DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.287

2 sep 1860 Lamalou MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Sa tristesse persistante l’afflige, mais il prie pour elle et dira la messe pour elle avec toute la ferveur dont il est capable pendant sa retraite. – Il lui est reconnaissant même de toute la consolation qu’il veut lui donner.

Informations générales
  • DR03_287
  • 1438
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.287
  • Orig.ms. ACR, AD 1248; D'A., T.D. 22, n. 628, p. 276.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 TRISTESSE
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Lamalou, 2 sept[embre 18]60.
  • 2 sep 1860
  • Lamalou
La lettre

Votre charmant petit mot(1), ma chère enfant, m’a fait un bonheur extrême, tempéré cependant par la révélation de cette tristesse qui s’obstine à séjourner au fond de votre coeur. C’est un poids lourd que la vie à certaines heures, et je me figure votre âme dans un état semblable à celui qu’a dû supporter mon pauvre corps pendant ces dernières années. On ne peut pas beaucoup et l’on croit par moments que l’on peut moins encore. On s’accuse de paresse, et quand on succombe, on s’en veut de ne s’être pas ménagé. Ah! mon enfant, que je vous plains! Mais comme vous plaindre seulement serait pour une religieuse une sympathie profondément stérile, je prie bien pour vous. Je dirai avec toute la dévotion dont je suis capable la messe à votre intention le plus possible, pendant votre retraite. Ah! c’est quand on tient entre ses mains le corps et le sang de Celui qui aima les siens jusqu’à la fin qu’on sent la puissance de l’amitié chrétienne, si faible par elle-même, si forte par la grâce de notre bon Maître. Comme je vais lui demander pour vous mille et mille choses que je ne sais pas, mais qu’il sait, quand ce ne serait que la très grande faveur de pouvoir vous faire tout le bien que je vous souhaite.

Adieu, mon enfant. Vous avez le don de me dilater l’âme en vous parlant. Je sens qu’en voulant vous être un appui, je me fais du bien à moi-même de façon qu’il faut que je vous sois reconnaissant même de toute la consolation que je veux vous donner.

Tout vôtre en N.-S. avec une vraie tendresse de père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Ce charmant petit mot a disparu.