- DR03_299
- 1450
- DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.299
- Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 35, n. 16, pp. 32-33.
- 1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
1 CREANCES A PAYER
1 PREDICATION DE RETRAITES
1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
1 SALUT DES AMES
1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
1 SUPERIEURE
2 COMMARQUE, MARIE-THERESE DE
2 MAC NAMARA, MARIE-MARGUERITE
3 BORDEAUX - A Soeur Marie-Catherine Combié
- COMBIE_MARIE-Catherine ra
- Lamalou, 16 sept[embre 18]60.
- 16 sep 1860
- Lamalou
Votre lettre, ma bien chère fille, m’arrive tout à point. Me voilà de retour depuis hier de ma retraite de Perpignan, et je vous remercie bien tendrement de m’avoir fourni l’occasion de me reposer en vous lisant. Ce m’est d’autant plus aisé que j’ai pris la résolution de bien me reposer, ces jours-ci, et de ne causer qu’avec les gens qui m’iraient parfaitement.
Vous voilà donc débarrassée de vos ennuis(1). Il me semble qu’il en était un peu temps. Je craignais bien pour votre santé, et c’est un vrai fardeau que vous m’ôtez de dessus le coeur, en m’apprenant qu’un homme d’affaires est chargé de simplifier tous vos embarras. Sans doute il faut être prêt à tout souffrir pour le bon Dieu; cependant il n’est pas dit que l’on doive se tuer de propos délibéré. Quant à la peur que vous avez de ne pas faire tout le bien possible, détrompez-vous, vous êtes parfaitement capable de le faire. Il ne s’agit que d’une condition pour faire du bien aux gens, quand du reste on a les ressources que vous avez; cette condition, c’est de les aimer. Or je connais le coeur de ma fille.
La bonne Soeur M.(2) a eu un peu de peine à venir à B[ordeau]x, mais vous avez eu la vôtre. A part ce malheur qui vous est commun après tout, je sais qu’elle vous aime beaucoup. C’est une nature à la fois faible et tenace. Il faut la porter comme on porte les gens qui se noient, à bras tendus, afin qu’elle ne s’accroche pas trop et ne gêne pas vos mouvements.
Surtout ne perdez pas de vue votre sanctification. C’est là un point très important et que l’on est tout naturellement entraîné à laisser de côté, quand on est supérieur, tant les affaires absorbent. Je ne veux pas que ma fille tombe dans un pareil défaut. Il faut qu’elle remplisse parfaitement ses devoirs de supérieure et plus parfaitement encore ses devoirs de sainte religieuse assomptiade. Je prie beaucoup à cette intention et je dirai la messe pour vous jeudi prochain. Mille souvenirs à Soeur M.-Thérèse. Je la remercie de me vouloir à B[ordeau]x. Il est impossible que si elle le veut bien, je n’y aille pas. Ainsi c’est son affaire.
Adieu, ma fille. Ecrivez-moi souvent, écrivez-moi peu, souvenez-vous que ce sera toujours à votre père que vous vous adresserez. Je suis tout vôtre, voilà ce que je puis vous dire, et toujours prêt à vous le prouver avec tout mon coeur.
E.D'ALZON.2. Soeur Marie-Marguerite.