DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.306

26 sep 1860 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Sa mère est estropiée pour le reste de ses jours, mais la foi ne l’abandonne pas. – On est sans nouvelles de son neveu. – Les dispositions du P. Brun. – Il a averti ce dernier d’avoir à respecter les supérieurs auprès de ses filles. – Qu’elle

Informations générales
  • DR03_306
  • 1458
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.306
  • Orig.ms. ACR, AD 1252; D'A., T.D. 22, n. 632, pp. 279-280.
Informations détaillées
  • 1 BLESSURES
    1 MISSION D'AUSTRALIE
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 QUESTION ROMAINE
    1 RUSE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SUPERIEUR
    1 VIE DE FAMILLE
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BERTHOMIEU, JOSEPH-AUGUSTIN
    2 BRUN, HENRI
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
    2 HAY, MARIE-BERNARD
    2 LAURENT, CHARLES
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 QUINN, JAMES
    3 BORDEAUX
    3 CASTELFIDARDO
    3 LONDRES
    3 PARIS
    3 ROME
    3 SEDAN
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 26 sept[embre] 1860.
  • 26 sep 1860
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Je vous remercie de toutes les bonnes choses que vous voulez bien me dire. Hélas! ma mère est estropiée pour le reste de ses jours. Le col du fémur est décidément cassé, et ce qu’elle souffre est incroyable. Sa foi, grâces à Dieu, ne l’abandonne pas. Elle me disait avant-hier, après avoir traité quelques affaires avec M. Bertomieux(5): « A présent je veux ne m’occuper que de la joie d’être jugée digne de souffrir ». Quant à Mme de Puységur, elle n’est préoccupée que de savoir comment renvoyer son fils à Rome, supposé qu’il soit dans les guides qui ont été faits prisonniers(1). Du reste, depuis le 7, on n’a aucune nouvelle de ce pauvre garçon.

Le P. Brun est parti cette nuit pour Paris(2). Dois-je vous dire qu’il m’a bien peu édifié et que je ne vois chez lui qu’un amour-propre blessé de ne plus commander? Pas autre chose. A quoi il faut peut-être ajouter un défaut absolu de compréhension pour tout ce qui ne passe pas par sa lunette. J’aime autant que vous donniez vos instructions à Soeur M.-Bernard sur ce point que de les lui donner moi-même. Comme ces temps derniers j’ai su que vous aviez été jugée assez sévèrement, je lui ai parlé à plusieurs reprises avec une vigoureuse énergie sur la manière dont il aurait à respecter les supérieurs auprès de vos filles, de façon que celles-ci n’ont, j’espère, rien à craindre et dans tous les cas auront beau jeu. Aussi je vous engagerai à demander à Soeur M.-B[ernard] de vous rendre compte de ses finocheries, qui par un certain côté ressemblent un peu à celles de Soeur M.-Em[manuel].

Je suis toujours tout prêt à aller passer un certain temps à Paris. Vous pouvez y compter et je m’arrange, à moins d’empêchements imprévus, pour y être vers le 15 janvier. Je pousserai le P. Laurent à accepter B[ordeau]x(3). Je crois que la station de Saint-Pierre est une des bonnes de la ville. Et si le P. Laurent a un peu réussi à Sedan, je ne doute pas qu’il n’ait grande facilité à prendre goût à ce genre de prédications.

Le P. Picard ne m’a rien écrit sur Mgr Quinn. Je pardonne ce pauvre garçon, à cause de sa santé, mais vous devriez bien lui faire entendre que, pour des affaires de cette espèce, je voudrais bien être averti à temps. Mgr Quinn a jugé inutile de m’écrire, et pourtant [il] a écrit au P. Brun qui l’avait questionné sur les motifs de sa dernière détermination. J’en ai conclu, pour Mgr Quinn, que c’est une bien pauvre tête; pour le P. Brun, que c’était manquer de la plus élémentaire convenance que de se mêler d’écrire comme il l’a fait, quand son supérieur était chargé de mener l’affaire(4).

Je sais que j’ai autre chose à vous dire, mais en ce moment cela m’échappe. Adieu, ma fille. Il me semble que je commence cette année classique, avec d’assez bonnes dispositions physiques et religieuses. Prions beaucoup le Saint-Esprit de nous souffler de bons sentiments, dans les intervalles que nous laissent les affaires.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Les troupes pontificales venaient d'être défaites le 18 septembre par les Piémontais à Castelfidardo. Les soldats du Pape s'étaient débandés, mais les volontaires autrichiens et français avaient opposé une vive résistance. Beaucoup d'entre eux avaient été faits prisonniers. Madame de Puységur se demande si son fils se trouve parmi ces derniers.
2. D'où il devait gagner Londres où il arriva le 5 octobre. Dans sa lettre du 7 octobre, il vanta au P. d'Alzon l'accueil reçu de la part des Religieuses de l'Assomption dont il remplaçait l'aumônier.
3. C'est-à-dire le Carême qu'on le sollicite de prêcher à Bordeaux.
4. Le P. d'Alzon attendait toujours une réponse à sa lettre à Mgr Quinn du 23 août. Sur les lettres du P. Brun à Mgr Quinn, voir *Lettre* 1428, note 3.
5. Il faut lire sans doute *Berthomieu*: voir *Lettre* 1415, ajout à la note 1 (note ajoutée le 4 janvier 2001).