DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.97

27 may 1859 Nîmes PICARD François aa

Il compte sur son influence pour seconder le P. Laurent à Clichy. – Il a dit la messe pour Mme Constant, dont la mort est une perte immense. – Célébration protestante près du Désert.

Informations générales
  • DR03_097
  • 1247
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.97
  • Orig.ms. ACR, AE 79; D'A., T.D., 25, n. 80, p. 70.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE CLICHY
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    2 CLASTRON, JULES
    2 CONSTANT, MADAME
    2 DAUNANT
    2 GIRARD
    2 LA FARELLE, FELIX DE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 OLIVIER, DANIEL
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 PUAUX, FRANCOIS
    3 CLICHY-LA-GARENNE
  • Au Père François Picard
  • PICARD François aa
  • Nîmes, le 27 mai 1859.
  • 27 may 1859
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Cher ami,

Nous allons assez bien ici, et la maison me fait l’effet de se remonter. Ce que vous me dites du P. Laurent me comble de joie(1). Malheureusement il ne peut pas suffire à tout, avec les difficultés de sa position à Clichy. Quand vous y allez, – et si vous le pouvez, allez-y quelquefois – parlez-y du bon Dieu et mettez la conversation sur des sujets pieux. Cela fera bon effet, et tant pis pour ceux à qui cet effet ne sera pas produit!

La mort de Madame Constant(2) est pour nous une perte immense. Comment pense- t-on à la remplacer? J’ai dit hier la messe pour elle devant les élèves et j’en ai parlé. Les protestants ont célébré hier, près du Désert, le trois-centième anniversaire du synode de 1559. Ils étaient 15.000 à peu près. Le matin, ç’a été très bien; le soir, un bel orage les a dérangés. La tente, sous laquelle ils étaient, s’est abattue sur les bons ministres. Du reste, la nuance Girard, Daunant, La Farelle était très opposée à cette manifestation. L’évêque profite de la chose pour publier un avertissement aux protestants(3).

Adieu, et tout vôtre en N[otre]-S[eigneur].

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. Picard lui avait fait l'éloge, dans sa lettre du 24 mai, des qualités de prédicateur du P. Laurent qui, écrivait-il, "s'il prêchait quelquefois dans Paris, se ferait vite connaître et attirerait beaucoup de monde".
2. Mme Constant, qui assurait le service de la lingerie à Clichy, était décédée le 21 mai. "C'était une personne bien dévouée à Clichy et à l'Assomption, écrit le P. Picard, tout à fait détachée d'elle-même. Pas une plainte n'échappa de son coeur, malgré les souffrances des dix derniers jours de sa vie [...], et même au milieu de l'agonie, elle ne pensait qu'à se faire oublier."
3. Le 3 juin 1859, Mgr Plantier publia une *Lettre aux Protestants du Gard à l'occasion de leur jubilé séculaire en mémoire du synode de 1559*. Cette lettre fut le point de départ de toute une controverse (voir J. CLASTRON, *Vie de Mgr Plantier*, I, pp. 396-416, Nîmes, 1882).
La part que le P. d'Alzon prit à cette controverse semble se réduire à un article intitulé *Quelques lignes sur M. Puaux*, paru dans la *Revue Catholique du Languedoc* (I, pp. 254-256). En réponse à la lettre de l'évêque de Nîmes, un ministre protestant, M. Puaux, avait publié une brochure intitulée *La Vraie Question*, dans laquelle il invitait l'évêque à un débat public. Mgr Plantier considérait cette invitation comme une plaisanterie à laquelle il ne pouvait répondre sans se déshonorer et estimait qu'il appartenait à la *Revue* de prendre la parole (Lettre au P. d'Alzon du 14 octobre 1859). Le P. d'Alzon lui-même s'en chargea. Avait-il attendu la lettre de Mgr Plantier pour le faire? Il semble bien que oui, car son article est dans la ligne des indications données par l'évêque dans cette lettre. Dans ce cas - aussi bref que soit l'article - il dut faire vite, car le numéro de la revue qui le contient est celui du 15 octobre 1859. Voir les quelques lignes que Daniel Olivier consacre à cet article dans *Le P. d'Alzon et la crise du protestantisme au XIXe siècle*, pp. 171-172, (dans *Emmanuel d'Alzon dans la société et l'Eglise du XIXe s.*, pp. 165-178, Paris, 1982).