DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.208

20 jan 1860 Alais ESCURES Comtesse

Il prêche une retraite à Alais et espère la voir à Nîmes quand il rentrera de Paris. – Devant la situation faite au Saint-Père, il importe de s’afficher vigoureusement. – Il lui souhaite un esprit catholique.

Informations générales
  • DR03_208
  • 1356
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.208
  • Orig.ms. ACR, AN 86; D'A., T.D. 38, n. 86, pp. 225-226.
Informations détaillées
  • 1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 QUESTION ROMAINE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 ULTRAMONTANISME
    2 DONEY, JEAN-MARIE
    2 GAULTIER, OLIVIER
    2 GAY, CHARLES-LOUIS
    2 GOUSSET, THOMAS
    2 PIE IX
    2 PIE, LOUIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SACCONI, CARLO
    2 VARIN d'AINVELLE, CECILE
    3 ALES
    3 HERAULT, DEPARTEMENT
    3 MONTAUBAN
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 POITIERS
    3 REIMS
  • A Madame la comtesse d'Escures
  • ESCURES Comtesse
  • [Alais, le 20 janvier 1860](1).
  • 20 jan 1860
  • Alais
  • *Madame*
    *Madame la ctesse d'Escures*
    *au Gué-Robert par Tigy*
    *Loiret*.
La lettre

Ma bien chère fille,

Si vous n’êtes pas partie, ne venez donc pas de si tôt, je vais passer le commencement de février à Paris. Une chose me rassure, c’est que vous mettez toujours quelques retards à vos projets. Je suis à Alais à prêcher une retraite(2). J’espère bien que nous ne jouerons pas à cache-cache et que je pourrai vous voir quand vous serez à Nîmes. Il est bien vrai que vous êtes une très méchante fille, mais je vous le pardonne, avec l’espoir de vous revoir. Ici, nous sommes tout préoccupés de la situation du Saint-Père, et nous nous posons assez vigoureusement(3). Les prudents ne sont pas de mise(4). C’est la révolution en face de l’Eglise, et on fait peu de cas des gens du milieu.

Adieu, ma fille. Je vous souhaite un esprit catholique, et suis tout vôtre avec la plus tendre affection.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La date donnée est celle du cachet de la poste, à Alais.
2. Plus de vingt ans après, Cécile Varin d'Ainvelle se souvient: "... dans cette chapelle si recueillie (de la Présentation), une nombreuse assistance se trouva réunie dès le premier jour. Commencée le 18 janvier, terminée le 25, par ces mots de la messe de la Conversion de saint Paul: *Scio cui credidi - je sais à qui j'ai confié mon dépôt, mon âme, ma vie...*, cette retraite fit époque pour la conversion ou du moins la sanctification de bien des âmes; une impulsion toute spéciale fut donnée à la piété; cette semence tombait cette année-là sur des âmes d'élite, elle fructifia. Il semble d'ailleurs que de longues années d'expérience eussent déjà appris au P. d'Alzon qu'au-dessus des théories sociales et philosophiques, au-dessus des oeuvres extérieures, il y a toujours une sanctification individuelle des âmes; il chercha donc surtout à allumer cette flamme de l'amour de N.S., cette ardeur pour le sacrifice, qui révélait alors en lui le directeur consommé dans l'art de discerner les âmes. Je me rappelle surtout une instruction sur le *sacrifice* qui bouleversa bien des coeurs. [...] Une fois cette flamme allumée, les oeuvres surgirent. La visite des pauvres à domicile fut fondée [...], la bibliothèque fut établie [...]. L'Oeuvre des Tabernacles [...] et l'Oeuvre de l'Adoration perpétuelle dans les paroisses reçurent aussi une nouvelle impulsion." (*Souvenirs sur le P. d'Alzon*, CB 8).
3. Comme il l'a fait à Nîmes, le P. d'Alzon mobilise "vigoureusement" les catholiques d'Alès pour la cause pontificale. Il n'est plus question cependant de faire signer une adresse au Pape. Le 17 janvier, en effet, une lettre de Mgr Plantier qui craint la répression a demandé explicitement au clergé de cesser le mouvement. L'action du P. d'Alzon ne se limita pas au diocèse de Nîmes. Dès le 29 décembre, il avait fait parvenir l'adresse de Nîmes au nonce, à l'*Univers*, à l'abbé Gaultier, de la congrégation du Saint-Esprit, à Paris, et le lendemain, au cardinal Gousset de Reims. Nous savons aussi qu'il l'envoya à Mgr Doney de Montauban et à l'abbé Gay de Poitiers pour Mgr Pie. Il est permis de penser que bien d'autres personnalités du clergé français dont il connaissait les dispositions ultramontaines la reçurent et furent invitées, directement ou indirectement, à prendre publiquement position pour le Pape. D'après une lettre du préfet de l'Hérault au ministre des Cultes, le P. d'Alzon en personne aurait porté l'adresse à Montpellier (Arch. Nation. F 19 5828).
4. C'est tout le P. d'Alzon! Voir l'allocution de clôture du chapitre général de 1873: fausse et vraie prudence (*E.S.*, pp. 189-190).