DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.42

15 mar 1859 Nîmes ROZET Françoise-Marie ra

Il l’engage à toutes les générosités nécessaires pour être religieuse. – Il tient à lui être agréable auprès de sa mère. – Les religieuses d’Auteuil l’aideront à faire pour le mieux avec son directeur.

Informations générales
  • DR03_042
  • 1206
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.42
  • Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 35, n. 1, p. 59.
Informations détaillées
  • 1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 ROQUETTE, ABBE
    2 ROZET, MADAME
    3 AUTEUIL
  • A Mademoiselle Camille Rozet
  • ROZET Françoise-Marie ra
  • [Nîmes, le] 15 mars 1859.
  • 15 mar 1859
  • Nîmes
  • *Mademoiselle Camille Roset*(2).
La lettre

A quelque chose malheur est bon, ma chère enfant(1), puisque, quand je n’ai pas le plaisir de vous voir, vous avez plus de facilité pour m’écrire.

Mettons que je vous juge trop favorablement. C’est plus prudent, en effet. Qu’en conclure? Qu’il faut vous mettre sur-le-champ à la besogne et faire tous les jours, et plusieurs fois par jour, le sacrifice de vous-même, de vos défauts, de votre mauvais caractère, de tout ce qui en vous peut déplaire à Notre-Seigneur. Quand Dieu appelle une âme, il ne considère pas seulement ce qu’elle est au moment où il l’attire, mais ce qu’elle est capable de devenir. Moi, je vous crois très capable de devenir une très sainte petite épouse de Notre-Seigneur, et c’est pour cela même que je vous engage à ne pas perdre une minute. C’est pénible, je le sais. Mais que serait la croix, si elle n’avait pas son poids et ses clous?

Comme vous, j’eusse préféré que Madame votre mère m’eût trouvé un peu moins d’intelligence et un peu plus de coeur; mais peut-être aurai-je l’occasion de la voir, et alors nous arrangerons toutes choses pour le mieux. Je tiens trop à faire tout ce que je pourrai pour vous, mon enfant, pour ne pas me mettre, autant qu’il dépendra de moi, dans la situation que vous désirez avec Madame votre mère.

Je vous laisse toute liberté de combiner, avec vos petites Mères d’Auteuil, ce qu’il y a de mieux à faire avec M. l’abbé Roquette. Puisqu’il est bon pour vous, il ne faudrait avoir avec lui aucun procédé pénible et que plus tard nous nous reprocherions. Continuez, ma chère fille, cette vie de sacrifice qui fait, à proprement parler, le fond de la vie religieuse. Plus vous serez généreuse et plus Dieu bénira votre détermination. Ne vous attendez pas à des roses; elles seront pour votre entrée au ciel. Ici, il faut souffrir. Avant la couronne de fleurs, il faut la couronne d’épines.

Adieu, ma chère enfant. Comptez sur toute mon affection et tout mon dévouement.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Camille Rozet se préparait à entrer à l'Assomption, où elle deviendra Soeur Françoise-Marie.
2. Le P. d'Alzon écrit très souvent *Roset* au lieu de Rozet.