DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.116

4 jul 1859 Nîmes REGIS Eulalie

Réprimandes et conseils. – Qu’elle relise la règle des Adoratrices. – On se prononcera dimanche prochain sur l’acceptation de cette règle et, dès lors, il se montrera inflexible pour sa stricte observation.

Informations générales
  • DR03_116
  • 1264
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.116
  • Orig.ms. ACR, AM 267; D'A., T.D. 37, n. 19, p. 248 bis.
Informations détaillées
  • 1 ADORATRICES DU SAINT-SACREMENT
    1 APOSTOLAT
    1 DEVOTION EUCHARISTIQUE
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 EMPLOI DU TEMPS
    1 EXAMEN RAISONNE DES ADORATRICES
    1 LACHETE
    1 PENITENCES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    2 COULOMB, LOUISE
    2 SAGE, ATHANASE
  • A Mademoiselle Eulalie de Régis
  • REGIS Eulalie
  • Nîmes, le 4 juillet 1859.
  • 4 jul 1859
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Ma bien chère enfant,

Puisque vous êtes plus calme, laissez-moi vous faire observer trois pertes énormes que le diable vous fait subir, avec tous les troubles où il vous jette et où vous vous laissez jeter.

1° Vous perdez votre temps et vous souffrez inutilement.

2° Vous ne faites pas une foule d’excellentes choses, dont vous pourriez vous occuper, si vous leur réserviez vos forces et si vous ne dépensiez pas votre énergie en soulèvements, révoltes, tristesses, découragements, dont le diable doit être content et votre ange gardien fort triste.

3° Vous ne vous sanctifiez pas; au contraire.

Il serait temps de vous dire: « Le nombre de mes jours est compté. Je puis les employer par la prière, la patience et les bonnes oeuvres, à augmenter mon trésor dans le ciel. Je n’écouterai plus les folies de mon imagination et de mon coeur et j’irai tout de bon au positif de l’ordre surnaturel ». Lisez et relisez la règle des Adoratrices(1). Je la trouve un peu forte, malgré les quinze ou vingt pages de ce que vous y aviez mis dans le temps et que nous avons supprimé. Dimanche, on me dira si décidément on veut tout prendre, et si, comme je le suppose, on accepte tout, je serai désormais très inflexible pour l’observation absolue des divers points. Bien entendu que si l’on me demande q[uel]q[ue] adoucissement, je l’accorderai, mais, à partir de dimanche, je n’accorderai que des choses plus sévères. Voyez comme je suis! Il est vrai que cette petite Association me tient toujours plus à coeur, et que j’en espère beaucoup pour la gloire de N.-S.

Adieu, ma fille. Tout vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La *Règle des Adoratrices* en vigueur à ce moment était toujours celle de 1855. Oeuvre de Mlle de Régis, elle était un simple démarquage de la règle des Religieuses de l'Assomption et n'avait subi, depuis 1855, que des retouches de détail. En 1859, elle fut soumise à un sérieux examen. Elle avait été allégée de quelque quinze ou vingt pages et on y trouvait désormais, précisant le but de l'association et les dispositions requises de ses membres, une brève introduction qui, beaucoup plus que le reste de la Règle, reflétait l'esprit du P. d'Alzon. En fin de Règle, ce dernier fit ajouter ces mots: "Si jamais les Soeurs peuvent vivre en commun, des règlements seraient faits dans le but de leur faciliter les moyens de passer le plus longtemps possible devant le Saint Sacrement et de se porter à toutes les oeuvres de zèle et de pénitence qui se rapportent à l'honneur de Jésus-Christ vivant pour les hommes dans le Tabernacle." - "Ceci, écrit le P. Sage, nous éclaire sur la pensée du P. d'Alzon : il entrevoyait pour le bien des âmes ferventes qui ne pouvaient être religieuses dans le cloître, une préfiguration des Instituts séculiers du XXe siècle." (*Un maître spirituel*, pp. 68-69).
Le dimanche 10 juillet 1859, les Adoratrices eurent donc à se prononcer sur la *Règle* et, au cours de cette réunion et sans doute de réunions subséquentes, le P. d'Alzon dut leur demander de lui communiquer leurs réflexions sur celle-ci et sur le récent *Directoire* (*Lettre* 1237), ainsi que leurs idées sur les bonnes oeuvres auxquelles les membres de l'Association pourraient s'adonner. C'est ce que donne à penser la lettre du 26 octobre où, l'une après l'autre, deux d'entre elles, Eulalie de Régis et Louise Coulomb, qui signent de leur nom de tertiaires, Soeur M.-Eulalie et Soeur M. de Saint-Jean, font part au P. d'Alzon de leurs réflexions. Sur les statuts de l'Association, voici ce qu'écrit Soeur M.-Eulalie: "Quant à l'esprit ou plutôt le but de notre association, il est beaucoup plus développé dans le directoire que dans la règle. Celle-là s'occupe exclusivement de notre propre perfection, l'autre joint à cette préoccupation un désir qui se trahit à toutes les pages de procurer par tous les moyens la gloire de Dieu; c'est là surtout que nous devons chercher le but et le développement des Adoratrices." Quant à l'idée que quelques adoratrices pourraient se grouper un jour, elle est accueillie avec enthousiasme par l'une et par l'autre: "O, mon père, n'y renoncez pas!", s'écrie Soeur M.-Eulalie, et Soeur M. de Saint-Jean enchaîne: "... je suis convaincue qu'une réunion d'âmes dévouées à N.S. qui vivent en commun peuvent faire un bien beaucoup plus réel et que s'il est vrai que lorsque trois ou quatre personnes sont réunies au nom de N.S., il est au milieu d'elles, il y a évidemment beaucoup plus d'avantages à se réfugier dans un port où à l'abri des orages on a l'espoir de trouver un pareil compagnon"; et elle évoque le moment où, l'adoration perpétuelle ayant été établie chez les Dames de l'Assomption, les Adoratrices pourront consacrer leurs journées aux bonnes oeuvres ou à la prière, selon la diversité des attraits reconnue par le Directoire, et leurs nuits à l'adoration. Mais cela, c'est pour l'avenir. En ce qui regarde le présent et la forme que doit prendre l'association, ni l'une ni l'autre n'a d'idée bien précise, et toutes deux s'en remettent entièrement au P. d'Alzon en protestant de leur totale obéissance. "Si Soeur M.-Eulalie, qui est une Mère de l'Eglise, écrit Soeur M. de Saint-Jean, n'a aucune idée à vous communiquer, je n'en ai certes pas davantage...".