DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.310

27 sep 1860 Nîmes MAC_NAMARA Marie-Marguerite ra

Il a dû hâter son retour à Nîmes. – Souffrances et dispositions édifiantes de sa mère. – La sainte voie de la souffrance. – Esprit de pénitence et de sacrifice. – Pour sanctifier ses enfants, elle doit devenir elle-même une sainte. – Largeur d’esprit nécessaire pour vivre en communauté. – Qu’elle fasse sa méditation comme elle l’entend, pourvu qu’elle garde les résolutions prises. – Qu’elle s’applique à sanctifier sa nouvelle maison.

Informations générales
  • DR03_310
  • 1461
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.310
  • Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 40, n. 13, pp. 340-342.
Informations détaillées
  • 1 BLESSURES
    1 EFFORT
    1 ESPRIT CHRETIEN DE L'ENSEIGNEMENT
    1 ESPRIT DE COMMUNAUTE
    1 ORAISON
    1 PENITENCES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 VERTU DE PENITENCE
    1 VICAIRE GENERAL
    1 VIE DE FAMILLE
    1 VIE DE SACRIFICE
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BALINCOURT, MARIE-ELISABETH DE
    2 BOUCARUT, JEAN-LOUIS
    2 COMBIE, JULIETTE
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 LILLEROY, BARONNE DE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    3 NIMES
  • A Soeur Marie-Marguerite Mac-Namara
  • MAC_NAMARA Marie-Marguerite ra
  • Nîmes, 27 sept[embre 18]60.
  • 27 sep 1860
  • Nîmes
La lettre

Ma bien chère fille,

Il faut vous répondre de Nîmes, où j’ai été obligé d’arriver huit jours plus tôt que je ne le pensais. L’évêque et l’autre grand-vicaire étaient absents, il fallait quelqu’un pour garder l’évêché. Puis ma pauvre mère a fait une chute, s’est cassé le col du fémur. La voilà estropiée pour toute sa vie. Priez pour elle. Elle est dans l’état le plus douloureux et en même temps le plus résigné. Elle me disait, après avoir réglé quelques affaires sérieuses: « à présent je ne veux plus que me livrer à la joie d’être jugée digne de souffrir », et depuis dix jours déjà elle souffrait mort et passion. Aussi votre lettre est-elle venue me chercher à Nîmes, où je suis depuis quelques jours.

Voilà la vie, mon enfant. Heureuse l’âme qui connaît cette sainte voie de la souffrance, qui s’y porte humblement et amoureusement! Quant à vous, je vous engage à continuer vos austérités jusqu’à la rentrée; puis si vous êtes fatiguée, vous les suspendrez un peu, mais l’essentiel est, il me semble, que vous portiez dans toutes vos actions un grand esprit de pénitence et de sacrifice. Cherchez à le communiquer à vos enfants; appliquez-vous, autant que vous le pourrez, à en faire des saintes. Je voudrais que la Congrégation de l’Assomption fût celle qui donnât à Notre-Seigneur le plus d’âmes entièrement dévouées à son service, dans toute la perfection qu’il peut désirer. Pour cela il importe que la maîtresse du pensionnat devienne, d’ici à quinze jours, une vraie sainte, qu’elle emploie chaque battement de son coeur à augmenter en elle l’amour de Notre-Seigneur, et à s’appliquer à vivre en tout et partout de sa vie.

Vous allez avoir le P. Laurent; profitez-en, mais je vous aurai probablement vue avant lui. Il faut que je trouve très positivement un changement en bien. Je crois que vous pouvez ne pas vous inquiéter de vos rêves désagréables, mais vous pourrez en parler pour vous humilier.

Vous êtes une petite jalouse, vous voulez tout pour vous; ce n’est pas bien. En vie de communauté, il faut avoir l’esprit un peu plus large. Non, vous ne m’ennuyez point; bien au contraire, votre confiance me touche très profondément. Mais il ne faut pas qu’elle soit égoïste. Allons, allons, chère petite, élevons nos coeurs et tournons-les bien du côté du ciel.

Faites votre méditation comme vous le voudrez, pourvu que le soir vous pussiez vous rendre le témoignage que vous êtes plus religieuse et que vous avez tenu quelques résolutions pratiques du matin. Voilà que la grand’mère de Soeur M.-Elisabeth me demande, je vous quitte et vous prie de faire tous vos efforts pour sanctifier votre nouvelle maison par toutes les vertus qui feront que Notre-Seigneur y sera mieux que partout ailleurs. Ah! si nous n’étions préoccupés que de faire trouver à notre bon maître qu’il est on ne peut mieux chez nous!

Adieu. J’écrirai demain à votre petite mère. J’ai vu très longuement sa soeur tout à l’heure.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum