DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.115

2 jul 1859 Nîmes PICARD François aa

Il a envoyé le P. Hippolyte au chevet de Blachère mourant. – Jean Durand a été blessé à Solferino. – En soutenant le P. Laurent, on viendra à bout du malaise de Clichy. – Qu’il ménage sa santé et fasse preuve de la vigilance et de l’esprit d’oraison que requiert sa position.

Informations générales
  • DR03_115
  • 1263
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.115
  • Orig.ms. ACR, AE 81; D'A. T.D. 25, n. 82, p. 72.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE CLICHY
    1 EXTREME ONCTION
    1 GUERRE
    1 OUBLI DE SOI
    1 SANTE
    1 SUPERIEUR DE COMMUNAUTE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 BLACHERE, EMILE
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GERMER-DURAND, JEAN
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 NIMES
    3 SOLFERINO
  • Au Père François Picard
  • PICARD François aa
  • Nîmes, le 2 juillet 1859.
  • 2 jul 1859
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Mon cher ami,

Le P. Hip[polyte] n’aura votre billet que dans quelques heures. Voilà trois jours que je l’ai envoyé auprès de Blachère, qui était mourant et que l’on enterre probablement en ce moment-ci(1). Le pauvre enfant a pu se confesser et recevoir les derniers sacrements. Jean Durand, après avoir causé des angoisses mortelles à ses parents par son silence, a enfin écrit. Il a eu la cuisse traversée par une balle, à Solférino. Ce n’est rien, et il sera à l’abri pour q[uel]- q[ue] temps. Ses parents sont heureux de cet accident, car, d’après la lettre qu’il écrit, il n’y a aucune gravité dans la blessure. Mais il y a eu un moment, où ils n’étaient que 60 à 80 hommes autour du drapeau(2).

L’état de Clichy me préoccuperait, si je n’étais résolu à y agir avec force et patience. Il y a là des mauvaises têtes, mais en soutenant le P. L[aurent] et en lui disant en même temps ce qui me semble fondé dans les reproches qu’on peut lui faire, on viendra à bout de bien des choses. Quant à vous, il ne faut pas vous dissimuler que vous êtes dans un moment de crise qui peut se prolonger. Votre santé vous impose des ménagements(3). Votre position exceptionnelle vous oblige à une très grande vigilance, surtout à un très grand esprit d’oraison. Ne vous le dissimulez pas. Il faut que vous puissiez toujours dire: anima mea in manibus meis semper.

Adieu, cher ami. Tout à vous du fond du coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Emile Blachère, ancien élève du collège de l'Assomption, décédé à l'âge de 21 ans. Il avait fait demander le P. Hippolyte, qui resta trois jours auprès de lui et reçut son dernier soupir. Rapportant la chose au P. Picard (lettre du 2 juillet), le P. Galabert élargit son éloge à toute l'activité du P. Hippolyte à Nîmes: "Malgré ses fatigues et ses maux de reins, son zèle et son dévouement sont toujours sans bornes. Vous ne sauriez croire comment il a su remonter toute la maison; et il n'y a aucune comparaison entre la 1ère division du commencement de l'année, et celle d'aujourd'hui, quoique composée des mêmes individus, sauf quelques expulsions."
2. "Jean Durand a reçu un coup de feu à la cuisse gauche au combat de Solferino; son régiment a été écharpé, à un moment donné toute distinction de compagnie et de bataillon avait cessé; 70 à 80 soldats se sont ralliés autour du drapeau; c'est à ce moment qu'il a été atteint, il s'est traîné au milieu de la mitraille à une demi-lieue, d'où il a été transporté à l'ambulance." (*ibid*.)
3. Le P. Picard s'était accusé de s'être fait des habitudes de paresse et de bien-être à force de se soigner (lettre du 29 juin).