- DR03_326
- 1478
- DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.326
- Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 35, n. 17, pp. 33-34.
- 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
1 DIRECTION SPIRITUELLE
1 ENERGIE
1 FOI
1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
1 SUPERIEURE
2 ALZON, MADAME HENRI D'
2 MAC NAMARA, MARIE-MARGUERITE
2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
2 PAUL, SAINT
3 BORDEAUX - A Soeur Marie-Catherine Combié
- COMBIE_MARIE-Catherine ra
- 18 oct[obre 18]60.
- 18 oct 1860
Ma bien chère enfant,
Vous êtes bien bonne de m’écrire comme vous le faites, et je ne puis vous dire tout le bien que me font vos paroles. Ah! vous êtes bien ma fille, et il me semble que nous nous ressemblons un peu. Je ne veux point vous charger du poids de ma croix, que la foi, du reste, me rend plus douce qu’on ne le pense. Car enfin ma mère est morte comme une sainte, et tant d’âmes prient pour elle. Pourquoi être jaloux du bonheur qu’elle goûte ou qu’elle goûtera bientôt?
Quoique surchargé de lettres, je veux répondre deux mots à votre avant-dernière. Quand vous serez découragée, venez vous faire porter, et, s’il le fallait, je ferais le voyage à Bordeaux, – comme après tout je compte le faire sous peu, – pour aller remonter votre courage. J’admets que vous êtes incapable d’être supérieure. Qui en est capable? Figurez-vous que, comme je vous connais, vous l’êtes encore plus qu’une foule d’autres. Pourvu que vous ne vous découragiez pas, tout ira bien. Je doute que l’on soit mécontent de vous, mais saint Paul lui-même plaisait-il à tout le monde et ne se vantait-il pas de déplaire à plusieurs? Ainsi pas de tristesse, mais de la confiance. Ah! comme ma chère enfant peut devenir une sainte! Je vais envoyer très souvent mon bon ange à Bordeaux aider le vôtre à vous remonter le coeur. Vous êtes dans la voie où se forment les saintes, voulez-vous en sortir? Ecrivez-moi souvent. J’ai plus de temps que votre Mère générale. Surtout pour vous j’en aurai toujours. Donnez-moi des détails sur vos ennuis, sur vos succès. Quand vous n’aurez pas le temps, faites-les moi conter par Soeur M.-Marguerite, et puis vous ajouterez un petit mot pour me dire que ma fille se sent bien incapable, qu’elle a besoin qu’on l’aide par un peu d’affection et une bonne parole du bon Dieu, et je vous écrirai avec tout mon coeur. Mon enfant, je vous en prie, soyez ce que je m’étais figuré que vous devez être, une sainte dans toute la force du terme.
Si vous mourez avant moi(1), ce qui n’est pas probable cependant, il faut que je puisse avoir de vos reliques. En attendant, donnez-moi la joie de voir ma fille, vraie religieuse, se défier d’elle-même sans doute, mais se confier sans réserve par la foi et l’amour à son divin époux.
Adieu. je ne puis vous dire combien je suis vôtre.
E.D'ALZON.