DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.296

11 sep 1860 Perpignan COMBIE_JULIETTE

Elle ne lui écrit pas assez. – Nouvelles. – Qu’elle avance dans l’esprit de prière. – Il est heureux de son attachement aux orphelines: qu’elle devienne vraiment mère par le coeur. – Varia. – La sécheresse n’a qu’un temps, mais il faut une douce et humble énergie.

Informations générales
  • DR03_296
  • 1447
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.296
  • Orig.ms. ACR, AM 199; D'A., T.D. 37, n. 89, pp. 177-178.
Informations détaillées
  • 1 EPREUVES SPIRITUELLES
    1 ORPHELINS
    1 OUBLI DE SOI
    1 SALUT DES AMES
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    1 VIE DE PRIERE
    2 AMALRIC, MARIE
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 BOLZE, MARIE DE L'ANNONCIATION
    2 CHALVET, SAINTE-HELENE SOEUR
    2 CHASSANIS, CLEMENTINE
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 COMBIE, MAURICE
    2 MERIGNARGUES, ISABELLE DE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 REGIS, EULALIE DE
    3 BEZIERS
    3 BORDEAUX
    3 NIMES
    3 PERPIGNAN
  • A Mademoiselle Juliette Combié
  • COMBIE_JULIETTE
  • Perpignan, 11 septembre 1860.
  • 11 sep 1860
  • Perpignan
La lettre

Pourquoi m’écrivez-vous si peu? Si vous étiez une bonne fille, vous m’écririez davantage. Seulement, vous ne seriez pas égoïste et vous n’exigeriez pas que je répondisse chaque fois. Je ne puis vous dire quelle joie m’a causée la lettre, que je trouve ici de vous. Ne sentez-vous pas que vous me devez quelque chose?

J’ai vu, ce matin, Marie Amalric, et si elle ne part pas aujourd’hui, ce qui est bien possible, elle viendra me revoir à 1 heure. Elle a fait votre commission, et j’ai en ce moment de votre gomme à la bouche. Cette pauvre petite Soeur(1) est arrivée moulue, brisée; mais aussi elle aurait bien pu partir à 6 heures du matin. J’aurais fait avec elle le voyage de Béziers à Perpignan, et elle serait arrivée à 3 heures du soir, au lieu de n’avoir qu’un canapé pour s’endormir à 2 heures du matin. Elle m’a apporté de vos nouvelles et de celles d’Isabelle(2). Remerciez-la, de ma part, d’avoir pensé à mon gosier. Quant à vous, tant pis! je ne vous remercie pas. Priez bien, sanctifiez-vous un peu pour votre père qui mène une vie de vrai sybarite, mais qui en revanche sue tant qu’il peut. Avancez, je vous en conjure, dans l’esprit de prière. Dieu vous attend. Il me semble que c’est votre faute, si vous ne recevez pas les dons les plus précieux.

Je suis heureux de vous voir vous attacher à vos petites orphelines. Mlle de Régis, qui n’en peut plus, vous les lâchera tout à fait, sauf les secours matériels dont elle fournira toujours sa part. L’abbé B[arnouin](3) sera forcé de s’arrêter devant d’autres plus exclusives occupations. Formez-vous, formez votre caractère à être vraiment mère par le coeur, et non par un sentiment d’égoïsme qui se trouve trop souvent dans le peu de bien que nous faisons.

Essayez de tout pour M. Maurice(4). Pourvu qu’il se confesse, voilà l’essentiel. Mille souvenirs à Clémentine et à Mme Sainte- Hélène(5). Que l’exemple d’Hélène vous soit une leçon! Si vous étiez à sa place et que vous eussiez à paraître devant Dieu, qu’auriez-vous à offrir? En attendant, il paraît que Louise(6) fait des prodiges. La sup[érieu]re g[énéra]le m’écrit qu’elle se pose admirablement. C’est pourtant votre cadette. Que votre solitude vous soit bonne! Ayez le courage d’y accepter les ennuis de l’oraison. Cette sécheresse, si elle est généreuse, n’aura qu’un temps; après quoi, vous sentirez l’action de Dieu. Mais il faut une douce et humble énergie.

Adieu, ma chère fille. Que N.-S. vous donne un vrai zèle pour votre salut et pour le salut des âmes! Qu’il vous enseigne à souffrir pour elles!

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Les professes du Tiers-Ordre de l'Assomption recevaient un nom et s'appelaient "soeur". Juliette Combié était Soeur Juliette-Thérèse, Marie Amalric Soeur Jeanne-Marie de la Nativité.
2. Isabelle de Mérignargues.
3. L'abbé Barnouin était l'aumônier de l'orphelinat des petites protestantes.
4. Maurice Combié, son frère.
5. Clémentine Chassanis. Madame Sainte-Hélène était la supérieure des Dames de Saint-Maur à Nîmes.
6. Sa soeur, en religion Soeur M.-Catherine, qu'on venait de nommer supérieure de la fondation de Bordeaux.