Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 535.

22 sep 1849 Lavagnac FABRE_JOSEPHINE

Vos renseignements – Votre grande peine – Saint Jean de la Croix – *Remerciez Dieu de toutes choses* – Travaillez à vous vaincre.

Informations générales
  • PM_XIV_535
  • 0+647 a|DCXLVII a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 535.
  • Cop.ms. du P. Vailhé ACR, AQ 129, d'après la copie (non retrouvée) de la destinataire; D'A., T.D. 20, pp. 115-116. Les points de suspension sont dans la copie.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE GRACES
    1 EPREUVES
    2 JEAN DE LA CROIX, SAINT
    2 PAUL, SAINT
  • A MADEMOISELLE JOSEPHINE FABRE
  • FABRE_JOSEPHINE
  • Lavagnac, le 22 septembre 1849.
  • 22 sep 1849
  • Lavagnac
La lettre

J’ai reçu depuis quelques jours, ma chère enfant, la lettre que vous m’avez fait parvenir de la part de M. Je vous remercie des détails que vous me donnez sur la personne, au sujet de laquelle je vous avais priée de l’interroger. Sa lettre en contenait déjà quelque chose, et ce que vous me dites me fait penser qu’il lui sera difficile d’en savoir davantage.

Si je suivais votre conseil, je m’arrêterais là, mais pour aujourd’hui vous me permettrez de le laisser un peu de côté. Puisque vous êtes dans de bonnes dispositions, je veux vous aider à vous y maintenir. Les regrets que vous inspire votre bonne et si excellente soeur me semblent bien naturels, et je les comprends à merveille. Quand on a placé son affection dans l’intérieur de sa famille, il n’est pas étonnant que l’on souffre beaucoup, quand un vide aussi grand que celui-là vient à s’y faire. Et n’est-il pas bien naturel de confier sa peine à ceux en qui l’on trouve quelque repos ?

Les réflexions que vous a inspirées la lecture de saint Jean de la Croix me semblent très utiles, et, si vous le mettez à profit dans votre conduite, je ne doute pas que vous ne fassiez bientôt des progrès dans la véritable vertu. Vous le savez, il faut absolument combattre cette facilité à vous impressionner, à vous émouvoir. J’ai trouvé dans saint Paul un mot qui m’a extrêmement frappé. Il nous recommande de remercier Dieu de toutes choses. Qui dit tout n’excepte rien. Ainsi vous souffrez beaucoup de la perte de votre soeur, cependant vous devez l’en remercier, parce que, pour elle, elle est probablement au ciel et, pour vous, ç’a été l’occasion d’offrir un sacrifice. Vous souffrez de… Vous devez en remercier Dieu, parce que cela vous fournit l’occasion de pratiquer la patience. On s’est permis de parler sur votre compte; vous l’apprenez et, au premier moment, votre tête part; à la réflexion, vous devez remercier Dieu, parce que cela vous fournit l’occasion de pratiquer l’humilité, sans laquelle il n’y a pas de véritable piété; et ainsi du reste. Or, en remerciant Dieu de ce qui arrive si l’on est content, et, si l’on n’est pas content, de ses peines, on ne peut pas en souffrir beaucoup.

Adieu, ma bien chère enfant. Travaillez, travaillez beaucoup à vous vaincre. Dieu vous bénira. Mais ne parlez pas de la bonté que j’ai pour vous; je vous suis trop dévoué pour qu’il puisse être entre nous question d’autre chose que du bien que je puis vous faire, en vous conduisant à Notre-Seigneur, en qui je suis tout à vous avec l’attachement le plus paternel.

Notes et post-scriptum