DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.75

8 may 1859 Lamalou AA_NIMES

Il désire leur écrire une lettre collective en attendant son retour, qui ne saurait tarder. – Chacun doit s’interroger sur sa conduite et son désir de sainteté. – Lui-même mesure la responsabilité qu’il a prise à les conduire dans les voies de Dieu.

Informations générales
  • DR03_075
  • 1234
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.75
  • Orig.ms. ACR, AJ 34; D'A., T.D. 32, n. 34, pp. 36-37.
Informations détaillées
  • 1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SUPERIEUR
    2 CHAINE, VINCENT
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GAVETE, FRANCOIS
    2 JOURDAN, RAPHAEL
    2 RODOLPHE, FRERE
  • Aux religieux étudiants de Nîmes
  • AA_NIMES
  • Lamalou, 8 mai [18]59.
  • 8 may 1859
  • Lamalou
La lettre

Mes chers Frères,

Je ne vois pas pourquoi je ne vous écrirais pas une lettre collective pour vous engager à vous mettre un peu sérieusement à l’oeuvre de votre sanctification. Ces petits récits font du bien, et quand la voix du berger se fait entendre, quelque éloignée qu’elle soit, elle fait toujours un peu fuir le loup.

Je serai, il est vrai, parmi vous probablement plus tôt que je ne l’avais espéré d’abord. Je ne vais probablement pas à Paris, à moins d’un de ces motifs imprévus qui tombent comme une tuile. Ainsi j’aurai le plaisir de vous embrasser sous très peu de temps. Mais n’importe. Il faut que je vous adresse ma question(1): Etes-vous sages? [Le] Fr. Raphael dort-il toujours en écoutant le P. Galabert professer la théologie? [Le] Fr. Vincent tient-il toujours aussi fort à son avis et à ses maladresses? [Le] Fr. Rodolphe est-il toujours aussi lambin? Un petit oiseau m’a chanté qu’il était même un peu entêté. [Le] Fr. François est-il toujours aussi propre?

Vous voyez que, quand je commence, il n’y a pas de raison pour que je finisse. Quoi qu’il en soit, êtes-vous des saints? Je frémis quand je pense que j’ai pris la responsabilité de vous aider à le devenir. Vraiment, oui, c’est effrayant, car enfin il y va de mon salut, et c’est pour cela que je ne sais trop quelquefois ce que je dois faire et si je ne ferais pas mieux, vu mon peu de forces, de demander à être débarrassé d’un pareil poids. Je vois, depuis quelque temps, les choses d’un point de vue fort différent, et ce que je croyais pouvoir porter sans hésitation me fait frissonner, non que je me fasse d’inutiles scrupules, mais parce que l’éternité est là. Je consens bien volontiers à m’offrir à Dieu pour qu’il fasse de moi ce qu’il voudra, mais à condition que vous en profiterez. Voyez donc, mes chers Frères, ce qui vous est le plus agréable: ou que je me donne à vous pour vous perfectionner, ou que je me laisse prendre par le bon Dieu pour qu’il fasse l’oeuvre à lui tout seul.

Adieu, mes chers enfants. A huit ou neuf jours au plus tard. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Une question particulière à chacun des Frères: le Fr. Raphaël ou Ernest Jourdan, le Fr. Vincent Chaine, tous deux profès; les deux autres, novices: le Fr. Rodolphe et le Fr. François.