DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.340

7 nov 1860 Lavagnac MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il ne dispose pas du capital qu’il faudrait pouvoir consacrer à Paris et ne croit pas pouvoir en disposer avant trois ans, si l’on veut que Nîmes ne périsse pas. – La question est de savoir si la chute de Nîmes ne porterait pas un coup mortel à la congrégation. – Il faut qu’il fasse une bonne vente, et cela ne peut se faire dans l’immédiat. – Les exigences de son père empêchent un rapide arrangement avec Mme de Puységur.

Informations générales
  • DR03_340
  • 1493
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.340
  • Orig.ms. ACR, AD 1264; D'A., T.D. 22, n. 644, pp. 290-291.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE CLICHY
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 GESTION FONCIERE
    1 RESIDENCES
    1 SUCCESSIONS
    2 ALZON, HENRI D'
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    3 BORDEAUX
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 LAVAGNAC
    3 MONTAGNAC
    3 MONTMAU
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 VIGAN, LE
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Lavagnac, 7 nov[embre] 1860.
  • 7 nov 1860
  • Lavagnac
La lettre

Ma bien chère fille,

Je suis tout à fait de votre avis. Il faudrait pouvoir consacrer un capital à Paris(1), mais en ce moment cela est impossible, et je ne crois guère pouvoir disposer d’une somme avant trois ans, si nous voulons que Nîmes ne meure pas. Reste à savoir s’il faut laisser périr Nîmes. Vous-même n’aviez pas prévu l’effet que produirait la fermeture de Clichy(2). Il ne s’agit donc pas de savoir si j’ai mis 350.000 francs à Nîmes, mais si Nîmes doit durer, ou si le mauvais effet causé par sa chute ne porterait pas un coup mortel à la Congrégation. Cela posé et Mme de Puységur ne voulant pas me donner de l’argent par la vente de ses terres du Bordelais, il faut nécessairement que je ne fasse pas une trop mauvaise vente. Or au Vigan les terres sont à la baisse, et ici les terres qui augmentent prodigieusement de valeur ne sont estimées que quand elles sont plantées en vignes. Alors dans certains endroits on les vend jusqu’à 20.000 francs l’hectare. Si dans quelques années je puis me débarrasser de Montmau(3) à un prix sinon pareil au moins approchant, il ne faut donc pas songer à vendre tout de suite.

Mon pauvre père nous fait toutes sortes de difficultés en se perdant dans les détails. Par le fait il n’avait que 3.000 francs à lui; il réclame un règlement de compte d’administration, et ne veut pas accepter une pension de 10.000 francs, l’habitation de Lavagnac, l’entretien, sa nourriture et [celle] de son valet de chambre, plus 50.000 francs dont il disposera après sa mort, plus une vingtaine de mille francs pour les sept premiers mois de l’ouverture de la succession, plus 8.000 francs, d’autres choses plus, plus. C’est à n’en pas finir. Nous lui offrons tout cela, et il veut entrer dans une foule de détails qui nous font perdre la tête, et arrêtent notre arrangement avec Mme de P[uységur] qui sera[it] bâclé en deux heures.

Excusez-moi si je ne vous parle pas aujourd’hui de Notre-Seigneur, je suis dans les écus. Impossible de partir avant le 21. Si vous me voulez, je puis être le 22 ou le 23 à Paris.

Adieu et tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Dans une lettre du 4 novembre, Mère M.-Eugénie avait expliqué au P. d'Alzon qu'en supposant même la vente de Clichy conclue, on ne disposerait pas immédiatement de l'argent qu'on en aurait tiré et qu'il faudrait s'engager à nouveau dans la voie des emprunts et des dettes. Aussi, avait-elle conclu: "Si donc, comme je ferais à votre place, vous désirez une maison bien située, il serait désirable d'y mettre quelque chose de votre capital en commençant. Placé ainsi ce capital doublera en quelques années."
2. Le P. d'Alzon songe sans doute au fâcheux effet produit à l'archevêché par la fermeture du collège de Clichy.
3. La propriété de Montmau se trouve dans la commune de Saint-Pons-de-Mauchiens, canton de Montagnac (Hérault).