DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.5

1 jan 1859 Lavagnac MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Voeux de nouvel an. – Il fera son possible pour améliorer la situation de Clichy. – Elle peut l’aider auprès du P. Laurent. – Il va écrire à Soeur Marie du Saint-Sacrement.

Informations générales
  • DR03_005
  • 1171
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.5
  • Orig.ms. ACR, AD 1161; D'A., T.D. 22, n. 539, pp. 190-191.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE CLICHY
    1 MALADIES
    1 REPOS
    2 BRUN, HENRI
    2 CONSTANT, MADAME
    2 CUSSE, RENE
    2 GOUY, MARIE DU SAINT-SACREMENT DE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SEGUR, GASTON DE
    3 LAVAGNAC
    3 RETHEL
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Lavagnac, le] 1er janvier [18]59.
  • 1 jan 1859
  • Lavagnac
La lettre

Je ne veux pas laisser finir le jour de l’an, ma chère fille, sans vous envoyer mes voeux. Je suis venu passer les premières heures de 1859 avec ma famille(1) et j’en aurais eu du scrupule, si le repos eût pour moi été aussi facile ailleurs. Je profite de la beauté du temps pour me promener et je trouve la différence de la nuit au jour entre ce que j’étais, il y a trois ans, et ce que je suis à présent(2).

J’ai dit un mot au P. Laurent au sujet de la retraite à prêcher par Mgr de Ségur. Je ne pense pas qu’il se doute de rien, j’ai fait venir la chose en lui parlant de mon embarras pour trouver un prédicateur(3).

Quant à ce que vous me dites de Clichy, et de ce que vous y redoutez, je partage bien un peu vos alarmes(4). Que faire? Il y a tort et raison de tous les côtés. Je vais y mettre du mien en étant bon pour tous, autant qu’il dépendra de moi. Le meilleur pour vous, qui avez le droit de dire bien des choses, est de persuader aux Pères Picard, Hippolyte et Brun, qu’on obtient tout du P. Laurent en parlant sans affectation à sa conscience et en lui témoignant une sérieuse affection. Egayez-le avec cela, et il fera des prodiges. Et toutefois, il faut toujours qu’il soit sous l’influence de quelqu’un, le P. Cusse(5), Mme Constant(6) ou tout autre. Voilà ce que j’ai remarqué. Son esprit de foi est grand, et il peut à coup sûr l’aider, comme on peut s’en servir pour rétablir la paix.

Adieu, ma fille. Demain matin je vous parlerai de votre conscience.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
J'écrirai à Soeur Marie du Saint-Sacrement(7) et l'enveloppe sera à son adresse. Ouvrez-la pour y prendre ce que j'y mettrai pour vous.1. Du 30 décembre 1858 au 5 janvier 1859, le P. d'Alzon séjourne à Lavagnac.
2. Rappelons que, le 14 décembre 1855, le P. d'Alzon, se sentant menacé de paralysie depuis son attaque de mai 1854, a été condamné pendant près de deux ans à une demi-inaction.
3. Le 27 décembre 1858, Mère M.-Eugénie écrivait: "Le P. Hippolyte est inquiet de ce que le P. Laurent n'a pas l'air de vouloir faire de visite à Mgr de Ségur, ni lui laisser prêcher la retraite sur laquelle celui-ci compte depuis longtemps, et qu'il voulait fixer au 6 ou 7 janvier." Cette retraite était prévue pour les élèves du collège de Clichy, dont le P. Laurent était le supérieur.
4. Plus loin, dans sa lettre, Mère M.-Eugénie écrivait encore: "Les vôtres sont dans une position tendue avec le P. Laurent. Quand vous viendrez, vous arrangerez cela, et il y faudra beaucoup de mesure, car il s'en apercevrait trop, des brisements pourraient avoir lieu." - Rappelons encore qu'après la fermeture du collège de Rethel, la communauté de Clichy avait eu la difficulté de réintégrer les Pères et les Frères venus de ce collège en cours d'année.
5. Le P. Cusse avait également rejoint Clichy après le retrait de Rethel.
6. Mme Constant assurait à Clichy le service de la lingerie.
7. Soeur Marie du Saint-Sacrement de Gouy venait d'être désignée pour le couvent de Sedan.