Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 47.

6 sep 1850 Lavagnac MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Un excellent maître de musique qui enseigne fort mal – Je ne connais plus personne à Rome – Le testament de Sr M.-Vincent – Questions diverses.

Informations générales
  • PM_XV_047
  • 0+708 a|DCCVIII a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 47.
  • Orig.ms. ACR, AD 726; D'A., T.D. 20, pp. 168-169.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 FORMATION MUSICALE
    1 MAITRES
    1 TESTAMENTS
    1 VOYAGES
    2 CARBONNEL, ISAURE
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 DANJOU, JEAN-LOUIS-FELIX
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 GRIOLET, JOSEPH-AUGUSTE
    2 MOMIGNY, MARIE-CECILE DE
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
    3 ANGLETERRE
    3 LYON
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Lavagnac, 6 septembre 1850.
  • 6 sep 1850
  • Lavagnac
La lettre

Ma chère fille,

Vous voilà de retour à Paris, et, malgré toutes vos affaires, je vous en ai mis hier une de plus sur les épaules. Il faut maintenant avoir une confiance absolue en votre bonté pour n’être pas effrayé de vous charger ainsi. Je vais reprendre votre lettre du 29 août, mais auparavant je dois vous dire que M. Danjou rappelle sa soeur à votre souvenir. Il m’a ajouté en confidence que sa conviction était que l’excellent maître de musique dont vous m’avez parlé enseignait fort mal, d’après ce qu’il avait vu du jeu de Soeur M.-Cécile. Il voulait bien que je ne vous en parle pas, mais je ne vois pas pourquoi vous le taire, sauf à vous à en faire tel usage qui vous semblera bon.

Je ne connais absolument plus personne à Rome; depuis quinze ans tous mes amis sont morts ou l’ont quittée. Je ne puis donc vous offrir les lettres que vous me demandez.

M. Griolet ne m’a pas dit un mot du testament de Soeur M.-Vincent; faible comme elle était, elle a bien été capable de refaire son testament. Il faut s’attendre à tout, de ces natures. Mon avis bien positif est donc que vous ne vous mettiez en avant que lorsque vous saurez si elle n’a pas fait de nouvelles dispositions. C’est ce dont je chercherai à m’informer, dès que je serai à Nîmes. Il me semble qu’il devrait vous être désagréable de ne montrer qu’un testament aboli par un subséquent. En second lieu, je présume qu’il peut bien pourtant y avoir quelque chose, parce que l’on m’a dit que les deux soeurs restantes disaient beaucoup de mal de moi. Je ne sais trop pourquoi Soeur Marie-Vincent était enterrée que je ne savais pas seulement qu’elle fût malade. Quant à M. Griolet, n’y comptez pas. Ou je serai dans une erreur absolue sur son compte, ou s’il l’eût bien voulu, il y a eu un moment où Soeur M.-Vincent eût pu partir sans difficulté. Mais qui peut dire qu’il ne vaut pas mieux qu’elle soit morte chez ses soeurs, puisqu’elle devait s’en aller si tôt de ce monde ? Quant à Mlle Isaure, je ne sais que vous en dire. Si elle n’a pas envie de solder le legs de sa soeur, elle ne manquera pas de dire que votre lettre n’est que de l’eau bénite de cour. Je pense que ce caractère prend tout si mal que si elle ne vous fait rien dire la première, le meilleur est de la laisser tranquille.

Je crois qu’il nous sera facile de tout savoir dans quinze jours, quand je serai de retour à Nîmes.

Que je suis heureux des espérances que vous avez pour M. Franchessin! Il est pour moi comme un thermomètre de ce que je vous suis. Pourquoi ai-je tant à coeur tout ce qui le concerne ?

M. Tissot attend vos ordres à Lyon, rue Duplat, 14. Je lui ai écrit hier de se tenir prêt. Soyez lui bon, et s’il ne vous va pas, prenez patience encore un peu. Mais j’espère qu’il vous ira. Pour l’Angleterre, point de réponse. Je ne trouve personne, car enfin il faudrait là un prêtre capable.

Ce voyage peut vous avoir fait grand bien, si vous le prenez comme une occasion de rompre avec certaines habitudes de lâcheté et de vous retremper dans un nouvel esprit de zèle et de ferveur pour la gloire de Dieu. Puisque Notre-Seigneur se fait tant sentir à vous, profitez-en pour vous séparer de tout ce qui blesse en vous son amour.

Adieu, ma fille, je vous laisse. Peut-être vous écrirai-je encore demain.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum