DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.118

4 jul 1859 Nîmes ROZET Françoise-Marie ra

Elle a tout ce qu’il faut pour faire une excellente religieuse, mais doit s’appliquer à se détacher de ses petites volontés et se porter généreusement à ce qui lui semblera le plus difficile.

Informations générales
  • DR03_118
  • 1265
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.118
  • Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 35, n. 3, p. 61.
Informations détaillées
  • 1 OUBLI DE SOI
    1 REFORME DE LA VOLONTE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
  • A Mademoiselle Camille Rozet
  • ROZET Françoise-Marie ra
  • Nîmes, le 4 juillet 1859.
  • 4 jul 1859
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Ma chère enfant,

Vous voyez que je suis vos mauvais exemples et que je mets bien du temps à vous répondre. Ce n’est pourtant pas que je vous oublie, car j’ai souvent demandé de vos nouvelles à Mme la supérieure g[énéra]le, mais c’est que j’étais embarrassé pour savoir ce que je devais vous dire(1). Voici pourquoi. Il me semble impossible, après les observations que j’ai faites sur votre petite personne, que le bon Dieu ne vous veuille pas pour lui. Je vois en vous une foule de conditions pour faire une excellente religieuse, et, à côté de cela, un certain enfantillage qui me déconcerte. Que faut-il faire ? Ou laisser dominer l’enfantillage et dire adieu au couvent, ou dominer l’enfant gâtée et devenir une personne parfaitement raisonnable.

Vous comprenez qu’il serait bien dommage de sacrifier toutes les grâces que Notre-Seigneur vous offre, parce que vous n’auriez pas su prendre un peu sur vous. Je vous engage donc à vous appliquer à un grand effort de raison, à vous détacher de toutes vos petites volontés et à vous porter généreusement du premier coup à ce qui vous semblera le plus difficile.

Je n’ai pas le temps de me relire, mais croyez, chère enfant, que c’est du fond du coeur que je demande pour vous la force d’être saintement tout ce que Dieu veut que vous soyez.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. A plusieurs reprises Mère M.-Eugénie a donné au P. d'Alzon des nouvelles de cette candidate à la vie religieuse qui parfois la déconcerte, et tout récemment encore (lettre du 27 juin) elle lui a écrit: "Je vous demande un mot de réponse pour Camille, elle désire que vous l'encouragiez; il ne faut pourtant pas qu'elle puisse dire que vous poussez sans examiner. Peut-être serait-il bon de la gronder doucement d'avoir trop écouté la nature dans ses premières répugnances qu'elle vous détaillait si bien, et lui faire comprendre qu'il n'y a que les généreux qui arrivent à la vie religieuse." On le voit, c'est dans ce sens qu'écrit le P. d'Alzon.