DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.176

19 nov 1859 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Isaure Varin partira dans huit jours: sa mère et sa fortune. – Thérèse de Rocher sera peu propre à l’éducation, mais sera une excellente adoratrice. – Soeur M.-Augustine est bien indéchiffrable. – Le P. Hippolyte a un don pour les garçons. –

Informations générales
  • DR03_176
  • 1327
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.176
  • Orig.ms. ACR, AD 1212; D'A., T.D. 22, n. 590, pp. 242-243.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 DOT
    1 JARDINS
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOCATION SACERDOTALE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 MALBOSC, FRANCOISE-EUGENIE DE
    2 ROCHER, THERESE-AUGUSTINE DE
    2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 VARIN D'AINVELLE, JEANNE-EMMANUEL
    2 VARIN D'AINVELLE, MADAME J.-B.-FELIX
    3 AUTEUIL
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 MANS, LE
    3 NIMES
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 19 novembre 1859.
  • 19 nov 1859
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Isaure partira dans huit jours(1). Elle a eu avec moi une longue conversation, elle est très mécontente de ce que sa mère veut peser sur elle pour l’emploi de sa fortune. Mme Varin lui donnera, d’ici à quelque temps, 60.000 francs, et puis rien jusqu’à sa mort. Toutefois je pense qu’Isaure se rebiffera, mais j’ai pensé qu’il valait mieux tirer un peu en longueur. A Paris Isaure sera plus forte pour exiger ce qui lui est dû. Sa mère va venir au prieuré faire une retraite de huit jours, et Mme Varin est si dévouée que je suis convaincu qu’il ne faut pas soulever avec elle une question d’argent. Aussi elle cherche à nous procurer une postulante d’une des meilleures familles du diocèse.

Thérèse de Rocher vous arrivera dans trois ou quatre mois. Je préfère laisser passer l’hiver, à cause de sa santé; elle est ici avec sa mère, et nous nous sommes entendus. Seulement je crois qu’elle sera peu propre à l’éducation, mais ce sera, je crois, une excellente adoratrice et un ravissant petit caractère. Soeur M.-Aug[ustine] est bien indéchiffrable. Je puis lui dire sérieusement bien des vérités, par exemple, qu’elle ne suit que ses goûts, qu’elle est personnelle. Cela l’afflige. Elle prend les plus belles résolutions et les oublie ou ne comprend pas ce qu’elle promet. Sa philosophie lui ôte [le bon] sens.

Merci de ce que vous me dites pour Clichy(2). Je n’en ai pas même parlé au P. Hip[polyte]. La maison, ici, se remonte étonnamment. Le P. Hip[polyte] a réellement un don pour les garçons.

Soeur Fr[ançoise]-Eug[énie] a cru agir plus pauvrement en s’occupant du jardin potager. Ce qu’on y a employé de temps n’est pas considérable. Elle oublie que les ouvriers ont été surtout employés aux endroits de récréation pour les enfants et aux deux grandes allées du jardin. Le jardin potager étant à l’entrée, son appropriation fait un bon effet, et, sauf une douzaine de journées le jardinier seul et un Frère convers y ont tout fait(3).

J’ouvre demain une retraite d’hommes(4) dans l’intention d’y chercher quelques vocations. Je frappe partout, priez pour que Dieu m’ouvre. Je me sens porté à faire plus chaque action sous l’oeil de Dieu. Je voudrais bien expulser de mes instructions tout motif humain; il me semble qu’il se fait un petit travail en moi dans ce sens. Et vous, chère fille, où en êtes-vous?

Adieu. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
J'écrirai plus tard à Soeur M.-Gonzague.1. Elle arriva à Auteuil le 27 novembre, en compagnie d'une autre postulante, venant de Nîmes également (lettre de Mère M.-Eugénie du 28 novembre).
2. Ce que Mère M.-Eugénie avait dit pour Clichy méritait bien un merci: "Pour Clichy la réponse des religieuses du Mans est encore douteuse, mais, *gardez- moi mon secret*, nous voyons une telle nécessité de fermer ce gouffre, que nous avons pris la résolution, si d'autres religieuses n'achètent pas, de reprendre nous-mêmes le collège et les cours pour y faire un pensionnat moins cher. C'est un secret du Conseil et je tenais aussi à ce que les vôtres l'ignorassent pour être plus à l'aise sur les questions de prix et passer cette année sans que les ennuis qu'ils éprouveront à fermer nous retombent dessus." (lettre du 17 novembre).
3. Mère M.-Eugénie trouvait exagérées les dépenses engagées pour les travaux du jardin.
4. Aux Conférences de Saint-Vincent de Paul, du 20 au 27 novembre. Le schéma, assez détaillé, de cette retraite est conservé.