DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.300

17 sep 1860 Lamalou VARIN_MADAME

Sa santé se fortifie et la retraite qu’il a prêchée ne l’a pas fatigué. – Le vide laissé par sa soeur est grand pour sa mère. – Il souffre plus de la douleur de cette dernière que de la sienne propre. – L’évêque de Montpellier vient de lui interdire de confesser dans le diocèse à cause de ses *excès de zèle*; or il ne s’est occupé que du Denier de Saint-Pierre et de l’adresse au Pape. – M. Dupont. – Nouvelles de Soeur Jeanne-Emmanuel. – Varia.

Informations générales
  • DR03_300
  • 1451
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.300
  • Orig.ms. ACR, AP 75; D'A., T.D. 40, n. 23, pp. 200-201.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU PAPE
    1 CONFESSEUR
    1 CURES D'EAUX
    1 DENIER DE SAINT-PIERRE
    1 JURIDICTION EPISCOPALE
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 VIE DE FAMILLE
    2 ALZON, AUGUSTINE D'
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 AMELIN, JOSEPH
    2 DUPONT, ETIENNE-GABRIEL
    2 PIE IX
    2 THIBAULT, CHARLES-THOMAS
    2 VARIN D'AINVELLE, AMEDEE
    2 VARIN d'AINVELLE, CECILE
    2 VARIN D'AINVELLE, JEANNE-EMMANUEL
    3 ALES
    3 LAMALOU-LES-BAINS
    3 MONTPELLIER
    3 PERPIGNAN
  • A Madame Varin d'Ainvelle
  • VARIN_MADAME
  • Lamalou, le 17 septembre 1860.
  • 17 sep 1860
  • Lamalou
La lettre

Madame,

J’arrive de Perpignan et je suis tout heureux de trouver une de vos lettres. Vous êtes bien bonne de tenir à savoir où en est ma santé. Vraiment, je suis étonné de la manière dont elle se fortifie. Je prêchais quatre fois par jour dans une chapelle assez fatigante, et pourtant je me trouve très vigoureux. Il me semble que mon mal a disparu à peu près, sauf le besoin de sommeil, qui, lorsque je ne me fatigue pas outre mesure, n’est pourtant pas trop exigeant. J’avais été extrêmement ébranlé à la fin de juillet et pendant le mois d’août, mais les bains me font un merveilleux effet.

Quelque affection que j’eusse pour ma soeur, il y a si longtemps que je ne vivais presque pas avec elle que sa perte me laisse un vide moins grand que chez ma pauvre mère, qui est toute brisée. Jamais elle ne s’en était séparée et voilà que, accablée d’infirmités, Dieu lui demande un sacrifice, qui pour elle devient chaque jour plus vif. Aussi avez-vous bien raison, Madame, de croire que je souffre plus de la douleur si grande, quoique si courageuse, de ma mère que de la mienne propre.

Je vous remercie de me parler un peu du Pape. J’ai eu le bonheur de souffrir un tout petit peu pour sa cause. L’évêque de Montpellier(1) vient de me défendre de confesser dans son diocèse, à cause des excès de zèle que, selon lui, je m’y suis permis. Or, je ne me suis occupé que du Denier de Saint- Pierre et de l’adresse au Souverain Pontife. Il ne faut pas trop vous troubler de certaines indifférences. Dieu fait son oeuvre comme il l’entend. Mais ce que vous me dites que la lâcheté des bons est le vrai crime est très vrai; la méchanceté des autres est leur châtiment.

Je savais que M. Dupont(2) avait demandé son changement, mais il m’avait demandé le secret jusqu’à solution de son affaire. Vous aurez Soeur Jeanne-Em[manuel] pour peu de jours. Je dois vous dire qu’il y a chez elle une transformation incroyable. Son caractère si anxieux s’apaise merveilleusement, et la supérieure générale m’en a parlé d’une manière qui m’est allée au coeur. Enfin, vous en jugerez.

Adieu, Madame. Je vous prie de me rappeler au souvenir de la mère abbesse, et je regrette que nous n’ayons pas essayé des bains de Lamalou pour Amédée(3). Ce que vous redoutez de son tempérament se serait fortifié ici.

Veuillez recevoir l’hommage de mon respectueux dévouement.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Mgr Thibault (1835-1861).
2. En février 1860, dans un rapport de M. Amelin, sous-préfet d'Alais, au préfet du Gard, il est question des manoeuvres de l'opposition pour "ramener M. Dupont" (*Pages d'Archives*, 2, p. 394).
3. Fils de Madame Varin. [La "mère abbesse" est Cécile, soeur d'Amédée - précision ne figurant pas dans l'édition, ajoutée le 12 novembre 2000].