DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.128

8 aug 1859 Clichy GERMER_DURAND_JEAN

Il le remercie pour sa lettre et le félicite pour les sentiments religieux qu’il y exprime. – Qu’il mette sa convalescence à profit pour réfléchir sur son avenir. – La supérieure de l’Assomption l’a fait recommander au maréchal Baragueys.

Informations générales
  • DR03_128
  • 1276
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.128
  • Orig.ms. ACR, AL 139; D'A., T.D. 34, n. 105, p. 251.
Informations détaillées
  • 1 BLESSURES
    1 GUERRE
    1 VERTU DE FORCE
    2 BARAGUEYS d'HILLIERS, ACHILLE
    2 BLACHERE, EMILE
    2 BOSELLI
    2 DAMREMONT, MADAME CHARLES DE
    2 DURAND, LOUIS
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GLAS, FELIX
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 SICARD, RAYMOND
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 SOLFERINO
  • A Monsieur Jean Germer-Durand
  • GERMER_DURAND_JEAN
  • Clichy, 8 août [18]59.
  • 8 aug 1859
  • Clichy
La lettre

Mon cher ami,

Si je n’ai pas plus tôt répondu à votre bonne lettre, c’est qu’elle m’arriva presque en même temps que la nouvelle de la bataille de Solférino; puis, vos parents me dirent que vous ne receviez rien de ce qu’ils vous envoyaient. Enfin, ils me donnent l’adresse de M. Boselli, et j’en profite pour vous remercier du plaisir que m’a fait votre bon souvenir. Entre votre lettre et la mienne, que d’événements! Et même en laissant de côté les soldats moissonnés sur le champ de bataille, que de morts! Votre grand-père, Blachère, Glas(1), Sicard. Que de camarades disparus! Vous n’êtes que blessé, eux ont paru devant Dieu.

On prépare des fêtes magnifiques pour le 15 août, et je voudrais bien que vous fussiez à ma place, à Paris. Vous pourriez en jouir, tandis que pour moi ces choses ont peu d’attrait.

J’ai lu une partie de votre lettre à vos camarades, qui en ont été ravis. Je vous assure que le sentiment religieux que vous y manifestez est une bien bonne chose. Il est dommage que tous ne le comprennent point ou que, pour le comprendre, il faille quelquefois en être réduit à prendre le mousquet(2). Profitez de votre longue convalescence pour faire de sérieuses réflexions sur votre avenir. On m’a dit que vous aviez été un moment découragé, mais cela ne me surprend pas. Il est tout simple qu’à certaines heures d’isolement vous ne vous soyez pas tourné avec regret du côté de votre famille. Seulement le découragement passé, il faut redevenir homme et vous dire que ce n’est pas en creusant des sillons au hasard qu’on vient à bout de cultiver un champ et de le rendre fécond.

Adieu, mon cher enfant. Croyez à ma bien vive amitié et à mon tendre dévouement.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Madame la supérieure de l'Assomption a écrit à Madame de Damrémont, pour la prier de vous recommander tout spécialement à son frère, le maréchal Baraguay d'Hilliers(3).1. Félix Glas, de Beaucaire, ancien élève du collège de Nîmes, mort le 12 juillet à l'âge de 24 ans.
2. Jean Germer-Durand était parti pour la guerre sur un coup de tête, au grand désespoir de ses parents (Galabert à Picard, 29 avril). Cependant ses sentiments religieux n'étaient pas en cause et la réflexion du P. d'Alzon ne s'applique pas à lui.
3. Jean Germer-Durand faisait partie des troupes commandées par le maréchal Baraguay d'Hilliers (1764-1878). Elles avaient contribué pour une part importante à la victoire de Solferino. - Notons que le *Nouveau Larousse Illustré* (vers 1900) écrit Baraguay, comme le P. d'Alzon, que le *Nouveau Petit Larousse* (1971) écrit Baraguey et le *Dict. de Biogr. Française*, Baragueys.