- DR03_229
- 1377
- DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.229
- Orig.ms. ACR, AD 1232; D'A., T.D. 22, n. 612, pp. 262-263.
- 1 FORMATION A LA VIE RELIGIEUSE
1 FORMATION DES NOVICES
1 SUPERIEURE GENERALE
1 VIE DE PRIERE
2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
2 HAY, MARIE-BERNARD
2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
3 ANGLETERRE
3 LAMALOU-LES-BAINS
3 LONDRES - A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- [Lamalou, 24 avril 1860](1).
- 24 apr 1860
- Lamalou
Pour n[otre] Mère générale.
Ma bien chère fille,
Cette lettre ira probablement vous trouver en Angleterre, et c’est pour cela que je vous l’adresse sous le couvert de Soeur Thérèse- Em[manuel]. J’ai l’esprit de m’embrouiller avec tous les noms, et quoique je vous croie à Kensington Square, je ne veux pas risquer une adresse mal mise.
Je voudrais beaucoup que vous pussiez revenir d’Angleterre un peu plus allégée d’une foule de fardeaux, qui pèsent trop sur vos épaules. Avec toutes les professions que vous avez eues, n’y a-t-il personne que Soeur Thérèse-Emmanuel puisse vous donner pour une foule de travaux qui faciliteraient votre travail à vous? Il faut former des maîtresses, des supérieures, et c’est là une tâche énorme(2).
Ne pourrait-on pas au noviciat accoutumer un peu les jeunes Soeurs à se jeter un peu moins là où leur coeur peut s’appuyer? C’est la grande différence entre les couvents isolés et les couvents à supérieure générale. Evidemment le coeur, dans la seconde catégorie, doit être plus ferme pour accepter certains changements. Je m’aperçois – et vous le savez mieux que moi – du mal que quelques changements de supérieures ont fait à quelques-unes de vos filles. Le noviciat ne doit-il pas fortifier contre ces faiblesses? Et les souffrances que l’on reproche au Sacré-Coeur ne seraient-elles pas le fait de quelques religieuses, que l’on voulait rendre plus énergiques? D’autre part, je crains que cet appui, que l’on cherche tant dans la supérieure générale, ne finisse par l’épuiser. Tant de coeurs, qui veulent se faire porter par le vôtre d’une certaine façon, finiront par l’écraser. Je vous assure que je suis très préoccupé de l’indiscrétion de certaines Soeurs. Je ne pense à personne en particulier, je prends le fait en général.
Evidemment ce à quoi vous et moi nous devons tendre, c’est surtout à prier et à trouver du temps pour cela. Le temps plus recueilli que je viens de passer depuis Pâques m’a fait un bien immense, et vous êtes dans l’erreur si vous croyez que je chercherai à vous rassurer sur votre peu de prière. Je ne dis pas la même chose pour vos péchés, mais pour la prière. Evidemment vous et moi nous devons faire beaucoup plus. Je bénis tous les jours Dieu d’avoir permis que je pusse vous débarrasser de Soeur M.-Aug[ustine], et je comprends tout ce qu’elle peut mettre d’idées fausses dans une communauté, au point de vue de l’espèce d’égards qu’il faut avoir pour les supérieurs; mais enfin, puisque vous ne l’avez pas en ce moment, profitez-en pour établir vos heures et vos moments, et, croyez-le bien, ce que vous donnerez à Dieu ne sera pas perdu pour vos filles. Je crois que Notre-Seigneur vous appelle à une oraison plus parfaite que celle que vous faites habituellement, mais pour cela il faut plus vous reposer en lui. Je prie tant que je puis pour connaître ce que je dois faire au sujet de l’idée que vous m’avez communiquée dans votre lettre d’hier(3).
Adieu et croyez-moi bien vôtre en Notre-Seigneur.
E.D'ALZON.2. En 1875, le P. d'Alzon rédigera pour le compte de sa congrégation une circulaire sur "Les devoirs des supérieurs envers leurs religieux pris à part et la communauté dans son ensemble" (*E.S.*, pp. 271-280).
3. Comprendre: votre lettre à laquelle j'ai répondu hier (v. *Lettre* 1374, note 2).