DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.47

27 mar 1859 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il remercie pour une aube, bien qu’elle fût trouée. – Il pense aller à Paris après Pâques. – Les sympathies du cardinal Morlot ne seront pas les siennes. – Vocations en perspective. – La sainteté de M. de Cabrières ne compensait pas son défaut d’énergie.

Informations générales
  • DR03_047
  • 1211
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.47
  • Orig.ms. ACR, AD 1176; D'A., T.D. 22, n. 554, pp. 205-206.
Informations détaillées
  • 1 AUBE
    1 CURES D'EAUX
    1 ENERGIE
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 ATTENOUX, BERTHE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 BRUN, HENRI
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 COMMARQUE, MARIE-THERESE DE
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 DARBOY, GEORGES
    2 EMERIC, JOSEPH-CHARLES
    2 FITZ-JAMES, ANTOINETTE DE
    2 FITZ-JAMES, DUCHESSE DE
    2 KOMAR, LOUISE-EUGENIE DE
    2 MORLOT, FRANCOIS-NICOLAS
    2 NOURRY, MADAME
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 LAMALOU-LES-BAINS
    3 LAVAGNAC
    3 PARIS
    3 VIGAN, LE
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Nîmes, le] 27 mars [18]59.
  • 27 mar 1859
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

J’ai reçu l’aube que Mme Nourry m’a envoyée, de la part de Soeur M.-Thérèse; elle était parfaitement empaquetée. Je vous prie de la remercier de son envoi et des trois beaux trous qu’elle y avait laissés. Notre sacristine, qui n’en a pas compris l’utilité, s’est hâtée de les raccommoder. J’ai eu tort sans doute de le permettre, car si Soeur M.-Thérèse les y a tolérés, c’est qu’elle y rattachait quelque idée symbolique, dont j’aurais dû lui demander le sens mystique avant de faire procéder à leur raccommodage. Mais je ne sais pourquoi je me persuade que, par une distraction involontaire à coup sûr, elle aura envoyé une aube d’un âge raisonnable et aura gardé celle que vous m’aviez montrée comme devant m’être offerte. Ceci n’est qu’un doute, et si je suis dans l’erreur, veuillez seulement demander le symbolisme des trois trous(1).

Il est très probable que j’arriverai à Paris dans la semaine après Pâques et je resterai très peu de temps, car je tiens à aller prendre les eaux à Lamalou(2). J’aurai un mois pour le tout. Je vous remercie de penser à moi pour l’époque où le cardinal ira faire la confirmation chez vous, mais ne vous en gênez point(3). Il est impossible que jamais les sympathies du cardinal Morlot soient les miennes. Je ne vois en aucune façon l’utilité d’un rapprochement autrement que pour les affaires indispensables. Je préfère de beaucoup m’en tenir à mes relations avec M. Darboy(4), qui me va beaucoup mieux.

Quand à l’idée que vous me donnez pour vendre Clichy, vous savez qu’une fois pour toutes j’approuve ce que vous aurez fait. Je réserve ma volonté pour autre chose.

Le P. Brun me fait l’effet d’être un peu mécontent. Veuillez, si vous le pouvez, quand il viendra dire la messe le vendredi, le faire causer, quoique vous puissiez vous attendre à ce qu’au premier abord il soit un peu méfiant.

Mlle de Fitz-James(5) est-elle revenue vous voir? C’est étonnant comme je me laisse aller à l’idée que vous l’aurez un jour. Une des demoiselles Correnson(6) vous arrive très certainement, et Monseigneur y pousse. Berthe était un peu moins décidée ce matin(7).

Il faut que je vous avoue que le bon abbé de Cabrières me donne des crispations par tout ce que je vois chez lui de sainteté à côté de la question. Je ne puis me défendre du dépit que me cause la vue du mal qu’il a laissé faire par défaut d’énergie. Il faut remonter et remonter à chaque instant des choses ruinées entre ses mains. Aussi quand il vient me dire qu’il a une crise de désir de sainteté, j’ai envie de l’envoyer promener, et je comprends ce que vous faisaient éprouver les théories de Soeur M.-Augustine.

La maison, du reste, se relève assez bien. Nous allons probablement avoir M. Emeric(8), un diacre dont je vous ai déjà parlé. Il a déjà écrit à sa famille. Son entrée nous vaudra probablement celle d’un jeune prêtre.

Adieu, ma fille. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Dans sa lettre du 29 mars, Mère M.-Eugénie écrivait: "Je dois vous dire, pour rendre hommage à la vérité, que l'aube qu'elle vous a envoyée est bien celle que je vous avais montrée et que Nathalie [de Komar] avait faite pour vous. Nous n'en avons pas de semblable, elle ne doit avoir été blanchie qu'une fois; mais c'est la petite étourdie qui l'a brodée qui, je crois, y a laissé par mégarde avec ses ciseaux les trois malheureux petits trous."
2. Le P. d'Alzon ne réalisera pas ce projet mais se rendra du 25 avril au 2 mai à Lavagnac et, de là, à Lamalou, où il séjournera jusqu'au 13 mai et reviendra à Nîmes le 17, après être repassé par Lavagnac.
3. "La raison pour laquelle je désirais que le cardinal vous vît ici, écrivait Mère M.-Eugénie le 29 mars, c'était pour vous poser en père de la maison, s'il était bon qu'il vous prît ainsi. C'est cela que je vous priais d'examiner."
4. Le futur archevêque de Paris, alors vicaire général et supérieur ecclésiastique des Religieuses.
5. Antoinette de Fitz-James, fille de la duchesse de Fitz-James bienfaitrice insigne des Petites Soeurs de l'Assomption, dans les années de leur fondation.
6. Il s'agit, comme il sera dit par la suite, de Marie Correnson, née à Paris le 20 juillet 1842 et morte à Nîmes le 24 juillet 1900. Marie Correnson, sous le nom de Soeur Emmanuel-Marie de la Compassion se consacra, à la demande du P. d'Alzon, le 27 juin 1867, à être la Mère des Soeurs Oblates de l'Assomption fondées par lui au Vigan, le 24 mai 1865.
7. Berthe Atténoux.
8. Les T.D. ont lu *Egnorie". Nous lisons plutôt *Eymeric*. Il s'agit sans doute du M. *Emeric* dont il est question dans une lettre au P. Picard du 6 avril.