DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.320

8 oct 1860 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Les souffrances et les dispositions de sa mère. – Le prieuré va bien. – Les tergiversations de Mme Varin et ses difficultés avec sa fille Isaure à propos de l’héritage paternel. – Le jardin du prieuré.

Informations générales
  • DR03_320
  • 1471
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.320
  • Orig.ms. ACR, AD 1257; D'A., T.D. 22, n. 637, p. 284.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 ACTIONS
    1 HERITAGES
    1 INDUSTRIE
    1 JARDINS
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BUHLER
    2 VARIN D'AINVELLE, JEANNE-EMMANUEL
    2 VARIN D'AINVELLE, MADAME J.-B.-FELIX
    3 AUTEUIL
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 8 octobre 1860.
  • 8 oct 1860
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Merci, ma chère fille, de votre bonne lettre. Je suis revenu ce matin de Montpellier. A la crise de douleur a succédé la crise d’affaissement, que les médecins redoutent presque autant, peut-être plus, mais enfin les cris sont moins continus. Ma pauvre mère n’a à la bouche que ces mots: Que votre volonté soit faite! Sa tête est parfaitement libre, mais quel état! Et si elle guérit, quelle vie! Enfin, Dieu sait pourquoi il la fait souffrir.

Votre petit prieuré va bien. Seulement Mme Varin me dit une chose et une autre à sa fille(1). Ce qu’elle m’avait offert était très raisonnable. Ce traité ou bail à ferme de 20 ans me semble absurde. Isaure a dû vous écrire d’après quelques notes que je lui donnai. Il me paraît que les actions des usines de fer sont très bas en ce moment, mais se relèveront, et qu’alors si Isaure les prend pour son compte, elle y trouvera un véritable avantage. J’entends tellement dire autour de moi que la crise de l’industrie du fer, très réelle en effet, n’est que momentanée, que je ne vois pas la nécessité de s’effrayer. D’autre part, Mme Varin m’avait dit qu’elle allait vendre un four à chaux estimé 60.000 francs et qu’elle [en] donnerait le prix à sa fille. A présent ce n’est plus cela, elle garde cette propriété pour elle. Voilà pourquoi la pauvre Isaure est si embrouillée, c’est que sa mère s’explique avec elle tout autrement qu’avec moi. Isaure lui ayant dit que s’il n’y avait pas moyen de s’entendre, elle prendrait ce qui lui revient de son père, celle-ci a poussé des cris d’aigle.

Faut-il toujours faire venir Bühler(2) pour le jardin du prieuré? C’est, je crois, le moment. Adieu, ma fille. Je n’ai guère la tête à moi et je ne sais pourquoi je vous parle jardin, quand j’aurais tant d’autres choses à vous dire. Je n’y vois plus.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Isaure Varin d'Ainvelle, devenue Soeur Jeanne-Emmanuel, qui se trouve à Nîmes en ce moment. Il s'agit ici de l'attitude de Mme Varin vis-à-vis de sa fille à propos de la part de l'héritage paternel qui revient à cette dernière.
2. M. Bühler avait été l'homme de confiance des Religieuses de l'Assomption pour l'aménagement de la Thuilerie, acquise en 1855, et qui devint leur monastère d'Auteuil.