DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.92

15 may 1859 Lavagnac PICARD François aa

La concentration est impossible pour le moment. – Il s’attendait aux murmures sur la liturgie. – Il attend toujours les pièces du cérémonial réclamées. – Il croit avoir suivi l’instruction sur les admissions pour le dernier novice. – Les supérieurs particuliers n’auront jamais de conseil, ce qui n’empêche personne de lui dire librement son opinion.

Informations générales
  • DR03_092
  • 1242
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.92
  • Orig.ms. ACR, AE 78; D'A, T.D. 25, n. 79, p. 69.
Informations détaillées
  • 1 CADRE DE LA VIE RELIGIEUSE
    1 CONSEIL DU SUPERIEUR LOCAL
    1 CRITERES D'ADMISSION AU NOVICIAT
    1 DESOBEISSANCE
    1 LITURGIE
    2 BRUN, HENRI
    2 CUSSE, RENE
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 CLICHY-LA-GARENNE
  • Au Père François Picard
  • PICARD François aa
  • [Lavagnac], 15 mai [18]59.
  • 15 may 1859
  • Lavagnac
La lettre

Mon cher enfant,

Merci de tout ce que vous me dites(1). C’est parfaitement juste. Je voyais tout comme vous. (C’est pour cela que votre avis me paraît juste, – ainsi est fait l’homme).

Quant à la concentration, elle est absolument impossible pour le moment(2). Il n’y faut pas songer, et ce serait nous bien exposer pour plus tard. Je m’étais attendu aux murmures sur la liturgie, mais le fin mot est que l’on sent qu’avec le P. G[alabert] je puis me passer d’un autre savant(3). Or, comme supérieur, je crois devoir me poser ainsi que, quand je ne me sers pas de l’un, je puis me servir de l’autre. Pourquoi m’a-t-on, malgré plus de dix lettres, refusé des pièces du cérémonial que je demandais ? On voulait être nécessaire.

Je vous assure que, pour le dernier novice, j’ai bien relu l’instruction sur les admissions et je crois l’avoir suivie, autant que je la comprends(4). Ce sont, vous le comprenez, des explications et non pas des excuses. Quant au conseil pour les supérieurs particuliers, jamais je n’y consentirai, tant que je serai q[uel] q[ue] chose(5). Nous aurions la cour du roi Pétaud. Vous devez savoir si vous me dites votre opinion librement. En êtes-vous plus mal avec moi? Le P. Hippolyte ne me l’a-t-il pas dite bien souvent aussi en opposition avec la mienne? En suis-je plus mal avec lui? Il est arrivé à Nîmes le coeur froissé. Je le crois aujourd’hui très au large. Non; il y a là- dessous un peu d’indépendance, et je vous conjure de lutter contre ce courant. Vous êtes assistant; sachez le dire au besoin.

Tout vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Dans sa lettre du 3 mai, le P. d'Alzon avait demandé au P. Picard son avis sur la communauté de Clichy. Le P. Picard lui avait répondu le 10, énumérant les causes du malaise (v. *Lettre* 1227, n. 3) et suggérant des remèdes. Le P. d'Alzon accuse réception.
2. Comme remède "désirable sinon possible", le P. Picard avait proposé: "la concentration de tous les religieux dans une seule maison à la tête de laquelle vous soyez".
3. A l'origine de ces murmures se trouvait le P. Cusse, "la liturgie faite petit garçon", disait de lui le P. d'Alzon dès 1846.
4. Il s'agit du décret *Regulari disciplinae* (1848) auquel renvoyait le rescrit sur la constitution du noviciat, obtenu par la congrégation le 11 décembre 1857 (*Collectanea*, p. 6).
5. Le P. Picard avait écrit: "Tous demandent un Conseil; un Conseil de trois membres serait peut-être une chose utile...". Dans une lettre du 23 juin, le P. Brun demandera encore au P. d'Alzon si le supérieur ne devrait pas avoir un conseil, au moins consultatif.