DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.210

29 jan 1860 Nîmes GOUY Marie du Saint-Sacrement ra

Elle a tout ce qu’il faut pour devenir une excellente supérieure et vaincre les difficultés qui se présentent, mais elle doit avoir le courage de N.S. et se montrer énergique pour la règle et l’obéissance. – Le nouveau sous-préfet de Sedan. – Il demande pour elle à N.S. patience, énergie, initiative et persévérance.

Informations générales
  • DR03_210
  • 1358
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.210
  • Orig.ms. ACR, AL 411; D'A., T.D. 36, n. 15, pp. 128-129.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 ENCYCLIQUE
    1 PARTI CATHOLIQUE
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 QUESTION ROMAINE
    1 SUPERIEURE
    2 AMELIN, JOSEPH
    2 AMELIN, MADAME JOSEPH
    2 PIE IX
    2 TOURNEUR, LOUIS-VICTOR
    2 VEUILLOT, EUGENE
    2 VEUILLOT, LOUIS
    3 ALES
    3 GARD, DEPARTEMENT
    3 NIMES
    3 SEDAN
  • A Soeur Marie du Saint-Sacrement de Gouy
  • GOUY Marie du Saint-Sacrement ra
  • Nîmes, 29 janvier 1860.
  • 29 jan 1860
  • Nîmes
La lettre

Je ne puis vous cacher la peine et la joie que j’éprouve à vous voir supérieure. J’en ai de la peine, à cause du chagrin que me cause la pensée de vous [sa]voir pour longtemps loin des endroits où je pourrais vous voir avec facilité; j’en ai de la joie, parce que ma conviction est que vous avez tout ce qu’il faut pour devenir une excellente supérieure. J’ai aussi l’espoir que vous pourrez vaincre bien des difficultés qui se présentent. Votre position à Sedan peut adoucir bien des choses, mais il faut que vous ayez en vous le courage de Notre-Seigneur. Soyez très énergique pour la règle et pour la dépendance des religieuses. Laissez dire et laissez faire, et tenez à ce que rien ne fléchisse de ce que vous avez décidé. Quant aux bruits des Sedanais, vous en apprendrez bien d’autres; mais n’en tenez pas un très grand compte et allez toujours en avant.

On dit que vous allez avoir à Sedan M. Amelin, sous-préfet d’Alais. Sa femme est profondément pieuse. Son changement est dû à une discussion entre lui et un ingénieur des mines qui avait signé une adresse au Pape. M. Amelin est assez bon pour le clergé, sauf au dernier acte, où il a blessé le curé d’Alais. Toutefois, le gouvernement me semble mal agir à son égard, quoique je n’aie pas jugé à propos d’aller le voir, pendant la retraite que je viens de prêcher aux Dames de Miséricorde d’Alais(1). Ces renseignements pourront être utiles à M. Tourneur. Vous pouvez les lui donner, si vous le jugez à propos.

Adieu, bien chère fille. Je prie Notre-Seigneur de vous donner patience, énergie, initiative et persévérance. Tout vôtre, avec une très paternelle affection.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le jugement du P. d'Alzon sur M. Amelin est en définitive plutôt bienveillant. Il déplore même le déplacement dont il le croit menacé. En fait, le sous-préfet resta en place et, dans un rapport au préfet du Gard du 9 février, il lia à la présence du P. d'Alzon à Alès le plan de campagne adopté par le "parti catholico-légitimiste extrême" pour obtenir son déplacement. En quoi manifestement il se trompait. Le jour où le P. d'Alzon écrit notre lettre, a paru au *Moniteur* le décret supprimant le journal l'*Univers*, coupable d'avoir publié sans autorisation l'encyclique *Nullis certe verbis* du 19 janvier. Vingt-cinq membres de la maison de l'Assomption de Nîmes, avec à leur tête le P. d'Alzon, adressèrent aussitôt à Louis Veuillot une lettre exprimant leur solidarité avec le journal et son directeur. Le comité des anciens élèves fit de même (Eugène VEUILLOT, *Louis Veuillot*, III, p. 329, Paris, 1904). Dans la lettre de remerciements qu'il adressa au comité des anciens, Louis Veuillot écrivit: "...n'oubliez pas de dire à M. l'abbé d'Alzon que je le félicite des élèves qu'il a formés. O douce puissance de l'exemple!" (EC 46).