Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 46.

30 aug 1850 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

La succession de Sr M.-Vincent – La profession de Mlle de Balincourt – La chasuble dont vous avez brodé la croix – Je veux être sérieux au risque d’être ennuyeux – Le prêtre qui dit la messe chez vous.

Informations générales
  • PM_XV_046
  • 0+707 c|DCCVII c
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 46.
  • Orig.ms. ACR, AD 725; D'A., T.D. 20, pp. 166-168.
Informations détaillées
  • 1 CHASUBLE
    1 NOVICIAT
    1 SUCCESSIONS
    2 BALINCOURT, CHARLES DE
    2 BALINCOURT, MADAME CHARLES DE
    2 BALINCOURT, MARIE-ELISABETH DE
    2 BOURBON, FRANCOIS
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 30 août 1850.
  • 30 aug 1850
  • Nîmes
  • Maison de l'Assomption
La lettre

Ma chère fille,

Je n’ai que quelques minutes et je veux pourtant que ma lettre vous trouve à votre arrivée.

1° Y a-t-il quelque chose à faire pour la succession de Soeur M.-Vincent ?

2° M. de Balincourt, poussé par sa femme, est venu encore me parler pour me demander des délais pour les voeux de sa fille. Je lui ai répondu que, tout en étant d’avis que le noviciat en général fût de deux ans, je ne vous engagerai jamais à faire aucune promesse à cet égard; qu’il était libre de lui demander un plus long temps avant de prendre l’habit, mais que, une fois novice, je pensais qu’il convenait de laisser à la communauté de fixer l’époque de ses voeux. Ce qui effraie M. de Bal[incourt], c’est la peur d’une révolution à l’époque où les pouvoirs du président expireront. Mais il n’y a pas moyen, ce me semble, d’accepter toujours cette manière de faire des parents qui supposent qu’on est trop honoré de prendre leurs enfants. M. de Balincourt, qui s’était d’abord gendarmé contre ce que je disais, finit par filer très doux, quand il vit que je l’engageais à suspendre la prise d’habit de sa fille. Il me dit qu’il laissait à sa femme le soin de vider cette affaire. Au fond, le pauvre homme laisserait faire les voeux à sa fille dès demain, si Mme de Bal[incourt] n’était pas derrière.

Quoi qu’il en soit, il me paraîtrait odieux qu’on eût l’air d’accepter comme une grâce les époques plus ou moins reculées qu’ils veulent successivement imposer. Je vous conjure de vous montrer un peu digne en ceci, afin de faire taire certaines paroles très peu convenables que j’ai entendues de la part de la famille de Valentine. Qu’il reste établi qu’elle restera comme elle est, tant que ses parents le voudront, mais qu’une fois avec l’habit, elle ne dépendra pour les voeux que de la communauté.

3° Je viens d’accomplir ma quarantième année et j’ai pu dire la messe avec la chasuble, dont vous avez brodé la croix. J’ai pris de grandes résolutions d’être plus sérieux, au risque d’être ennuyeux, mais c’est vers quoi je me sens porté.

4° M. Bourbon m’écrit pour me proposer le prêtre qui maintenant dit la messe chez vous. Je n’ai pas compris si c’est comme professeur ou religieux. Comme professeur, je n’en veux pas; comme religieux, je voudrais que vous puissiez l’examiner.

Adieu, ma fille. Il faut vous laisser. Priez pour moi, qui surtout ce matin ai bien prié pour vous.

Je quitte Nîmes demain. Vous pouvez m’écrire à Lavagnac.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum