DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.238

may 1860 GOUY Marie du Saint-Sacrement ra

Elle lui a écrit une bonne lettre. – Il est heureux que les oppositions sedanesques diminuent. – Conseils de prudence dans ses rapports de supérieure avec certains prêtres. – A propos de diverses religieuses. – M. Tourneur doit certainement apprécier ses procédés à son égard.

Informations générales
  • DR03_238
  • 1386
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.238
  • Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 35, n. 3, pp. 119-120.
Informations détaillées
  • 1 SUPERIEUR ECCLESIASTIQUE
    1 SUPERIEURE
    2 BOURDET, MARIE-FRANCOISE
    2 MOMIGNY, MARIE-CECILE DE
    2 SHAW, MARIE-WILFRID
    2 TOURNEUR, LOUIS-VICTOR
    3 SEDAN
  • A Soeur Marie du Saint-Sacrement de Gouy
  • GOUY Marie du Saint-Sacrement ra
  • [fin-mai 1860](1)
  • may 1860
La lettre

Ma bien chère fille,

J’ai un vrai remords de ne vous avoir pas répondu, et je vous en demande très humblement pardon. Votre lettre est très bonne. Je vois avec plaisir que les oppositions sedanesques vont diminuant. Si vous y mettez un peu de bonne volonté, vous en viendrez tout à fait à bout. Et alors pourquoi quitter un pays où l’on réussit? Quant à M. T[ourneur], ne vous tracassez pas de ses froideurs apparentes. Souvent le meilleur moyen de les provoquer, c’est d’avoir l’air de ne pas s’en apercevoir; comme aussi, si j’en juge par moi, rien ne crispe un homme très occupé et qui n’a pas une minute à lui, comme de lui reprocher ses oublis très indépendants de ses intentions. Je vous dis ceci comme règle de prudence, dans vos rapports de supérieure envers certains prêtres.

Ce que vous me dites de vos rapports avec Soeur Marie-Cécile n’est pas surprenant; c’est une bien pauvre tête. Il faut être ferme, la laisser bouder et débonder tout à son aise. Impossible de faire entrer chez elle une once de bon sens. L’essentiel, c’est qu’elle ne soit pas trop mal édifiante. Soeur M.-Wilfrid ne me parle pas plus de sa conscience qu’elle ne vous en parle à vous. C’est une bien pauvre fille, à qui il faut rappeler sans cesse et très doucement les pensées de la foi, dont elle est éloignée de plus de cinq cents lieues. Soeur M.-Fr[ançoise] a besoin d’être tenue. Sa nature envahissante et inégale se combine assez bien pour l’aider à se servir, comme à son insu, de ses défauts pour arriver à ses fins. Il ne faut pas qu’elle prenne pied sur vous, et c’est certes une de vos plus rudes croix que de lui faire sentir le joug, que par obéissance et humilité elle se sent pressée de repousser loin d’elle. En un mot, il faut que vous deveniez supérieure, que vous acceptiez qu’on parle et qu’on déparle, et que vous alliez en avant.

J’ai dans l’idée que M. T[ourneur] vous est très reconnaissant de la manière dont vous avez procédé envers lui. S’il l’est, il vous le témoignera, et pourvu que ce soit avec circonspection, et il a assez d’esprit pour en mettre désormais, le passé vous garantira un bon avenir, pourvu que vous sachiez veiller sur vos religieuses.

Notes et post-scriptum
1. La date a été ajoutée par la destinataire.