DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.263

22 jul 1860 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

La sainteté de la mort de sa soeur le console. – Il la remercie pour ses prières et celles de ses soeurs. – Se contentera-t-il d’un séjour à Lavagnac et aux bains de l’Hérault, ou ira-t-il à Ems? – Sa santé ne lui permet pas de prêcher la retraite à ses filles. – Si l’on continue à Nîmes il faut abandonner Clichy. – La future composition de la résidence de Paris. – Asile qu’il se propose d’offrir à quelques Augustins d’Italie. – Le P. Cusse branle un peu au manche pour son départ.

Informations générales
  • DR03_263
  • 1415
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.263
  • Orig.ms. ACR, AD 1243; D'A., T.D. 22, n. 623, pp. 271-272.
Informations détaillées
  • 1 ACCIDENTS
    1 COLLEGE DE CLICHY
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CURES D'EAUX
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 MATIERES DE L'ENSEIGNEMENT ECCLESIASTIQUE
    1 PRIERES POUR LES DEFUNTS
    1 REPOS
    2 ALZON, AUGUSTINE D'
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BERTHOMIEU, JOSEPH-AUGUSTIN
    2 BONNEFOY, BENJAMIN
    2 CUSSE, RENE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 O'DONNELL, EDMOND
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 AUSTRALIE
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 EMS
    3 HERAULT, DEPARTEMENT
    3 LAVAGNAC
    3 LONDRES
    3 MONTPELLIER
    3 NERIS-LES-BAINS
    3 PARIS, EGLISE DE L'ASSOMPTION
    3 PARIS, EGLISE DE LA MADELEINE
    3 ROME
    3 SEDAN
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 22 juillet 1860.
  • 22 jul 1860
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Je vous remercie de vos bonnes paroles et de toutes celles que vous me faites adresser par les maisons de Sedan et de Londres. Ce qui me console, c’est la sainte mort de ma soeur. Certes, rien de plus édifiant. Il me semble l’entendre me répéter sans cesse: Je suis au ciel. Ce n’est pas une raison pour ne pas trembler devant la justice de Dieu, et je vous remercie de toutes les prières que l’on fait pour elle dans votre Congrégation. Priez aussi pour ma mère.

M. Bertomieux(1) croit que ce que j’ai de mieux à faire, c’est d’aller passer quelques jours seul à Lavagnac, et je vais m’y décider. Ma mère renonce pour jamais ou du moins pour bien longtemps à la campagne; mon père y viendra peut- être, mais mon père ne parle pour ainsi dire plus. On veut décidément m’envoyer à Ems(2). Si le repos de Lavagnac et les bains de l’Hérault me suffisent, j’éviterai Ems; sinon, vers le 7 août, je partirai pour m’y rendre. Il m’est impossible, à mon grand regret, de prêcher cette année la retraite à vos filles. La mort de ma soeur m’a trop brisé; mes forces physiques n’y suffiraient pas. Mes crises nerveuses m’ont repris pendant quelques jours(3), ma pauvre carcasse n’y suffirait pas.

Je sais qu’on me dira de continuer le collège de Nîmes, et je le continuerai sous condition de bâtir. Dès lors, il faut abandonner Clichy. Le P. Laurent ne veut plus être supérieur. La résidence de Paris se composera du P. Picard, du P. Laurent et du P. O’Donnell; on leur donne le Fr. Benjamin pour leur cuisine(4). Si le P. O’Donnell pouvait prêcher en anglais à l’église de l’Assomption(5), ce serait peut-être une bonne chose.

Je vais écrire à Rome pour offrir, en prévision de bouleversements qui chasseraient les religieux, un asile à quelques Augustins capables d’enseigner la théologie. Le P. Cusse branle un peu au manche pour son départ(6).

Adieu, ma fille. Je ne puis relire ma lettre. Excusez les mots supprimés, comme il m’arrive toujours.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Je pars demain pour Montpellier, après-demain pour Lavagnac.1. S'agit-il de l'abbé Berthomieu qui, lors de la crise du collège en 1857, représenta les intérêts du P. d'Alzon? Dans ce cas, nous semble-t-il, ce dernier aurait écrit correctement son nom. Serait-ce un médecin? [Comme nous l'avons dit dans une note à la *Lettre* 4278 et contrairement à ce qui précède, nous croyons qu'il s'agit bien ici, comme dans les *Lettres* 1419, 1458, 1475 et 1573, de l'abbé Berthomieu - Ajout du 4 janvier 2001].
2. Mère M.-Eugénie lui déconseilla les eaux d'Ems "bonnes pour tout ce que vous n'avez pas et *mauvaises* pour ce que vous avez", et lui recommanda plutôt celles de Néris (Allier) "calmantes et propres aux gens nerveux" (25 juillet).
3. "Le Père a eu deux crises nerveuses devant sa mère" (Saugrain à Picard, le 20 juillet).
4. Si la décision de fermer Clichy n'a pas été prise encore, elle doit être bien près de l'être.
5. L'église de l'Assomption dépendait de la paroisse de la Madeleine. Elle avait été confiée aux Pères Résurrectionistes et était devenue l'église polonaise de Paris.
6. Le P. Cusse aurait-il soudain marqué des hésitations à partir pour l'Australie? C'est ainsi en tout cas que Mère M.-Eugénie interprétera la phrase du P. d'Alzon (25 juillet). Mais les lettres du P. Cusse montrent, au contraire, qu'il craint que le P. d'Alzon ne s'oppose à son départ (ainsi encore celle du 25 juillet). Aussi pensons-nous que le P. d'Alzon veut dire: le P. Cusse vit dans l'inquiétude, ne sachant s'il obtiendra la permission de partir (voir *Lettre* 1375, n. 3).