DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.216

15 mar 1860 Nîmes GOUY Marie du Saint-Sacrement ra

Les épreuves de sa position de supérieure doivent servir à sa sanctification: qu’elle relise le sermon sur la montagne dans St Matthieu. – Souffrir et prier en agissant, voilà la vie apostolique de N.S. – Confiance mais fermeté envers Soeur M.-Françoise. – Les ennuis matériels sont la bénédiction des maisons religieuses.

Informations générales
  • DR03_216
  • 1364
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.216
  • Orig.ms. ACR, AL 412; D'A., T.D. 36, n. 16, pp. 129-130.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR FRATERNEL
    1 BONTE
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 OUBLI DE SOI
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SUPERIEURE
    1 VIE DE PRIERE
    2 BOURDET, MARIE-FRANCOISE
    2 MATTHIEU, SAINT
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 SHAW, MARIE-WILFRID
    3 ALLEMAGNE
    3 CONSTANTINOPLE
    3 EPHESE
    3 FRANCE
    3 KADI-KOY
    3 NICEE
    3 ORIENT
    3 POITIERS
    3 ROME
    3 SURA
  • A Soeur Marie du Saint-Sacrement de Gouy
  • GOUY Marie du Saint-Sacrement ra
  • [Nîmes, le 15 mars 1860](1).
  • 15 mar 1860
  • Nîmes
La lettre

C’est un vrai bonheur pour moi, ma chère fille, de venir causer un peu avec vous et de venir vous dire combien je voudrais que les épreuves de votre position servissent à votre sanctification. Hélas! Nous n’avons pas à nous plaindre des occasions de devenir des saints, mais bien de les laisser passer sans en profiter. Je vous engage beaucoup à lire le Sermon sur la montagne dans saint Matthieu. Appliqués à une supérieure, il y a des passages admirables pour l’éclairer, la fortifier et la consoler. Vous y verrez le bonheur des larmes et des ennuis; vous y verrez la perfection de la charité dans le support amoureux du prochain, le complet abandon de soi au jour le jour. Et tout cela est bon, même le sentiment qu’on n’est bon à rien et que Dieu semble se moquer de lui-même en nous prenant pour ses instruments.

Ne vous tracassez pas trop de la privation de vos pénitences et de vos prières. La vie d’une supérieure doit être une vie de prière continuelle. Ah! si de chaque mouvement pour gouverner partait un cri vers Dieu pour demander lumière et secours, croyez-vous donc que notre vie serait plus réellement une vie d’oraison que celle d’une personne qui n’a rien qu’à se tenir sous l’oeil de Dieu? Souffrir et prier en agissant, qu’est-ce que cela sinon la vie apostolique de Notre-Seigneur? Il est vrai qu’il passait ses nuits à prier, mais il est très vrai que nous ne sommes pas Notre-Seigneur.

Je suis comme n[otre] M[ère], je redoute un peu Soeur M.-Franç[oise]. Il faut lui témoigner de la confiance, mais ne pas la laisser empiéter; ce à quoi elle a une petite disposition beaucoup trop naturelle. Quant aux ennuis de votre situation matérielle, Dieu sait ce qu’il fait, il vous aidera au moment voulu. Ces épreuves sont la bénédiction des maisons. Malheur à la Congrégation qui n’en aurait pas! Je prie Dieu pour vous, avec le coeur le plus affectionné et le plus paternel. Ah! ma fille, que je voudrais vous voir! Enfin, que la volonté de Dieu soit faite! Tout vôtre et du fond de l’âme.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
J'écrirai au plus tôt à Soeur M.-Wilfrid. Je ne me relis pas.1. La date a été ajoutée par la destinataire.