DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.43

17 mar 1859 Nîmes VARIN_JEANNE-Emmanuel ra

Ses prédications le retiennent à Nîmes; mais il est déterminé à se rendre à Servas. – Il ne conteste pas sa souffrance, mais il veut la rendre méritoire et joyeuse.

Informations générales
  • DR03_043
  • 1207
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.43
  • Orig.ms. ACR, AL 290; D'A., T.D. 36, n. 3, pp. 42-43.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 EPREUVES
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 REPOS
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    2 VARIN D'AINVELLE, CECILE
  • A Mademoiselle Isaure Varin d'Ainvelle
  • VARIN_JEANNE-Emmanuel ra
  • Nîmes, 17 mars [18]59.
  • 17 mar 1859
  • Nîmes
La lettre

Il faut, ma chère enfant, que vous me pardonniez mon long retard à vous répondre. Je prêchais une retraite aux dames du Tiers-Ordre, quand votre lettre m’est arrivée, et, depuis, je prêche tous les jours à nos enfants; d’où il résulte pour moi un petit surcroît de fatigue qui m’empêche de faire toujours tout ce que je voudrais.

C’est cette prédication continuelle à nos marmots qui me fait craindre de ne pouvoir aller à Servas, comme je le voudrais tant. Toutefois, il serait fort possible qu’on décide que j’aie besoin d’un jour de repos, et, dans ce cas, je le consacrerais bien volontiers à Madame votre mère. Nous combinerons cela, quand elle-même sera rétablie. Je vous prie d’être convaincue, mon enfant, que la pensée d’aller vous porter un peu de force entrera pour beaucoup dans ma détermination.

Vous souffrez donc bien, ma pauvre enfant? Et croirez-vous que je suis peu disposé à vous plaindre? Une personne qui, dans votre position, se donne à Dieu ne peut pas se donner à demi. Il faut qu’elle soit à Notre-Seigneur sans ombre de restriction, et pour cela il lui faut énormément souffrir. Ah! si seulement vous saviez profiter de ces épreuves, il y a longtemps que vous seriez une sainte. Voyons, où est la perfection? N’est-elle pas dans l’accomplissement de la volonté de Dieu? Et si elle est dans cet accomplissement, pourquoi souffrir, ou plutôt d’où vient la souffrance, si ce n’est de ce que nous voulons et nous ne voulons pas? Veuillez donc pleinement, absolument, parfaitement, de toutes les puissances de votre coeur, la volonté de Dieu, et le reste ira tout seul. Je ne dis pas, vous ne souffrirez plus, mais vous souffrirez avec mérite et joie, avec un vrai bonheur. La voie de la croix est bien dure, mais elle est bien sûre aussi, et c’est pour cela que je vous engage à l’embrasser de tout coeur, surtout pendant ce carême. Du reste, j’espère que le temps de votre épreuve sera abrégé.

Adieu, mon enfant. Veuillez offrir mes hommages à Madame votre mère et à la mère abbesse (1). Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Sa soeur Cécile (note ne figurant pas dans l'édition, ajoutée le 12 novembre 2000).