DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.316

2 oct 1860 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Ce que souffre sa mère est indicible. – Mme de Puységur est sur les dents et son père s’affaisse tous les jours: *Fiat*… – Le P. Cusse et le P. Brun. – Le logement des religieux à Paris. – La santé du P. Picard. – L’attitude des troupes pontificales indigènes et celle des populations. – Propos du général Cialdini.

Informations générales
  • DR03_316
  • 1467
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.316
  • Orig.ms. ACR, AD 1256; D'A., T.D. 22, n. 636, p. 283.
Informations détaillées
  • 1 ARMEE PONTIFICALE
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 EXTREME ONCTION
    1 MALADIES
    1 MISSION D'AUSTRALIE
    1 QUESTION ROMAINE
    1 REMEDES
    1 RESIDENCES
    1 VIE DE FAMILLE
    2 ALZON, AUGUSTINE D'
    2 ALZON, HENRI D'
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BRUN, HENRI
    2 CIALDINI, ENRICO
    2 CUSSE, RENE
    2 MAURAIN, JEAN
    2 MILLERET, LOUIS
    2 NAPOLEON III
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    3 CHAMBERY
    3 MONTPELLIER
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 2 octobre 1860.
  • 2 oct 1860
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
  • *Madame*
    *Madame la supérieure g[énéra]le de l'Assomption*
    *Auteuil par Paris*.
La lettre

Ma bien chère fille,

Je vous conjure de faire prier pour ma pauvre mère. Ce qu’elle souffre est indicible. La fracture n’est qu’une complication de ses maux. C’est, je crois, ce qu’on appelle une péritonite aiguë. Pas un moment de soulagement, sauf sous l’influence de l’opium. Je pense qu’on l’administrera demain ou après-demain. Je suis allé passer quelques heures à Montpellier et j’en arrive. Mme de Puységur est sur les dents: mon pauvre père qui s’affaisse tous les jours. Voilà où nous en sommes. Il faut dire fiat et se sanctifier. J’aperçois déjà ma pauvre mère prenant place à côté des restes de ma soeur. Voilà la vie. Ah! qu’on est fou de vouloir autre chose que Dieu!

Le P. Cusse est en effet bien mieux(1) que le P. Brun, mais l’essentiel est que tous les deux partent. Si, comme j’y vois de l’avantage, on peut loger nos religieux dans la maison de M. votre frère, je serais bien aise de savoir quand, afin de donner l’autorité au P. Picard. Mais d’autre part est-ce utile, si celui-ci est souffrant(2)? Que je voudrais le voir se rétablir! Est-ce sa poitrine, est-ce son estomac?

Les maux de l’Eglise me consternent, mais ne doivent pas étonner. Quand on a certains détails, ce que les troupes pontificales indigènes ont déployé de lâcheté dépasse toute idée; quant aux populations, c’est le plus complet aplatissement. Ajoutez que le g[énér]al Cialdini a dit au commandant des guides, dont mon neveu faisait partie, que s’il s’était avancé sur les terres du Saint-Père, c’est qu’à Chambéry l’empereur lui avait dit de se dépêcher de les envahir(3).

Adieu, ma fille. J’ai bien des choses à vous dire encore, mais je suis contraint de m’arrêter. Faites prier pour ma mère.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. Picard a trouvé le P. Cusse "bien mieux disposé", a écrit Mère M.-Eugénie le 1er septembre.
2. Le P. d'Alzon souhaite que les religieux de Paris se trouvent au plus vite réunis, et il songe à leur donner comme supérieur le P. Picard, mais la santé de ce dernier, à propos de laquelle Mère M.-Eugénie lui a confié ses inquiétudes, le fait hésiter.
3. Sur ces propos du général piémontais Cialdini, voir MAURAIN, p. 421.