DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.112

27 jun 1859 Nîmes DOUMET_MADAME

Au milieu de ses souffrances, que de mérites à acquérir! – Des maux de dents et de continuelles interruptions l’ont fait abandonner sa lettre et renoncer à ses instructions. – La première communion de Georges. – Où en est-elle avec son malade? – Le fils de M. Durand a été blessé à la guerre.

Informations générales
  • DR03_112
  • 1260
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.112
  • Orig. ms. ACR, AP 369; D'A., T.D. 34, n. 16, p. 69.
Informations détaillées
  • 1 SANTE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    2 COMBIE, JULIETTE
    2 DOUMET, AINE
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GERMER-DURAND, JEAN
    2 MAURIN, GEORGES
    3 LAMALOU-LES-BAINS
    3 SETE
    3 SOLFERINO
  • A Madame Doumet
  • DOUMET_MADAME
  • Nîmes, 27 juin [18]59.
  • 27 jun 1859
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

J’aurais déjà répondu à votre lettre, si je n’avais été bien dérangé. Vous ne vous figurez pas que je l’ai été deux fois déjà, depuis que ces quelques lignes sont commencées. Cependant, je tiens à vous dire toute la part que je prends à vos tristes préoccupations, auxquelles viennent forcément se joindre les plus douloureux souvenirs.

Au milieu de ces pénibles émotions, que de mérites à acquérir, si vous le voulez, ma bonne enfant! Et que je vous conjure de songer que toutes ces peines sont inscrites au ciel et peuvent vous servir pour l’éternité, pourvu toutefois que nous sachions les accepter avec le sentiment qui a porté notre bon Maître à se faire pour nous l’homme des douleurs.

Le 30 juin

Figurez-vous que je m’aperçois à l’instant que votre lettre est là sur mon bureau, inachevée. Il faut dire que, depuis trois jours, j’ai des maux de dents qui m’ôtent les idées, et je me décide à ne pas continuer mes instructions.

Le 1er juillet

Décidément, je ne pourrai finir cette lettre. Je suis à chaque moment interrompu; ce n’est pas comme à Lamalou.

Voilà Georges(1) qui a fait sa première communion, au grand chagrin de Juliette. Je crains qu’il n’y ait eu là un peu de maladresse. Et vous, ma chère fille, où en êtes-vous avec votre malade(2)? Je prie bien pour lui, mais qu’il est difficile de forcer un homme, qui ne veut pas, à vouloir!

Si je n’ai pas été interrompu six fois depuis la date du 1er juillet, c’est que je n’ai pas été interrompu une. Entre autres, j’ai appris que M. Durand avait enfin des nouvelles de son fils(3), qui a eu la cuisse traversée par une balle.

Tout vôtre, ma fille, et du fond du coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Georges Maurin, neveu de Mme Doumet et de Juliette Combié, orphelin de mère, élevé par sa grand-mère.
2. Mme Doumet soignait à Cette son beau-père gravement malade.
3. Jean, fils d'Eugène Germer-Durand, avait été blessé le 24 juin, à la bataille de Solférino.