Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 10.

1 feb 1850 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Le voyage de vos missionnaires – L’abbé E. d’Everlange – Mme Boyer – Hippolyte n’écrit pas – Un peu *mondaine* ? – Le professeur proposé – de Courtois.

Informations générales
  • PM_XV_010
  • 0+675 a|DCLXXV a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 10.
  • Orig.ms. ACR, AD 696; D'A., T.D. 20, pp. 137-138.
Informations détaillées
  • 1 MAITRES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    2 ANDLEY
    2 BOYER, MADAME EDOUARD
    2 COURTOIS, ALBERT DE
    2 DORLHAC, MADEMOISELLE
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
    2 EVERLANGE, PIERRE-EMILE-LEON D'
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 HENNINGSEN, MARIE-GERTRUDE DE
    2 PRETET
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 CAP, LE
    3 PARIS
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 1er février 1850.
  • 1 feb 1850
  • Nîmes
  • Maison de l'Assomption
  • *Madame*
    *Madame la Supérieure de l'Assomption*
    *n° 94, rue de Chaillot*
    *Paris.*
La lettre

Ma chère fille,

J’ai à vous répondre sur deux lettres que j’ai reçues de vous, l’une hier l’autre aujourd’hui.

Je vais répondre ce soir à la première. Je suis tout heureux de savoir l’arrivée de vos filles, et leur affranchissement de la prison de ce vilain vaisseau. Ce qu’elles ont souffert leur sera compté pour le ciel et pour leur oeuvre; quant aux bruits calomnieux que l’on a fait courir sur elles, ce que vous m’avez dit du caractère de Soeur M.-Gert[rude] étant donné, j’aime bien mieux qu’elle ait fait cette petite expérience sur le vaisseau qu’à terre. Elle se tiendra beaucoup plus sur ses gardes, ce qui me paraît avantageux sur une foule de rapports. Rien ne fait de bien dans ces sortes de choses, comme l’expérience, et puisque cette bonne fille avait à acquérir un peu de prudence, mieux vaut qu’elle ait fait ses provisions de cette denrée avant que de débarquer. Il paraît que décidément Mlle Dorlhac ne nous viendra pas. Monseigneur, consulté sur sa vocation, vous a trouvées une Congrégation sans solidité et paraît l’en avoir détournée. Son caractère fait que je la regrette peu; avec elle on jouait à quitte ou double.

J’ai vu aujourd’hui l’abbé Emile d’Everlange, j’en ai été très content. On voit qu’il veut un peu me venir, mais il a peur; décidément il faut que j’aie une bien mauvaise tête que tant de gens la redoutent.

Priez bien pour l’excellente Mme Boyer; elle est bien éprouvée, autant qu’on puisse l’être; ce soir j’ai dû lui révéler de bien tristes choses. Il me semble que c’est une âme que Dieu met au creuset pour en tirer un or bien pur, mais que de couleuvres a avaler ! Jusqu’à présent je l’admire, et si elle poursuit dans la même voie, je crois bien qu’elle deviendra positivement une sainte.

Je suis inquiet sur Hippolyte. Voilà quinze jours qu’il ne m’a pas écrit, nous ne savons ce qu’il devient, si vous le voyez pressez-le de donner de ses nouvelles.

Je vous conjure d’accueillir le plus aimablement, mais le plus sérieusement possible nos méridionaux, qui vous trouvent un peu mondaine; je ne dis pas que vous le soyez, mais je vous fais part de l’impression que vous leur faites, au moins à quelques-uns. Or certaines gens sont ravis de le répéter.

Il me semble que le Polonais que l’on me propose pour professeur pourrait m’aller, si déjà il a professé et s’il a réussi. M. Durand me fait observer qu’il vaudrait mieux un homme moins savant et qui sût mieux communiquer. Enfin ceci est une chose trop importante pour que je ne retourne pas à Paris, afin de voir un peu ce qu’il y aura de mieux à choisir, d’autant plus que j’ai en tête diverses combinaisons pour l’école, sur lesquelles je veux consulter des hommes compétents.

Mille fois merci de l’intérêt que vous prenez au jeune de Courtois. Hé, sans doute il aurait mieux fait d’aller chez M. Andley, mais qui dira jamais ce que fera son père ? Puisqu’il est chez M. Pretet, autant vaut qu’il y reste quelque temps encore, surtout si ce n’est que pour deux ou trois mois.

Il est 10 h. 1/2, je veux être prudent, je vais me coucher après avoir prié pour Soeur M.-Em[manuel]. Bonne nuit.

Notes et post-scriptum