- DR03_064
- 1225
- DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.64
- Orig.ms. ACR, AD 84; D'A., T.D. 38, n. 84, pp. 223-224.
- 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
1 CURES D'EAUX
1 MORTIFICATION
1 PATIENCE
1 SPECTACLES
1 VOEUX DE RELIGION
3 LAMALOU-LES-BAINS
3 PARIS - A Madame la comtesse d'Escures
- ESCURES Comtesse
- [Lamalou, le] 3 mai [18]59.
- 3 may 1859
- Lamalou
- *Madame*
*Madame la ctesse d'Escures*
*83, rue du faubourg Saint-Honoré*
*Paris.*
Je n’ai pas répondu encore à votre lettre, ma bien chère fille, parce que j’avais pensé aller vous porter moi-même ma réponse. J’avais cru pouvoir partir tout de suite après Pâques et assister à la prise du voile noir de ma nièce, mais l’époque a été fixée de façon à ce que cela me fût impossible, avec l’obligation où je suis de venir prendre les eaux de Lamalou.
Vous luttez, ma chère fille, contre Dieu même, et vous ne serez pas la plus forte. Remarquez que je ne veux pas vous prier de rien faire d’autre que ce que vous faites; je voudrais que vous le fissiez autrement, c’est-à-dire parfaitement bien. Votre vie assez calme et unie, sanctifiée par une soumission amoureuse à la volonté de Dieu, prendrait un caractère tout nouveau. Si, tous les matins en vous levant, vous disiez à Dieu dans votre méditation: « Seigneur, que voulez-vous que je fasse? » et si vous assaisonniez votre journée de quelques actes de patience, de charité, de mortification, de travail, selon les temps et les circonstances, je suis persuadé que Dieu, de son côté, y mettrait du sien et vous relèverait. Quant à ce que vous appelez le hic de votre sanctification, il n’en peut être que ce qui plaira à la Providence, et, quelque assombrissement que puisse jeter sur votre vie la douloureuse déception que vous éprouvez, il me paraît impossible que vous ne voyiez pas dans ce qui arrive la preuve que vous devez mener une vie chrétienne conforme à la situation qui vous est faite.
Je ne répondrai pas à la question que vous m’adressez au sujet de l’Opéra, parce qu’au premier coup d’oeil il faudrait dire: « Vous avez mal fait, puisque vous le pouviez »; mais, en examinant la nature de ma chère fille, ce que je blâmerais en elle dans cette circonstance n’est pas tant telle ou telle concession, qu’une disposition un peu trop générale à ne pas tenir compte de l’esprit chrétien qu’elle doit faire paraître dans tout ce qu’elle fait.
Quoi qu’il en soit, je vous demande de m’écrire quelquefois et de me permettre de vous rappeler que, quand Dieu dispose les choses d’une certaine façon, il faut courber la tête et le coeur du côté où il le veut, et que c’est là le meilleur sous tous les rapports.
Adieu, ma chère enfant. Croyez à ma bien tendre et bien profonde affection.
E.D'ALZON.