DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.96

26 may 1859 Nîmes PERNET Etienne aa

L’esprit critique de certains religieux est à l’origine du malaise de la communauté de Clichy, qu’il croyait pourtant avoir bien remontée.

Informations générales
  • DR03_096
  • 1246
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.96
  • Orig.ms. ACR, AP 287; D'A, T.D. 34, n. 20, p. 16.
Informations détaillées
  • 1 ASSISTANTS GENERAUX ASSOMPTIONNISTES
    1 DESOBEISSANCE
    1 ECONOMAT
    1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
    2 BRUN, HENRI
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 LAMALOU-LES-BAINS
    3 PARIS
  • Au Père Etienne Pernet
  • PERNET Etienne aa
  • [Nîmes], 26 mai [18]59.
  • 26 may 1859
  • Nîmes
La lettre

Mon bien cher enfant,

Croyez que je connais votre bon esprit, et ce n’est pas à vous que j’en veux(1), mais que peut-on faire? Quand on a, dans une visite(2), remonté les religieux comme je croyais l’avoir fait, quand on les quitte contents et bien disposés, comme je croyais vous avoir quittés, quand tous promettent de suivre la règle, s’ils ne la suivent pas, s’ils se blessent par le manque de charité, est-ce ma faute? Mon pauvre ami, cette cause, je la connais, mais la faire disparaître est bien difficile; ce sont quelques idées fausses, anti-religieuses que je n’ai pas assez combattues, cette prodigieuse facilité à juger, blâmer, critiquer, facilité si grande qu’on ne s’en aperçoit pas.

Adieu, mon cher ami. Je m’arrête, parce que je dirais plus que je ne veux en ce moment. Souvenez-vous que le quatrième commandement est bien peu observé, et ce n’est pas pour moi que je parle en ce moment.

Tout vôtre du fond du coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Le Père Brun me voit me reposer depuis plus de quinze jours(3).1. "Si j'ai murmuré, je ne murmure plus", avait écrit le P. Pernet le 23 mai, et, après avoir affirmé que lui-même n'avait jamais connu de découragement "depuis que vous avez eu la bonté de me garder avec vous", il signalait au P. d'Alzon qu'il y avait à Clichy une cause de découragement qui menaçait d'être funeste à toute la communauté, à savoir un "manque de suite et d'ensemble" à propos duquel se posait la question des moyens à prendre pour ramener la bonne harmonie, la confiance, la cordialité et l'entrain. "On se regarde, écrivait-il, et on se demande: allons-nous nous dissolvant? La chose est très grave, votre présence ici me paraît nécessaire. [...] Je vous prie de me pardonner la liberté avec laquelle je vous dis ces choses. Je ne critique point, je ne veux nullement manquer de charité. Mais quand il s'agit de l'intérêt d'une congrégation, il est bien permis de passer par-dessus les scrupules. Le malaise des religieux de Clichy ne vient pas uniquement de leur peu de ferveur. Peut-être serait-il mieux de dire que leur relâchement est la suite d'un malaise général qui n'est pas leur fait."
2. Pendant son séjour à Paris, du 10 février au début de mars.
3. Par cette phrase assez sybilline, le P. d'Alzon veut sans doute dire qu'il n'a pas encore eu l'occasion de lire une réponse du P. Brun à la lettre (perdue) qu'il lui a écrite de Lamalou, "lettre extrêmement sérieuse", dira le P. Brun, en répondant enfin le 11 juin aux observations du P. d'Alzon sur les mécontentements qu'il avait manifestés. Le P. Brun reconnaît le bien-fondé de ce reproche s'il s'agit de conversations avec les religieux sur l'avenir de l'oeuvre, mais il ajoute que "ces conversations parfois regrettables ne disparaîtront que lorsque les religieux seront tenus un peu moins en dehors de ce qui se passe dans les diverses maisons". Le P. d'Alzon l'ayant en outre invité à réfléchir sur ses devoirs d'assistant général, il note que cette charge se réduit à un titre qui disparaît entièrement sous celui d'économe.