DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.232

12 may 1860 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il sollicite son avis sur la reprise de la maison de M. Lévêque. – Il est souffrant.

Informations générales
  • DR03_232
  • 1380
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.232
  • Orig.ms. ACR, AD 1234; D'A., T.D. 22, n. 614, p. 264.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE CLICHY
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE
    1 ERECTION DE MAISON
    1 SUPERIEUR GENERAL
    2 LAURENT, CHARLES
    2 LEVEQUE, GEORGES MARIN
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 AUTEUIL
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PARIS, PASSY
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Nîmes, 12 mai 1860](1).
  • 12 may 1860
  • Nîmes
La lettre

Ma bien chère fille,

Le P. Laurent m’écrit sous le secret que M. Lévêque ferme sa maison le 1er août(2). Il voudrait que je fisse des démarches pour m’en charger. L’avenir me paraît trop sombre(3) pour accepter cette idée, qui, du reste, ne me semble rien moins que profitable, à moins de très grands avantages matériels. C’est pour cela que je vous conjure de me dire franchement votre pensée(4).

Adieu, ma chère fille. Je suis un peu souffrant aujourd’hui et je m’arrête, quoique j’aie autre chose à vous dire qui m’échappe.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La date a été ajoutée par la destinataire.
2. Le P. Laurent, supérieur de Clichy, qui au début de mars était prêt à fermer le collège dès les vacances de Pâques, plaidait le 6 mai pour un nouvel essai d'un an. Il y était poussé par les amis de la communauté et les parents des élèves. "Ayons, dit-il, si c'est possible, quelque chose de stable quelque part, n'allons pas d'essai en essai, et si Clichy doit cesser, attendons qu'il ne puisse réellement plus vivre comme oeuvre sans compromettre la congrégation". Le lendemain, ayant appris la fermeture à la fin de l'année de l'établissement de M. Lévêque à Auteuil, il écrivait: "Si comme je le crains Nîmes devait fermer à son tour à la même époque, prendre Auteuil et nous y réunir, ce serait une explication et un triomphe qui arrangeraient bien des choses". Et le surlendemain: "La maison de Clichy, mettez de Paris, constitue tout l'avoir et tout l'avenir de la congrégation. Donc il faut y réunir autant que possible toutes nos forces vives". A part le mince espoir qu'il garde de poursuivre l'oeuvre du collège à Clichy même, la position du P. Laurent ressemble très fort à celle de Mère M.-Eugénie. Le 24 mai, le P. Picard joindra sa voix à ce concert: "Si nous avions une maison à Passy ou à Auteuil, nous aurions beaucoup de chances de réussite, mais à une condition: c'est que vous en fussiez le directeur; vous répandriez la vie dans la maison, vous maintiendriez l'obéissance religieuse et l'unité parmi les membres. [...] Nîmes a-t-il beaucoup d'avenir? Je ne le crois pas. [...] Dans ces incertitudes, ne vaudrait-il pas mieux prendre une détermination et abandonner la maison de Nîmes, que vous cherchez à relever depuis trois ans, et qui pourtant, [...], assiste tous les ans à une diminution lente mais opiniâtre? Les actionnaires accepteront-ils longtemps des déficits? Voyez, mon bien cher Père, examinez, je vous propose mes doutes, faites ce que vous jugerez le plus conforme à la volonté de Dieu."
3. Des menaces pèsent sur les établissements d'enseignement congréganistes et sur les congrégations non autorisées.
4. Au moment où le P. d'Alzon écrit cette lettre, il n'a pas encore reçu celle de Mère M.-Eugénie du 11 mai, qui lui annonce à son tour la fermeture de la maison Lévêque et par avance répond à sa question. A son avis, l'avenir du collège de Clichy transporté à Auteuil pourrait être très beau, surtout si la vente de Clichy à de bonnes conditions permettait d'assurer sans peine la location de la maison et à la condition que le P. Laurent, "incapable de gouverner un collège véritable et complet", n'en soit pas le supérieur. "Mais si Nîmes comme collège n'a pas d'avenir, ne doit pas se suffire, alors en mettant la maison de résidence à Nîmes et le collège de Paris étant sous votre supériorité avec le P. Laurent comme sous-directeur, je crois qu'avec des absences mêmes de votre part pour aller prêcher à Nîmes, le collège de Paris aurait un succès assuré. Vous savez, mon père, que je n'ai point cherché dans ces dernières années à vous engager à venir à Paris. Dans les circonstances telles qu'elle paraissent s'arranger, je crois que ce parti est suprême pour votre Congrég. qui sans cela sera réduite dans deux ans à voir tomber Nîmes après avoir vu tomber Clichy."
Comme on le voit, la possibilité entrevue de continuer l'oeuvre de Clichy à Auteuil n'a fait que renforcer Mère M.-Eugénie dans l'opinion qu'elle a exprimée au P. d'Alzon le 20 avril (*Lettre* 1374, n. 2).
Selon le P. Laurent écrivant au P. d'Alzon le 7 octobre 1859, les raisons principales de la crise de Clichy étaient:
"1° mes péchés
2° l'écho qui a répété jusqu'ici les affaires de Nîmes
3° nos bruits de vente et de départ, ils durent toujours
4° l'échec de Rethel
5° notre petit nombre de religieux
6° notre participation à la querelle des classiques".