DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.70

5 may 1859 Lamalou MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il a cru mieux faire de ne pas aller à Paris, pour ne pas renoncer à prendre les eaux. – Son point de vue sur le déplacement de quelques religieuses de Nîmes, d’Auteuil et de Sedan.

Informations générales
  • DR03_070
  • 1229
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.70
  • Orig.ms. ACR, AD 1185; D'A., T.D. 22, n. 563, pp. 217-218.
Informations détaillées
  • 1 CURES D'EAUX
    1 EDUCATION RELIGIEUSE
    1 PREDICATION
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CAUSSETTE, JEAN-BAPTISTE
    2 FABRE, JOSEPHINE
    2 GOUSSET, THOMAS
    2 HOWLY, MARIE-WALBURGE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MAC NAMARA, MARIE-MARGUERITE
    2 MALBOSC, FRANCOISE-EUGENIE DE
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 TOURNEUR, LOUIS-VICTOR
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 ITALIE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 REIMS
    3 RETHEL
    3 SEDAN
    3 TOULOUSE
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Lamalou, 5 mai [18]59.
  • 5 may 1859
  • Lamalou
La lettre

Ma bien chère fille,

Je viens de recevoir à l’instant votre lettre du 1er mai, elle a mis cinq jours pour m’arriver. Je n’y comprends rien(1). Quoi qu’il en soit, vous savez probablement d’une manière positive que je crois mieux faire de ne pas aller à Paris. J’aurais dû renoncer à prendre les eaux et franchement j’en avais besoin.

Si vous voulez de suite Soeur M.-Walburge(2), je vous la céderais,. mais je crois qu’elle nous fera bien faute, et je doute qu’elle ne fasse un peu tort à la maison. Soeur M.-Walb[urge] à Sedan, Soeur M.-Aug[ustine] à Nîmes, la place de Soeur M.-Marg[uerite](3) serait toute trouvée à Paris, ainsi que nous l’avions combiné. Vous pourriez différer de quelques jours votre départ, rappeler Soeur M.-Walb[urge] et arriver avec elle à Sedan, après avoir fait venir Soeur M.-Marg[uerite]. Si M. Tourneur n’était là derrière qui prendra cela pour un affront, ce serait à coup sûr le parti le plus simple. Soeur Franç[oise]-Eug[énie] me disait dernièrement que Soeur M.-W[alburge] aimait le changement, mais sera-t-elle ravie de changer pour Sedan?

Souvenez-vous bien qu’en vous l’offrant, je fais un sacrifice, car je la crois parfaite pour la place qu’elle occupe. Elle est très édifiante, fait aimer la maison; elle n’est peut-être pas assez ferme, au dire d’autres religieuses qui sont peut-être trop raides, mais elle est adorée des enfants, sans qu’on puisse, au moins que je sache, lui reprocher de se les attirer. Les rendra-t-elle chrétiennes? Comment voulez-vous qu’elle en vienne à bout, si elle marche sur les traces du saint abbé de C[abrières], qui le jeudi-saint, au moment ou il allait se trouver mal, expliquait à un mioche, entre choses, le côté littéraire (je l’ai entendu de mes deux oreilles) du discours après la Cène? Est-ce la peine de se donner des maux de coeur et des évanouissements, pour expliquer, le jeudi saint, le discours après la Cène par le côté mystique sans doute, mais aussi par le côté littéraire?

Quoi qu’il en soit, je vais écrire une première lettre à Soeur M.-Aug[ustine], mais un peu vague, et, dès mon retour à Nîmes, je lui demanderai d’arriver. Veuillez croire que je ne vous donne pas une petite preuve de dévouement en la faisant venir. Je compte que vous me donnerez exactement où vous en êtes pour Sedan, afin que, si vous croyez devoir rappeler Soeur M.-Marg[uerite] , je presse un peu plus Soeur M.-Aug[ustine]. Vous pourriez peut-être parler à M. Tourneur de la sottise de Soeur M.-Marg[uerite] , comme nous parlons de Joséphine; quoique pour celle-ci je ne vois pas de grands inconvénients à cause de la façon dont je l’ai pris.

Adieu, ma chère fille. Tout vôtre du fond du coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Je vous parlerai un autre jour du P. Caussette(4). Quant aux misères de Clichy, qu'y faire? Le P. Laurent est parfait et je l'admire toujours plus, mais il n'a pas la main assez ferme.1. Les déplacements de troupes pour la guerre d'Italie encombraient les chemins de fer, et la poste, par conséquent.
2. Maîtresse du pensionnat au prieuré.
3. Soeur M.-Marguerite, de la communauté de Sedan, qui s'appuyait trop, au jugement de Mère M.-Eugénie, sur l'abbé Tourneur, curé de la ville.
4. Dans sa lettre du 29 avril, Mère M.-Eugénie écrivait: "Je ne veux pas tarder à vous dire que, n'ayant pas vu le P. Caussette depuis son arrivée à Paris, j'ai prié le P. Picard d'aller lui faire une visite hier. Il y est allé avec le P. Pernet. Je crois que cela lui a fait plaisir. Il les a très bien reçus; puis il est venu hier me voir. Il a été très ouvert, très aimable, m'a parlé des projets de fusion et m'a dit que, d'après votre encouragement, il avait parlé au cardinal de Reims [Mgr Gousset] et que celui-ci tout en lui faisant un grand éloge de vous et des vôtres, lui avait dit d'attendre, et avait paru trouver que la chose demandait tant de temps et tant de difficultés que c'était presque la rejeter. J'ai reçu cette communication en riant et lui ai répondu que le pauvre cardinal était si fort devenu vieillard que je croyais qu'on ne pouvait plus compter sur son avis. Je lui ai raconté des affaires du diocèse à l'appui, mais je ne lui ai rien dit de Rethel; le cardinal ne paraît pas non plus lui en avoir parlé. Je lui ai dit que si l'on avait besoin du cardinal pour la fusion, on le ferait agir tout de même, et le fait est que je crois que je le pourrais. Le P. Caussette désire beaucoup vous voir; il part dimanche soir pour Toulouse; je pense que vous vous arrangerez pour le voir [...] Il a eu à Paris le plus grand succès."