DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.67

3 may 1859 Lamalou PICARD François aa

Ce n’est pas de sa faute si la communauté de Clichy ne va pas. – A titre d’assistant général, il devrait le tenir au courant et privilégier a priori le P. Laurent. – Autres nouvelles.

Informations générales
  • DR03_067
  • 1227
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.67
  • Orig.ms. ACR, AE 77; D'A., T.D. 25, n. 78, p. 68.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE CLICHY
    1 GOUVERNEMENT DE LA CONGREGATION DES ASSOMPTIONNISTES
    1 REPRESSION DES ABUS
    1 VENTES DE TERRAINS
    2 BRUN, HENRI
    2 CAUSSETTE, JEAN-BAPTISTE
    2 CUSSE, RENE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 O'DONNELL, EDMOND
    2 PERNET, ETIENNE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
    3 AUTEUIL
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 FONTEVRAULT-L'ABBAYE
    3 NIMES
  • Au Père François Picard
  • PICARD François aa
  • [Lamalou, vers le 3 mai 1859](1).
  • 3 may 1859
  • Lamalou
  • *Père Picard*
La lettre

Je commence, mon cher enfant, par où vous finissez. L’horloge de Clichy, dites-vous, a besoin de l’horloger. Je m’en étais aperçu; mais qu’est-ce que des religieux que j’ai cherché à remonter, comme je l’ai fait cet hiver(2), à qui j’écris sans cesse et qui sans cesse se détraquent? Je vous avoue que, plus que la question d’argent, ce motif me porterait à fermer la maison. Car enfin celle de Nîmes va bien, et je ne puis être dans les deux à la fois. Voilà douze ans que c’est toujours la même chose! Il faut toujours reprendre à nouveau, mais moi-même je finirai par m’y user. Du reste vous auriez bien fait de me dire en quoi les choses n’allaient pas. Chacun se plaint de son voisin. Vous, qui n’êtes le voisin de personne et qui, de plus, êtes mon assistant, tâchez donc de me tenir un peu au courant de ce que vous savez et que vous pouvez me dire(3). Règle générale: vous devez donner raison au P. Laurent, sauf à lui faire des observations en particulier. Je vous assure que je suis en général très content du P. Laurent, sauf qu’il n’est pas assez ferme; mais ce n’est pas de cela que les élèves se plaignent(4).

Merci de ce que vous me dites du P. Caussette(5). Je vais tâcher de lui écrire.

Adieu, mon cher ami. Soignez-vous, mais continuez la conférence(6), alors même qu’elle ne serait pas reconnue. Plus tard nous obtiendrons qu’elle le soit.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Réponse à une lettre du P. Picard écrite d'Auteuil, le 29 avril, qui s'achevait par ces lignes: "J'ai été deux fois à Clichy cette semaine; l'horloge réclame la main de l'horloger."
2. Lors de son séjour à Paris, du 10 février au début de mars.
3. Dans sa lettre du 10 mai 1859, le P. Picard commence par rappeler qu'il avait été accusé l'an passé de se mêler de ce qui ne le regardait pas. Puis il écrit: "1° Tout le monde voudrait se mêler du gouvernement général de la Congrégation, d'où irritation contre l'accaparement de ce qu'on appellerait une caste privilégiée. 2° On est étonné que vous ayez remis la vente de Clichy à Mme la Supérieure, et à ce sujet j'ai entendu émettre des soupçons et des idées, qui m'ont fait beaucoup de peine et me paraissent manquer aux règles de la reconnaissance et de la charité à l'égard de Mme la Supérieure et en général de toute "l'abbaye de Fontevrault". 3° L'admission irrégulière du dernier novice revient sans cesse sur le tapis.[...] A ce sujet, je vous soumettrai un doute: ne serait-il pas utile que, s'il y a un jugement peu favorable à porter sur un postulant, on ne le porte que devant les membres du Conseil? Et ne ferait-on pas par là disparaître en partie la cause de ce mécontentement? 4° On se plaint que le P. Laurent garde tout pour lui, ne dit rien à ses religieux et brise ainsi toute spontanéité; des hommes, dit-on, doivent être traités comme des hommes. 5° Enfin, on va à l'extérieur, et on prétend que personne dans la Congrégation n'est un supérieur régulièrement élu."
Il ne fait pas de doute que ces plaintes émanent du P. Cusse. En effet, le P. Picard écrit un peu plus loin: "Le P. Cusse, esprit inquiet, sans cesse *circuit quaerens quem devoret*, et cette fois il a trouvé de nombreuses victimes." Le P. Picard est bien moins sévère sur les autres religieux. En effet, écrit-il, si le P. Brun partage l'avis du P. Cusse sur bien des points, le P. Pernet, malade, a tous les jours et à toutes les heures de la journée à subir les jérémiades du P. Cusse: "une tête plus forte y partirait". Le P. Tissot est toujours un paisible dissertateur, et le P. O'Donnell voudrait avoir un peu d'influence.
4. A propos du P. Laurent, le P. Picard écrira le 10 mai: "Dans toutes ses affaires, il est peut-être un peu trop réservé, n'intéresse pas assez les religieux aux affaires de la maison, mais aussi sa position est fort difficile."
5. Supérieur des Religieux du Calvaire et en pourparlers d'union avec l'Assomption, le P. Caussette venait d'assurer à Paris une série de prédications. Le 29 avril, le P. Picard écrivait: "J'ai vu hier le P. Caussette, qui a été fort aimable; j'ai rapporté de cette visite la meilleure impression. Il est venu hier soir à Auteuil et a causé longuement avec Mme la Supérieure des projets en question. Il regrette bien vivement que vous ne soyez pas ici pour voir avec lui le nonce et viser ensemble aux moyens à prendre pour tout arranger.
6. Il s'agissait d'une petite réunion de jeunes gens qu'avait inaugurée le P. Saugrain, et que le Conseil des Conférences de Saint-Vincent de Paul refusait d'annexer, parce que c'était encore fort peu de chose (Lettre du P. Picard, du 29 avril).