Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 530.

4 sep 1849 Lavagnac O_NEILL_THERESE Emmanuel ra

Priez pour notre oeuvre de Nîmes qui touche à un moment de crise – Je prie pour les voyageuses – La conversion des Anglais doit, me semble-t-il, être un des buts de votre congrégation – Notre Mère ne pourrait-elle venir à Nîmes et y prendre du repos ? – Il nous faudra finir par aller à Paris – Sr M.-Vincent.

Informations générales
  • PM_XIV_530
  • 0+640 a|DCXL a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 530.
  • Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 20, pp. 111-113.
Informations détaillées
  • 1 ANGLAIS
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 FRANCAIS
    1 MISSIONS ETRANGERES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    2 BALINCOURT, CHARLES DE
    2 BALINCOURT, MARIE-ELISABETH DE
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 MOMIGNY, MARIE-CECILE DE
    3 ANGLETERRE
    3 ITALIE
    3 MARSEILLE
    3 MIDI
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A LA MERE THERESE-EMMANUEL O'NEILL
  • O_NEILL_THERESE Emmanuel ra
  • Lavagnac, 4 sept[embre 18]49.
  • 4 sep 1849
  • Lavagnac
La lettre

Ma bien chère Soeur,

J’ignore si n[otre] M[ère] est de retour à Paris. C’est donc à vous que je m’adresse soit pour répondre à votre lettre si parfaite et si intéressante que j’ai reçue hier soit pour vous dire plusieurs choses que n[otre] M[ère] apprendra par vous aussi bien que si je lui avais directement écrit.

La première chose, et celle que je vous demande très particulièrement et avec les plus vives instances, ce sont vos prières, non pour ma santé, – grâces à Dieu, elle se rétablit, et, quoique très faible, je puis cependant espérer que je me rétablirai avant la rentrée des classes; – mais puisque notre Mère vous met dans nos secrets, je vous assure que notre oeuvre de Nîmes touche à un moment de crise très important. J’ai obtenu l’approbation complète d’un évêque qui a une grande influence sur celui de Nîmes. Maintenant devons-nous tout de suite former un noviciat hors de la maison ? Devons-nous rester un an encore comme nous sommes ? C’est ce qui m’embarrasse extrêmement. L’évêque de Nîmes me demande encore cette année de délai, et cependant je vois arriver de divers côtés des sujets qui pourront nous être fort utiles. Vos Anglais ne veulent pas être laissés de côté, ou bien ils s’adresseront ailleurs. Tout cela me préoccupe beaucoup. Il est sûr que le niveau de la maison monte tous les jours. Et pourtant il n’y a pas tout ce que je voudrais y voir, et très certainement il y a là beaucoup de ma faute. D’un autre côté, il me semble que petit à petit les divers éléments se rapprochent, s’unissent, se coagulent d’une façon qui quelquefois me surprend. Mais malgré tout je pré vois tant d’obstacles, tant de chocs que je suis effrayé, et c’est pour cela que je me sens tout particulièrement poussé à vous demander vos prières.

De mon côté, je ne vous oublie ni vous, ma chère fille, ni vos Soeurs, et ce matin j’ai dit la messe pour les voyageuses, afin que l’orage, que nous avons eu ici hier soir, ne les atteignît pas. Voilà que chaque fois qu’il fera du vent, il faudra calculer avec quelle force et dans quel sens il frappe le vaisseau qui les porte. Mais dans mes prières pour votre Congrégation quelque chose me dit qu’il faut demander surtout que vous serviez à la conversion des Anglais en particulier. Ceci est très important. Car quelles que soient un jour les relations des religieuses de l’Assomption avec les religieux, il est sûr que la question de la conversion des infidèles pourra exiger autre chose que des maisons d’éducation, et je vous prie de réfléchir beaucoup à cela devant Notre-Seigneur.

Ce que vous me dites de la tristesse patriotique de Soeur Marie-Cécile ne me va pas du tout. Il faut vouloir ce que Dieu veut, et je me sens disposé à vivre avec des Anglais aussi bien qu’avec des Français. Ce peuple me préoccupe, et si Dieu vous pousse de ce côté, vous auriez bien tort de ne pas le laisser faire et [de ne pas] vous y laisser conduire.

Depuis que j’ai vu l’impossibilité d’aller sur-le-champ à Paris et que j’ai appris l’état de souffrance où est notre Mère, je rêve à la possibilité de la faire venir passer quelque temps dans le Midi. Voici une idée tout comme une autre, je vous la soumets. La faire venir à Nîmes pour la loger en ville ne me paraît guère possible; dans un couvent, guère plus. Il y a dans l’air certaines petites jalousies, à cause de ma préférence pour l’Assomption de Paris, qu’il faut savoir ménager. Voici à quoi j’ai songé.

Vous savez probablement que Mlle de Balincourt doit vous être amenée d’ici à peu de temps. Je pourrais proposer à ses parents d’engager n[otre] Mère, obligée par raison de santé à faire une visite dans le Midi, de la recevoir chez eux, afin qu’elle pût s’entendre plus aisément au sujet de leur fille. Je pourrais alors aller la voir chez M. de Balincourt; sinon, je ne vois pas trop la possibilité de la voir avant la fin de novembre.

Est-ce que M. de Franch[essin] n’aurait pas quelque course à faire à Marseille ou en Italie, en passant par Marseille ? Veuil- lez de votre côté voir examiner; Peut-être trouverez-vous quelque chose, quelque bonne idée qui permettra à n[otre] Mère de prendre du repos et à moi de la voir avant peu, comme j’en ai un si grand désir.

Je suis tout à fait de votre avis, il nous faudra finir par aller à Paris; mais, croyez-le bien, nous ne sommes pas encore prêts. C’est un malheur que depuis quatre ans nous n’ayons rien fait ou pas assez, mais cela est ainsi. Il faut donc que nous nous préparions encore, jusqu’à ce que nous ayons ce qu’il faudra pour faire du bien, et un bien fécond.

Je ne veux pas vous parler de Soeur Marie-Vincent, qui est une vraie poule mouillée. Je n’en ai plus aucune nouvelle et je ne veux pas en avoir, parce qu’il y a là-dessous des tripotages, où elle n’est pour rien, mais qui retomberaient infailliblement sur moi.

Adieu, ma chère fille. Tout à vous en Notre-Seigneur, avec le plus entier dévouement.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum