DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.312

28 sep 1860 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

La situation des Pères Cusse et Brun. – Ses intentions vis-à-vis de Mgr Quinn et de la mission d’Australie. – Il s’est séparé en meilleurs termes du P. Cusse que du P. Brun. – Puisqu’ils partent, tant vaut qu’ils partent contents. – Nouvelles de religieuses. – Jean de Puységur est prisonnier.

Informations générales
  • DR03_312
  • 1463
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.312
  • Orig.ms. ACR, AD 1255; D'A., T.D. 22, n. 634, p. 282.
Informations détaillées
  • 1 MISSION D'AUSTRALIE
    1 QUESTION ROMAINE
    2 BALINCOURT, MARIE-ELISABETH DE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 BRUN, HENRI
    2 COMMARQUE, MARIE-THERESE DE
    2 CUSSE, RENE
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 MAC NAMARA, MARIE-MARGUERITE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
    2 QUINN, JAMES
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 VARIN D'AINVELLE, JEANNE-EMMANUEL
    3 AUSTRALIE
    3 BORDEAUX
    3 BRISBANE
    3 LONDRES
    3 PARIS
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 28 sept[embre] 1860.
  • 28 sep 1860
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Le P. Cusse part pour Paris. Ma chère fille, je tiens à vous expliquer la situation qu’il a, ainsi que le P. Brun. Celui-ci s’était fourré dans la négociation avec Mgr Quinn, sans que je l’y eusse autorisé, mais il faut s’attendre à tout procédé de sa part. Les Pères Galabert, Hippolyte et autres me conjuraient de ne pas les laisser à Nîmes, à cause de leur mauvais esprit, de les envoyer à Londres; mais c’était du provisoire. Voici à quoi, sur les instances du P. Cusse, je m’arrête. Je les laisse partir. (Il paraît que Mgr Quinn a des fonds.) Ils ne vont que deux. Je les risque et je n’envoie des religieux plus tard que quand Mgr Quinn aura érigé par acte synodal la Congrégation dans le diocèse de Brisbane. S’il ne l’érige pas, ou les deux missionnaires reviendront ou ils resteront, peu importe; s’il l’érige, nous aurons notre existence indépendante et assurée dans ce pays. Dans ce cas, au bout de deux ou trois ans, l’un des deux reviendra me rendre compte et nous verrons ce qu’il y aura à faire(1). Il me semble que par ce moyen le problème est résolu. Deux religieux à tête vive sont écartés(2) et ce qu’ils feront ne peut nuire à la Congrégation, au contraire, peut leur être utile.

Je me suis séparé du P. Brun en des termes très froids(3), du P. Cusse beaucoup mieux, parce que, malgré sa mauvaise tête, au fond le coeur est bon. Usez de ces indications soit avec le P. Picard, soit avec les deux missionnaires, comme vous l’entendrez(4). Puisqu’ils partent, tant vaut qu’ils partent contents.

Tout vôtre et du fond du coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
J'ai reçu de bien bonnes lettres de B[ordeau]x. Soeur M.-Thérèse me dit que Soeur M.-Marguerite est toute renouvelée. Les voyageuses(5) sont arrivées hier soir. Si Soeur M.-Augustine persévère, ce sera à merveille. Vous ai-je dit que Jean de Puységur était prisonnier?1. Avant même d'avoir repris contact avec Mgr Quinn, le P. d'Alzon a résolu de laisser partir les PP. Brun et Cusse. Voici comment, sur une feuille volante, datée du *27 septembre 1860* et signée par lui, il résume les conditions auxquelles il les laisse partir: "Mission de Brisbane. Il a été convenu que je laisse partir pour Brisbane le P. Brun et le P. Cusse et que je ne leur enverrai d'autres religieux que lorsqu'ils m'enverront d'Australie un acte de Mgr Quinn, épiscopal ou synodal, par lequel celui-ci érige en congrégation dans son diocèse les religieux de l'Assomption."
2. Les T.D. ont lu *matés*.
3. Le P. Brun était du groupe des quatre premiers profès de la congrégation. Lorsque le P. d'Alzon eut prononcé ses voeux en la nuit de Noël 1850, il avait été le premier à émettre les siens entre les mains du fondateur. On ne peut se défendre d'un sentiment de tristesse à voir où en sont, dix ans plus tard, leurs relations. Dans son Registre, vers la fin de novembre, le P. Brun écrira: "A partir de mon arrivée à Londres, ma correspondance avec le P. d'Alzon a repris son caractère d'autrefois, c'est-à-dire qu'il y a eu de ma part plus d'abandon, plus de marques extérieures de confiance et, de la part de mon Supérieur, la même bienveillance que par le passé, toutefois avec un peu plus de réserve." (OT 242, p. 20).
4. Mère M.-Eugénie approuva sans aucune réserve cet arrangement (lettre du 1er octobre).
5. Les Soeurs Jeanne-Emmanuel et M.-Elisabeth, arrivées d'Auteuil à Nîmes.