DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.321

11 oct 1860 Montpellier MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il ne sait s’il doit prier pour obtenir une prompte délivrance de sa mère. – Il viendra coucher à Montpellier tous les jours. – L’attitude de Mme Varin, en ce qui regarde les biens de sa fille, est étonnante, mais il faut éviter d’exciter cette dernière contre elle. – Varia. – Le P. Laurent prend très bien l’annonce qu’il lui a faite qu’il ne serait plus supérieur.

Informations générales
  • DR03_321
  • 1473
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.321
  • Orig.ms. ACR, AD 1258; D'A., T.D. 22, n. 638, pp. 285-286.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 HERITAGES
    1 MALADES
    1 MINES
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BATIGNE, JEAN-PIERRE
    2 CHABOT, JEANNE DE
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
    2 LAURENT, CHARLES
    2 ROZET, FRANCOISE-MARIE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 VARIN D'AINVELLE, JEANNE-EMMANUEL
    2 VARIN D'AINVELLE, MADAME J.-B.-FELIX
    3 BESSEGES
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Montpellier], 11 octobre 1860.
  • 11 oct 1860
  • Montpellier
La lettre

Merci de votre bonne lettre, ma chère fille, elle m’est allée au plus profond du coeur(1). Je suis depuis quelques heures à Montpellier et je ne sais si je dois réciter les prières des agonisants pour obtenir que ma pauvre mère soit plus tôt délivrée. Les seules paroles qu’elle prononce sont pour obtenir que Dieu ait pitié d’elle et faire tous les sacrifices qui lui sont demandés. L’intelligence ne lui semble conservée que pour cela. A l’instant où je vous écris, je l’entends pousser des cris déchirants. Ah! que Dieu la purifie avant qu’elle ne paraisse devant lui! Je vais venir coucher ici tous les jours, car c’est à 4 heures du matin que sont les crises les plus violentes, et si elle doit nous quitter avant peu, ce sera vers cette heure qu’elle rendra le dernier soupir, mais je tiens à être à Nîmes autant que possible tous les jours.

Mme Varin me semble un peu étonnante, et il ne faut pas trop exciter Isaure contre elle. La pauvre enfant sent avec vivacité le procédé de sa mère. Elle lui enverra la lettre que vous avez chargé le P. Hippolyte de me faire lire et que je trouve trop condescendante en ce sens que, réellement, en [ne] donnant que 8.000 francs par an, c’est trop peu. Notez que Mme Varin n’a rien à démêler avec les fers de Bessèges et que tout son intérêt est dans les mines, qui, dit-on, vont à merveille. Ainsi il faut retirer ce que je vous ai dit là-dessus dans ma lettre précédente. Si on laisse faire Isaure, elle réclamera tout ce qui lui revient, et elle l’a déjà réclamé, ce qui lui a fait dire des paroles fort dures pour sa mère. Je vous donne ces détails au cas où elle ne vous les aurait pas mandés. J’avoue que tout en accordant que les religieuses soient larges avec leurs familles, je ne puis comprendre qu’on veuille les dépouiller ainsi, parce qu’il s’agit de donner à Dieu.

Voici quelques lignes pour Camille qui m’a écrit une bien bonne lettre. Jeanne de Chabot ne va plus à Auteuil, parce qu’elle croit Soeur M.-Emmanuel fâchée contre elle; elle lui a écrit trois fois, et celle-ci ne lui a jamais répondu ni fait dire un mot.

Adieu, ma fille. Tout vôtre de tout coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Je suis bien aise de voir le P. Laurent prendre si bien le mot que je lui ai écrit, pour lui annoncer que plus tard il ne serait plus supérieur. Peut-être faut-il attendre au printemps pour louer ou vendre le restant de Clichy.|Batigue sort à l'instant et trouve, depuis ce matin, une diminution sensible dans le pouls.1. Mère M.-Eugénie avait écrit le 8 octobre: "Dans ce moment où vous perdez l'affection la meilleure et la plus tendre que tout homme trouve en ce monde, je demande aussi à Dieu de donner à la mienne quelque chose de ce qu'il vous retire; et il me semble que je sens trop à l'heure présente ce que vous devez sentir pour ne pas vous être meilleure désormais si je le puis et hériter un peu de la générosité du coeur sur lequel vous ne pourrez plus compter ici-bas quoique d'un monde meilleur il ne doive pas cesser de veiller sur vous."