DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.10

2 jan 1859 Lavagnac GOUY Marie du Saint-Sacrement ra

Il répond à ses deux lettres. – La possession de soi dans l’humilité lui permettra de sortir de ses obscurcissements. Il a parlé d’elle avec sa mère à Amélie-les-Bains. – Elle doit se laisser conduire par l’obéissance.

Informations générales
  • DR03_010
  • 1175
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.10
  • Orig.ms. ACR, AL 401; D'A., T.D. 36, n. 5, pp. 119-120.
Informations détaillées
  • 1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 EFFORT
    1 HUMILITE
    1 MAITRISE DE SOI
    2 GENIEYS, ERNEST
    2 GENIEYS, MADAME
    2 GERBET, PHILIPPE-OLYMPE
    2 GOUY, MADAME DE
    2 GOUY, MARIE DE JESUS DE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    3 AMELIE-LES-BAINS
    3 PERPIGNAN
  • A Soeur Marie du Saint-Sacrement de Gouy
  • GOUY Marie du Saint-Sacrement ra
  • Lavagnac, le 2 janvier 1859.
  • 2 jan 1859
  • Lavagnac
  • *Soeur M. du Saint-Sacrement*
La lettre

Ma chère fille,

Je suis bien coupable envers vous. Voilà un mois que je garde un profond silence. Le voyage de votre Mère g[énéra]le y est bien pour quelque chose.

Vous étiez pourtant bien triste alors, mais je croyais si fermement que votre état était passager que je ne m’en inquiétais pas beaucoup. Il le sera en effet, je l’espère, et vous verrez votre affaissement disparaître et fondre, comme la glace au soleil. Pour moi, je n’en puis douter. La joie que votre seconde lettre respire est pour moi l’indice d’un état nouveau. La joie durera-t-elle? Je n’en sais rien, mais j’ai la confiance que les bonnes résolutions dureront. Quand on a souffert comme vous, on sent le prix de la possession de soi-même et le besoin de surveiller son coeur pour l’empêcher de s’enfuir. Tenez-le fortement et doucement à la fois sous l’oeil de Notre-Seigneur, et souvenez-vous que vous devez toujours recevoir l’impulsion du coeur de votre époux.

L’espèce d’inintelligence, que vous m’avez signalée dans votre première lettre, est un fait très facile à expliquer pour moi, mais un fait purement passager. Tout cela aura un terme. Dieu permet des obscurcissements pour nous tenir dans l’humilité; profitez-en selon l’intention de celui qui vous les a envoyés. Vous reviendrez à la lumière. Peut-[être] la sentez-vous reparaître déjà.

J’eusse, en effet, bien voulu être à Paris pour vous aider dans votre retraite, mais si Dieu ne l’a pas permis, c’est que probablement, si vous avez cette petite consolation de moins, il voulait vous donner quelques grâces de plus. Du reste, je prie bien pour vous et je pense bien souvent à vous.

Vous avez été, vous, Mme votre mère et votre soeur, un charmant sujet de conversation entre Mme Génieys et moi. Je suis allé passer quarante-huit heures à Amélie(1). Cette pauvre Mme Génieys était au lit d’une fièvre nerveuse et rhumatismale à la fois.

Adieu, ma chère fille. Je voudrais bien vous voir à Paris, à mon prochain voyage. Quelques paroles de votre Mère g[énéra]le me donnent des craintes à cet égard. Elle m’apprend qu’elle vous a annoncé quelques dispositions. En tout ceci, il faut vouloir être entièrement donné et se laisser conduire sous le joug de l’obéissance.

Adieu, encore une fois, et croyez à tout mon tendre et paternel attachement.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon, les 16 et 17 décembre 1858, avait rendu visite à Mgr Gerbet, évêque de Perpignan et de là s'était rendu à Amélie-les-Bains, où M. Génieys, ami de la famille de Gouy, était directeur des eaux.