DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.54

8 apr 1859 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Son voyage dépend de la profession de sa nièce, comme aussi de sa santé. – Les plantations au couvent de Nîmes. – Il la rejoint dans ses difficultés avec quelques-unes de ses religieuses. – Nouvelles du P. Saugrain. – Il est content du P. Laurent, il faut le soutenir. – Comme il le lui a dit, il renverra Soeur M.-Augustine à sa conscience uniquement.

Informations générales
  • DR03_054
  • 1217
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.54
  • Orig.ms. ACR, AD 1181; D'A., T.D. 22, n. 559, pp. 211-213.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 JARDINS
    1 MALADES
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 REPOS
    1 VERTU DE CHASTETE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOEUX DE RELIGION
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 BOLZE, MARIE-GERTRUDE
    2 BRUN, HENRI
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CABRIERES, HUMBERT DE
    2 CHAUVAT, MARIE-GENEVIEVE
    2 CUSSE, RENE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MALBOSC, FRANCOISE-EUGENIE DE
    2 MAUVIEL, PROSPER
    2 MORLOT, FRANCOIS-NICOLAS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 PUYSEGUR, MARIE-THERESE DE
    2 REVOIL, HENRI-ANTOINE
    2 ROCHER, THERESE-AUGUSTINE DE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 THERESE, SAINTE
    3 AUTEUIL
    3 PARIS
    3 RICHMOND, ANGLETERRE
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 8 avril [18]59.
  • 8 apr 1859
  • Nîmes
La lettre

Qu’il me tarde de vous voir,ma chère fille! Il me semble que j’aurais une foule de choses à vous dire. En y réfléchissant je songe que j’ai été peu aimable, en n’ayant pas l’air de tenir à me trouver à Auteuil quand le cardinal y viendra(1). Souvenez-vous cependant que je suis à vos ordres. Cependant si ma nièce(2) fait sa profession après Pâques, il serait possible que je vinsse tout de suite à Paris, d’autant plus que j’ai à présent un peu besoin de repos. Ma tête, je le sais, le demande. Cependant je suis abasourdi de ce qu’elle me permet de faire.

M. Humbert de Cabrières sera ici mardi. Il rectifiera le plan du jardin, et puis nous verrons ce que l’on demandera pour le prix total des plantations. Peut-être vaudra-t-il mieux procéder peu à peu, car tout planter à la fois serait bien cher avec vos autres dépenses, tandis que peu à peu cela vous coûtera moins, surtout si vous avez un jardinier. Mais je ferai faire toujours le devis, et puis vous verrez. Votre prieuré prend réellement tous les jours une très jolie tournure, mais il faut m’envoyer le croquis de M. Revoil avec vos observations, si vous voulez que j’y tienne la main.

Que je vous plains de tous les ennuis que vous causent votre pauvre folle et votre pauvre imbécile(3)! Il y a des jours où j’ai peur pour Soeur M.- Genev[iève], et toutefois le grand air lui fait du bien et j’exige de Soeur Fr[ançoise]-Eug[énie], qui ne la comprend pas assez, qu’elle trouve des prétextes pour l’envoyer au terrain(4).

Thérèse de Rocher est réellement une charmante enfant et fera une petite religieuse très bonne. Sauf qu’elle a un peu moins d’esprit que Soeur Fr[ançoise]- Eugénie, je lui trouve beaucoup de ressemblance pour la perfection du caractère.

Quant à Soeur M.-Gertrude, décidément elle quitte. Son père, qui est un homme de bon sens, ne se fait aucune illusion, il s’attend à ce qu’elle souffrira chez elle et fera souffrir les autres. Sa mère pleure, est calme et a un genre de soumission à la volonté de Dieu qui me fait faire de très grandes réflexions.

Le Père Dominicain a un succès fou. Cependant hier il a indigné M. de Cabrières. Il paraît qu’il a parlé en chaire du tempérament hystérique de sainte Thérèse et a fait une dissertation sur la chasteté plus ou moins modeste. Monseigneur a tiré deux ou trois fois sa montre.

Le P. Hippolyte se remonte ou est tout remonté. Ou je me trompe ou l’Assomption d’ici était son élément. Il m’y paraît heureux et y fait positivement du bien. Le P. Brun est de mauvaise humeur par tempérament, – car il m’écrit une bonne lettre par les efforts qu’elle lui suppose. C’est un cerveau très étroit. Je savais l’histoire du P. Cusse à propos du P. Mauviel(5), j’ai donné toutes les explications au P. Laurent. S’ils ne sont pas contents, je les engagerai à s’entendre entre eux, ce qui est difficile.

Moi aussi, je suis très content de l’esprit du P. Laurent. Je lui prêche sur tous les tons d’être supérieur. Faites-le s’ouvrir. Il doit souffrir de la petite opposition que [le P.] Cusse et le P. Brun lui suscitent; il me revient, ce qui est un bien. Tâchez de profiter de cette disposition, vous lui ferez du bien.

Quant à Soeur M.-Augustine, évidemment je ne vous forcerai jamais à des explications. Si vous aviez pensé que ce fût mon intention, vous vous trompiez bien, ma pauvre fille. Mais j’ai besoin que vous soyez convaincue que jamais je ne lui donnerai raison. Seulement je pourrai supposer un instant qu’elle l’aurait, parce que je voudrais lui faire sentir ses torts sur un point plus essentiel. Par exemple, je laisserai de côté ses procédés envers vous pour examiner ses fautes envers Dieu. Me fais-je bien comprendre ?

Adieu, ma fille. Mon coeur va vers vous avec une simplicité qui n’admet plus que je puisse me faire le moindre reproche, ni pour le fond ni pour la forme. Voyez-vous ma conviction d’amitié et de tendre dévouement.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le cardinal Morlot, qui devait donner la confirmation le 21 mai.
2. Sa nièce Alix de Puységur, entrée au Carmel et en instance d'y faire sa profession religieuse, à Paris.
3. En reprenant ces expressions, le P. d'Alzon fait sienne la souffrance de Mère M.-Eugénie pour deux de ses Soeurs dont la santé donnait à penser.
4. Sans doute le terrain du futur couvent. Le P. d'Alzon emploie la même expression pour le terrain du patronage.
5. Le P. Cusse aurait été assez sot pour s'intéresser aux griefs du P. Mauviel contre la supérieure de Richmond (Lettre de Mère M.-Eugénie du 7 avril).