DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.74

7 may 1859 Lamalou ROZET Françoise-Marie ra

Apprenant par sa lettre qu’elle est sur le point de faire un essai de vie religieuse, il lui offre sa prière et ses voeux; mais il ne lui faudra pas marchander, et se former à l’oraison.

Informations générales
  • DR03_074
  • 1233
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.74
  • Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 35, n. 2, pp. 60-61.
Informations détaillées
  • 1 DON DE SOI A DIEU
    1 ORAISON
    1 VOCATION RELIGIEUSE
  • A Mademoiselle Camille Rozet
  • ROZET Françoise-Marie ra
  • [Lamalou, le] 7 mai 1859.
  • 7 may 1859
  • Lamalou
La lettre

Ma chère enfant, si je n’avais cru aller à Paris, et, plus tard, si j’avais positivement su où vous étiez, je vous aurais répondu depuis longtemps. Enfin, j’apprends que vous êtes sur le point d’entrer et de faire un essai. Tout à l’heure, à mon action de grâces, je priais pour vous sans savoir que votre détermination fût si prochaine, – car c’est en sortant de la chapelle que la lettre qui me l’annonce m’a été remise, – et je demandais à Notre-Seigneur ce que je voudrais vous avoir dit, quand je paraîtrais devant lui. Eh bien! quelque chose me poussait à vous dire d’entrer au plus tôt.

Vous avez sans doute des défauts, mon enfant, et vous avez été trop sincère avec moi pour ne pas me les montrer; mais vous avez un esprit de foi, qui, développé par la vie religieuse, vous aidera à soulever des montagnes. Telle est du moins ma conviction.

Si vous entrez, ma fille, il ne faut pas marchander et vous porter du premier coup au plus pénible, comme on vous le montrera. Il ne s’agit pas de mortifications, mais de renoncement à votre volonté propre, d’obéissance, d’humilité et d’amour du mépris. Tout cela n’est pas très agréable, mais on se fait religieuse pour être agréable à Dieu et non pas à soi-même. Si vous prenez rondement votre parti de ne marchander avec aucun sacrifice, avant trois mois vous serez la plus heureuse des filles, sans compter que plus tard vous aurez le bonheur d’être l’épouse de Notre-Seigneur.

Vous ne me faites pas l’effet d’être très versée dans l’oraison. Ce sera peut-être une difficulté des premiers temps, mais une fois [qu’elle sera] vaincue, vous verrez avec quelle joie vous vous y porterez.

Adieu, ma fille. Tout vôtre et du fond du coeur, avec l’espoir que vous allez devenir une petite sainte.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum