
  • PM_XIV_523
  • 0+626 b|DCXXVI b
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 523.
  • Orig.ms. ACR, AD 659; D'A., T.D. 20, pp. 106-108.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 MAITRES
    2 ACHARD, MARIE-MADELEINE
    2 BOLZE, MADAME SIMEON
    2 BOLZE, SIMEON
    2 BRUN, HENRI
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 CHAPOT
    2 CHAVIN DE MALAN, FRANCOIS-EMILE
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GOURAUD, MADAME HENRI
    2 LAPIERRE, MONSEIGNEUR
    2 MACCABA
    2 PERNET, ETIENNE
    2 POMPALLIER, JEAN-BAPTISTE
    3 CHINE
    3 PARIS
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 8 juillet 1849.
  • 8 jul 1849
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
  • *Madame*
    *Madame la Supérieure de l'Assomption*
    *n° 94 rue de Chaillot*
    *Paris.*
La lettre

Ma chère fille,

Je crois avoir un peu plus de temps aujourd’hui; je vais essayer de vous répondre, soit sur votre lettre du 4 qui m’a été remise ce matin, soit à celle du 2 et à une autre antérieure, où se trouvent certaines choses dont je ne vous ai encore rien dit.

Pour vous expliquer ce qui m’empêche de venir, je vous envoie une lettre de M. Durand que je vous prie de me renvoyer. Il me l’a adressée à la campagne; elle vous fera juger s’il est possible que je quitte la maison avec de pareilles dispositions chez les maîtres. Je sais bien que, tant que je suis là, les choses se passent comme il faut, mais à peine ai-je tourné les talons que toutes les têtes sont à l’envers, même les meilleures; car l’abbé Brun lui-même a eu des torts dans la forme de ses reproches.

On a dû vous envoyer déjà quelques objets; du moins ces Dames vous ont expédié un ballot. Les serviettes et les draps, que je comptais vous offrir, ne seront guère prêts que le 15 août, c’est-à-dire pour les vacances. D’ici là, j’ai bien à votre disposition de vieux draps et de vieilles serviettes, ,mais j’aurais voulu vous donner ce que nous avons de mieux dans le linge que nous laisseront les 15 ou 16 élèves qui doivent nous quitter, mais qui ne s’en iront que vers le milieu du mois d’août. Voilà pourquoi je désire que vous puissiez différer le départ de vos Soeurs jusque vers le 1er septembre. Mais enfin, si le vaisseau est pris, ne pourra-t-on rien leur envoyer plus tard ?

Je crois que vous avez raison, quand vous écrivez que vous devriez vous mettre dans cette disposition d’esprit que, quoi que je fasse à l’extérieur, vous croyez qu’à l’intérieur j’agis avec affection. Oui, ma fille, cela est très vrai, et plus vrai chaque jour, s’il est possible; car, quelquefois, je ne crois pas pouvoir augmenter mon affection et pourtant je sens bien qu’elle augmente, malgré toutes vos récriminations. Que serait-ce si vous étiez, comme autrefois, pour moi une bonne fille; mais Dieu veut que je sois à vous pour vous et pour lui, et non pas pour moi, quoique, quand vous le voulez, vous me soyez un bien grand soutien, le plus grand que j’aie trouvé après Dieu.

Si vous n’avez pas traité avec le vaisseau belge qui emmène Mgr Pompellier, tâchez de rompre cette affaire. Quoique je ne veuille rien dire de ce saint homme, il y a eu là bien des misères et j’aimerai autant que vous pussiez vous tenir en dehors de tout ce qui s’est passé entre lui et la Société des Maristes, dont il a été obligé de se séparer pour des affaires d’argent. Si je puis vous être utile auprès d’un membre du Conseil d’amirauté, Mgr Lapierre, je le ferai avec plaisir. C’est mon compatriote et il a une soeur religieuse de Saint Vincent de Paul en Chine? Je n’ai pensé à cela que depuis peu, parce qu’il y a fort peu de temps que Mgr Lapierre a été nommé membre du Conseil d’amirauté. Du reste, M. Chapot, son compatriote comme moi, peut vous être également utile auprès de lui.

J’ai répondu déjà à Mme Gouraud. Je ne crois pas la chose manquée, mais franchement, je crois qu’elle s’est trop pressée. D’après ce qu’elle-même m’a écrit, M. Bolze mène trop bien sa bar que en politique, pour que je puisse croire qu’il fait fausse route ailleurs. Seulement, je le répète, on s’est un peu trop pressé selon moi.

Je vais demander quelques objets de Soeur Marie-Mad[eleine]. Sa tante les a refusés à Mme Bolze, qui pourtant depuis huit jours est au lit du mal qu’elle s’est donné pour soigner cette pauvre fille à ses derniers moments. Il y a un siècle que je n’ai vu Soeur Marie-Vincent, je ne sais par conséquent pas où en sont ses affaires. La mort de Soeur Marie-Madeleine a dû lui faire une certaine impression, et, si elle a un peu d’esprit, lui fournir une belle occasion de prouver à ses soeurs votre désintéressement et de leur porter un dernier coup.

Je vais prier de tout mon coeur pour M. de Fr[anchessin], afin que Dieu lui accorde ce que vous lui souhaitez tant, et le délie de toutes ces chaînes qui semblent l’accabler.

Depuis que j’ ai commencé ma lettre, j’ai été interrompu par bien des misères qu’il m’a fallu entendre conter. L’esprit cancanier se glisse dans la maison. Je suis résolu de l’y poursuivre à outrance, mais si je ne prends quelque parti décisif, je crains bien d’être envahi. Je vous conterai tout cela à Paris.

Mais j’en reviens à M. de Fr[anchessin]. Croyez-moi, il vous reviendra. J’en ai une trop profonde conviction pour ne pas vous le dire, et je désire tant être bon prophète qu’il me semble que cela se fera bientôt.

Si le protégé de M. Chavin est un bon sujet, comme M. Pernet par exemple, je serai enchanté de l’avoir; quant à M. Chavin lui-même, je préfère qu’il reste où il est. Le professeur de mathématiques doit être en état de professer ce qu’on appelle les mathématiques élémentaires, l’arithmétique et ce qu’on demande pour l’école de Saint-Cyr de la géométrie et de l’algèbre. Quand mes examens seront finis, je vous enverrai l’aperçu que vous me demandez pour M. Maccaba.

Adieu, chère fille. Confiance dans une affection que vous avez, je vous assure, autant que je suis capable de la donner à quelqu’un. Tout à vous en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum