DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.45

23 mar 1859 Nîmes ESCURES Comtesse

Il l’engage à faire effort pour parfaire sa conversion. – La justice, autant que la miséricorde, sont des attributs de Dieu. – Il lui mande sa lettre par l’Assomption.

Informations générales
  • DR03_045
  • 1209
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.45
  • Orig.ms. ACR, AN 83; D'A., T.D. 38, n. 83, pp. 222-223.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 EFFORT
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 LOISIRS
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 MORT
    2 CAUSIDE, MADAME
    2 ESCURES, GAILLARD D'
    2 PIERRE
    2 REGIS, M.-GREGOIRE DE
    2 TAILHAND, ADRIEN-ALBERT
    3 AUTEUIL
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A Madame la comtesse d'Escures
  • ESCURES Comtesse
  • [Nîmes, le] 23 mars [18]59.
  • 23 mar 1859
  • Nîmes
  • *Madame*
    *Madame la ctesse d'Escures*
    *83, rue du faubourg Saint-Honoré*
    *Paris*.
La lettre

Ma chère enfant, voilà le mercredi des cendres passé(1), et je suis convaincu que votre conversion promise est effectuée. Je vais vous parler seulement des moyens de la consolider, après avoir répondu à quelques détails de votre lettre.

1° Je crois que, tant que vous ne ferez pas quelques efforts un peu sérieux pour être bonne, vous irez en dégringolant. La vie chrétienne est un effort continuel et, là où le repos commence, là aussi commence la décadence et la ruine. Cette doctrine est très peu agréable à certaines natures paresseuses, mais la peine du péché, c’est le travail, en attendant la mort.

2° Je comprends toutes les tristes réflexions que la mort de Mme Causide a dû vous inspirer. Qu’il est triste de penser que, si près de nous, Dieu frappe, et d’une manière si terrible! Il est bon de se réfugier dans sa miséricorde, mais la justice aussi est un de ses plus inaliénables attributs.

3° Quant à maître Pierre(2), ne le regrettez pas trop, et n’en veuillez pas à M. de Régis, qui ne savait pas son histoire. Peut-être y a-t-il eu du malentendu? C’est M. Tailhand qui a tout fait, et sans le vouloir; personne n’est coupable, selon moi.

Mais revenons à vous, ma fille. Puisque, comme vous le dites si bien, Dieu place de longs loisirs dans votre vie, c’est qu’il veut que vous les employiez à de bonnes et de saintes choses. Pourquoi ne pas lui donner ce qu’il exige, ce qu’il a si fort le droit d’exiger? Quelles bonnes oeuvres faites-vous? Quel temps donnez-vous à la prière? Quelles vertus pratiquez-vous? Vous êtes bonne, et très bonne, parce que la nature vous a faite ainsi; vous n’êtes pas encore assez une femme chrétienne. Ah! ma chère fille, quand nous secouerons-nous un peu?

J’ai eu l’esprit d’oublier votre adresse; je vais enfermer ces quelques lignes dans une enveloppe pour l’Assomption. Adieu, ma bonne et bien chère fille. Croyez à ma bien tendre affection. Veuillez dire à M. d’Escures que j’espère me dédommager à Pâques de n’avoir pu le voir ni à Nîmes ni à Paris. Tout vôtre, ma fille, du fond du coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le mercredi des cendres tombait le 9 mars, en 1859.
2. Jeune protégé de Mme d'Escures.